Chapitre 14

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Des gardes m'attendent lorsque je sors. Ils me font monter dans un véhicule aux portes noires et au toit blanc, qui démarre dès l'instant où je me suis assise. Quelques secondes après, un petit clic se fait entendre à mon oreille, signe que nous nous sommes connectés à la route.

Ici, sur Neuf, les véhicules roulent branchés à un câble automatique. Celui-ci règle la vitesse, il n'y a qu'à demander un itinéraire pour qu'il avance tout seul. Il paraît que ce n'était pas ainsi avant. Les Autorités ont mis en place ce système afin d'éviter un grand nombre d'accidents. Et cela fonctionne ! De mon vivant, je n'ai jamais entendu parler de cela, et le mot commence à tomber peu à peu dans l'oubli.

De la vitre près de laquelle je me trouve, je peux observer le paysage qui m'entoure. Il n'y a que des bâtiments en acier, matériau coûteux. Bienvenue dans les coins riches de Neuf ! Il n'y a que les Autorités et les gardes du Parcours qui vivent ici. C'est-à-dire peu de monde. Le reste de la population vit un peu partout sur la planète.

Bientôt, les immeubles autour de nous s'effacent pour nous faire entrer sur une route grise : la Route. Elle relit tous les endroits de Neuf jusqu'aux coins riches, jusqu'au Parcours.

Nous ne ressortons de la Route qu'un long moment après. Je sens que l'on approche de ma maison lorsque je commence à reconnaître les petites bâtisses grises, comme tout le reste des habitations de Neuf.

L'excitation me gagne. Plus que quelques instants et je reverrai mes parents ! Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que le véhicule tourne dans ma rue. Juste avant que je n'en sorte, un des gardes me retient.

-On vient te chercher dans cinq heures. Que tu aies fini de faire tes longs adieux déchirants d'une semaine – ou plus – à ta famille ou pas, m'annonce-t-il, une pointe d'ironie dans sa voix.

Je me retiens de lui rétorquer que lui aussi a été à ma place plus jeune, mais je me retiens et me contente de hocher la tête.

Le véhicule s'éloigne, me laissant seule devant chez moi, le cœur battant.

Je prends le temps d'observer l'extérieur de la maisonnette, mais rien ne me semble avoir changé en quinze jours. Un pas après l'autre, j'avance vers la porte. Ma main s'apprête à abaisser la poignée lorsque je m'arrête. Dois-je frapper avant d'entrer ?

Je secoue la tête : je suis chez moi, après tout. « Arrête de te prendre la tête et ouvre cette fichue porte, Brume.»

La porte s'ouvre sans bruit, et je pénètre dans le hall. Rien n'a changé ici. Le couloir est toujours sombre et petit, même si, après quinze jours dans les entrailles de Neuf, il me paraît un peu plus clair. Les manteaux de mes parents sont posés sur une chaise ancienne et cassée. Les deux ! Mon père est donc ici !

Des voix proviennent de la cuisine. Curieuse, je m'approche, pour découvrir ma mère qui sert de la bouillie dans trois bols. Mon père est assis sur une chaise à table. Je remarque presque immédiatement qu'ils sont en tenue de tous les jours, et je commence à me sentir ridicule dans ma robe blanche.

Je tire dessus pour la faire recouvrir le plus possible mes genoux.

Ils ne m'ont pas vue.

-Elle ne devrait pas tarder, maintenant, dit ma mère de sa voix douce qui m'avait manquée.

-Je suis là.

Je souris, un peu gênée, alors que ma mère se précipite pour me serrer dans ses bras. Elle me tient si fort que je peine à respirer, mais qu'importe. Lorsqu'elle me relâche, elle continue à me tenir par les bras et me détaille de haut en bas.

-Mon Dieu, Brume... Tu es magnifique. Tu as changé, c'est... Tu parais plus forte qu'avant, plus sûre de toi. Mais assieds-toi, assieds-toi !

Elle me guide jusqu'à une chaise, à la place que j'occupais avant de partir. Mon père me prend la main et la presse doucement en souriant. Chose qu'il n'a jamais fait auparavant.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now