Chapitre 15

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Lorsque le baiser prend fin, je baisse instinctivement les yeux au sol, ne sachant pas où les poser. Mes joues me brûlent, à présent, et je ne peux pas me résoudre à regarder Noam dans les yeux. Ce que nous avons fait est totalement interdit, sur Neuf.

Mes mains se mettent à trembler, et Noam presse sa paume contre la mienne.

-Brume  ? murmure-t-il d'une voix douce. Tout va bien  ?

Je hoche la tête avec difficulté. La scène me rappelle le soir de la fête du Parcours, quand Ethan a... violé les règles de notre société. En plus... différent. Ses lèvres sur les miennes...

Je ferme les yeux pour chasser les pensées qui m'assaillent. Je ne peux pas ressentir ça. Pas maintenant. Je suis trop jeune pour savoir ce que je veux vraiment. Et j'ai d'autres préoccupations à avoir que ça.

-Je suis désolé, souffle Noam, tout en essayant de capter mon regard. Peut-être que je n'aurais pas –

-Ne dis pas ça, le coupé-je brusquement en relevant la tête.

Ma réaction le surprend légèrement. J'esquisse un sourire gêné.

Il ne peut pas prononcer les mêmes mots qu'Ethan. Je ne peux pas le laisser faire. Parce qu'avec lui, c'est différent.

Je n'ai pas repoussé Noam, alors que j'ai rejeté Ethan avant de m'enfuir à jamais. Rien n'est pareil.

Je secoue la tête pour évacuer les pensées qui se chamboulent dans mon cerveau. Mon esprit se pose beaucoup trop de questions auxquelles je n'ai pas de réponse.

-Les gardes ont dû s'éloigner, maintenant. On devrait se mettre à la recherche des autres, dis-je pour changer de sujet.

A mon grand soulagement, Noam acquiesce sans protester. Je sors mon couteau et me glisse à l'extérieur de la petite grotte qui nous a servi d'abri, tout en regardant autour de moi. Je tends l'oreille, à l'affût du moindre bruit. Mais je n'entends rien, mise à part le souffle de ma respiration.

Prudemment, je jette un coup d'œil dehors. Le champ est libre. Mes pieds effleurent les pierres blanches qui forment le sol, et j'avance le plus discrètement possible, Noam dans mon dos. Mon couteau est relevé au niveau de mon visage, et mes yeux regardent partout, à la recherche d'un quelconque garde.

-Par où allons-nous  ? demandé-je à Noam une fois que je me suis assurée que personne ne rodait dans les alentours.

Il fait un tour sur lui-même, les sourcils froncés.

-On ne peut pas retourner sur nos pas, objecte-t-il en désignant du menton le sentier qui mène à la montagne que nous avons dévalé. Le terrain est trop pentu et glissant.

Je me retourne de l'autre côté.

-Les gardes sont partis par-là, dis-je en montrant le chemin près de la grotte. Ce serait trop risqué de suivre leurs traces.

Il ne nous reste qu'une solution  : suivre les débris de métal qui s'amoncellent à notre gauche. Repoussant mes cheveux derrière mon oreille, je me fraye un chemin entre les immenses carcasses. Mon regard est rivé à terre, ce qui n'est sans doute pas une très bonne idée  : un garde pourrait débarquer d'une seconde à l'autre et me prendre par surprise. Mais je ne peux faire pas faire autrement, au risque de tomber et de me blesser sur les tôles coupantes.

Au bout d'une centaine de mètres, je relève la tête, et ce que je vois me décourage. Le désert de débris n'en finit pas, il semble s'étendre à l'infini. Et si, au lieu de nous diriger vers Hunter, Trevis et Isabella, nous nous étions enfoncés dans le labyrinthe  ? Et si nous étions à l'opposée d'eux, en ce moment même  ?

TERRIENNE (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant