TERRIENNE (édité)

Chapitre 22

La lumière qui s'allume dans la pièce me réveille brusquement. Un poids s'installe à mes côtés, faisant s'affaisser le matelas, et une main douce caresse mes cheveux. Je reconnais l'odeur de ma mère, si réconfortante et rassurante.

-Brume, murmure-t-elle, il faut se réveiller.

Cela me rappelle avant, lorsque j'allais encore à l'école, que je vivais chez moi, avant que j'aille au Parcours. Elle me réveillait toujours de cette manière,doucement pour ne pas me brusquer.

J'ouvre péniblement mes paupières, passant ma main devant ma figure pour me protéger de la lumière encore trop vive.

-C'est le grand jour, poursuit-elle avec un sourire aux lèvres. Tu es prête à partir ?

Je voudrais lui répondre que non, je ne suis pas prête, que je ne veux pas partir d'ici, vivre ailleurs, que je veux rester ici, avec cette vie qui me convient tout à fait. J'aimerais lui demander pourquoi maintenant,pourquoi ne pas partir lorsque j'aurai fini mon Parcours, que j'aurai vingt-deux ans. Pourquoi s'en aller alors que tout allait si bien ?J'avais enfin réussi à devenir ce que j'avais toujours voulu devenir, à me faire des amis, je me battais, remboursais mes parents. J'avais enfin un but dans ma vie, et ce départ est venu tout changer.

Il y a toujours un moment où ça foire.

Je me redresse dans mon lit en me frottant les yeux. Les bleus de la nuit dernière se font ressentir, et j'espère que personne ne remarquera rien.

-Nous partons bientôt, me rappelle ma mère. Il vaut mieux que tu te lèves et te prépares maintenant si tu veux pouvoir dire au revoir à tes amis. Ils sont au réfectoire.

Elle quitte la pièce quelques instants après, me laissant seule dans la pièce blanche et froide.

Je finis par m'habiller en essayant de ne pas songer que c'est la dernière fois que je vois cet endroit et je rejoins les autres. Avant de refermer la porte du dortoir pour la dernière fois, je songe à la première fois où je suis entrée ici. Il me semble qu'une décennie s'est passée depuis. Les gonds grincent lorsque je presse la poignée dans ma main tandis que je jette un dernier coup d'œil à cet endroit, comme si je voulais m'en rappeler chaque détail.

A la cafétéria, je prends place à côté de Clo, mais je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Mon estomac est noué, et je commence à avoir la nausée.

-Alors, commence finalement la fille châtain à la fin du repas, c'est le moment des adieux ?

Je jette un coup d'œil derrière son épaule. Mon père, ma valise en main, me fait signe de me dépêcher. Mon attention se reporte vers Clo, qui me prend dans ses bras, suivie de Xyla. J'ai horreur des au revoir.

Hunter et Ethan sont introuvables. Je n'ai pas revu le blond depuis ce qui s'est passé hier soir, et je n'ai pas pu m'excuser de mon attitude envers lui, ce que je regrette. Quant à Hunter, je ne sais vraiment pas où il peut être.

-Brume, on y va !

La voix grave de mon père se fait pressante maintenant, et je sais que je dois partir.J'adresse un dernier sourire aux deux filles, les larmes aux yeux.Mais je m'interdis de pleurer. S'il y a bien une chose que je retiens de mon Entraînement ici, c'est qu'il ne faut jamais laisser ses émotions nous dominer.

-Dites... Dites à Ethan que je suis désolée. Il comprendra, glissé-je avant de m'éloigner.

C'est le dernier mot que je prononce alors que l'on m'entraîne dans un véhicule foncé aux vitres teintées.

Je n'ai même pas pu dire au revoir à Étamine.

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