TERRIENNE (édité)

Chapitre 15

Jour 100.

Quelqu'un saute sur le matelas de mon lit, me réveillant en sursaut. Une tresse châtain est près de moi lorsque j'ouvre les yeux, et j'entends un « joyeuse seizième anniversaire ! » juste à côté de mon oreille.

Je grogne et me tourne sur le côté pour me rendormir, mais des mains prennent la couette qui me tient chaud et tirent dessus, si bien que je me retrouve en pyjama, congelée, exposée directement à la lumière de la pièce.

-Clo ! marmonné-je en me frottant les yeux.

Elle commence à rire, accompagnée de quelqu'un d'autre que je devine comme étant le rire de Xyla. Je pose les paumes de chaque côté de mes jambes, assise sur mon lit, les paupières fermées pour habituer doucement mes yeux à la lumière vive.

Quelqu'un toque doucement à la porte et entre. C'est Étamine, le visage sévère, les bras croisés.

-Tu as cinq minutes pour te préparer, me dit-elle. Et pas de question.

Je ne sais pas si c'est la curiosité ou sa voix autoritaire qui me fait me lever d'un bond pour me précipiter vers la salle d'eau, mais cinq minutes pile après, je suis prête, vêtue de vêtements trop larges et sombres, les cheveux relevés en une queue-de-cheval. Sans un mot, mon Entraîneur me fait sortir du dortoir.

Le couloir est désert, et je me risque à poser une question.

-Ce n'est pas pour m'entraîner que tu es venue me chercher, n'est-ce pas ?

Je connais déjà la réponse. D'habitude, je me rends au réfectoire seule, et là-bas, je retrouve Étamine qui m'emmène me battre ou autre. Jamais elle n'est venue me chercher à mon dortoir, et je ne peux m'empêcher de penser que cela a un lien avec mes seize années.

-Effectivement, répond-t-elle après un long silence. Comme tu le sais sûrement, le jour de notre seizième anniversaire est un jour spécial. Tu vas devoir remplir des papiers, avoir un tatouage et une carte spéciale remise par les Autorités. Ensuite, tu verras tes parents durant un temps limité.

Je hoche la tête tandis que nous continuons de déambuler dans les couloirs sombre qui me sont maintenant familiers.

Étamine pousse une porte lourde et nous entrons dans une pièce que je semble avoir déjà vue. Il me faut quelques secondes pour me rappeler que c'est dans cette même pièce que j'ai connu mon Entraîneur, le jour de mon arrivée au Parcours. Une bouffée de nostalgie m'envahit alors que je repense à tout ce qui m'est arrivé depuis ce jour.

La salle est cette fois-ci meublée d'une table et de quatre chaises noires, disposées au centre de la pièce. Sur deux d'entre elles, sont assis deux hommes d'un certain âge, habillés de la même façon : pantalon gris sombre, chemise cintrée, veste dans les mêmes tons que le bas. J'en déduis que ce sont des représentants des Autorités.

Il se lèvent d'un même mouvement et l'un d'eux s'avance vers moi pour me serrer la main. Sa poigne est franche.

-Brume Jewells, je présume, annonce-t-il. Assieds-toi.

Il me montre une chaise à l'autre bout de la table et je m'y installe. Étamine prend place à mes côtés, face aux deux hommes. Je remarque qu'il y a devant eux une pile de documents reliés par une feuille bleue. Mon nom est inscrit en noir et en gros dessus.

L'homme qui m'a adressé la parole s'éclaircit la voix en ouvrant le dossier.

-Bien. Tu as donc aujourd'hui seize ans, n'est-ce pas ?