TERRIENNE (édité)

Chapitre 1

Tout le monde court dans tous les sens à bord du vaisseau. Les techniciens, dirigés par mon paternel, s'affairent aux commandes. Nous avons déjà pratiquement terminé de boucler nos valises et attendons les prochains ordres.

Notre arrivée sur Terre est imminente.

Par le hublot près duquel je suis installée, les étoiles, minuscules points brillant dans l'espace noir, scintillent. Cela fait un mois que nous voyons ce paysage jour après jour, et d'une certaine manière, il m'apaise. J'aime me poster là et regarder l'infini s'étendre autour de moi. Je me sens si petite, là, et si prise au piège dans cet endroit qui me paraît minuscule à côté de l'univers.

Je me souviens encore de ces instants où je regardais les constellations en compagnie d'Ethan, sur Neuf. Toutes les nuits, nous nous retrouvions dehors, la tête levée vers le ciel.

Neuf. Mon cœur se serre lorsque je repense à la planète qui m'a abritée – qui nous a abrités – durant toutes ces années et que nous avons quittée il y a trente jours. La perspective de ne plus jamais la revoir m'attriste.

-Nous entrons dans une zone où il risque s'y avoir des turbulences. Veuillez rester assis dans vos sièges, annonce une voix à travers l'interphone.

Il s'agit de celle de mon père, à l'origine de cette expédition. C'est lui qui m'a forcée à venir, et je le déteste pour cela.

Mes doigts jouent avec mon pendentif. Je n'ai jamais su ce qu'il représente, et je doute de le savoir un jour. Ce doit être une créature imaginaire...

-Es-tu prête ?

La voix douce de ma mère me sort de mes pensées. Elle a dit exactement les mêmes mots que le jour de notre départ de Neuf, lorsqu'elle était venue me réveiller. Je ne l'ai pas entendue arriver ; elle est sur le siège en face du mien, un sourire sur les lèvres. Heureuse. Elle n'a pas été obligée de venir ici. Elle est partie car elle le voulait.

Je ne réponds pas et détourne mon regard vers l'extérieur. Je sais bien que mon comportement est futile, immature et inutile, qu'il est trop tard pour faire marche arrière, mais je m'en fiche. Je les déteste tous les deux de m'avoir embarquée dans cette histoire. Si je le pouvais, je prendrais les commandes du vaisseau et je ferais demi-tour immédiatement.

Non, mieux. Si je l'avais pu, je ne serais pas partie de Neuf.

En réalité, la seule chose qui me retient d'exploser, c'est Hunter, mon ami qui est venu avec moi. Je me souviens encore de la surprise qu'il m'avait fait lorsqu'il est arrivé dans le vaisseau juste avant qu'il ne démarre. C'est lui qui m'aide à tenir.

D'ailleurs, je le vois du coin de l'œil discuter avec un autre passager. Ils rient d'une blague qu'un technicien a dit il y a une poignée de secondes. Le brun n'a pas eu beaucoup de mal à se faire aimer de tous. Il suffit à chaque fois d'un sourire et c'est dans la poche. C'est sans doute comme cela qu'il a réussi à nous accompagner. Moi, je ne suis pas ainsi. Je ne cherche pas à me mêler aux autres ; je me contente d'esquisser un rictus poli et de répondre sans cracher lorsqu'on me parle.

+++

Au bout d'une heure après l'annonce de mon paternel, rien ne s'est produit, et je commence à me dire que tout va bien se passer – du moins jusqu'à notre arrivée sur le sol. Soudain, le paysage change : le sombre décor laisse place à un gris plus clair que le ciel de Neuf, sans doute éclairé par l'étoile de la galaxie. « Le Soleil », m'a appris ma mère. Il s'agit d'une boule de feu immense, qui pourrait nous faire fondre si on s'en approchait trop.

L'allure du vaisseau ralentit immédiatement, me projetant en avant. Je me retiens aux accoudoirs du mieux que je peux alors que l'engin se secoue. Tout le monde se regroupe dans la salle commune où je me trouve. Le véhicule s'ébranle à nouveau et plusieurs personnes perdent l'équilibre tandis que je me maintiens à mon siège.