TERRIENNE (édité)

Chapitre 14

A cause de mon escapade nocturne, je n'ai pu dormir seulement que deux heures. Il fait encore nuit lorsque je me prépare, après que Barks m'ait réveillée en me secouant par l'épaule. Elle m'a conseillé de ne prendre que quelques affaires, assurant que ce dont nous aurons besoin sera fourni là où nous serons logés. Alors, à présent, je marche dans les couloirs, Hunter à ma droite, attendant un convoi qui doit nous emmener jusqu'à la base spatiale.

-Est-ce que Beea vous a donné plus d'informations sur ce que l'on doit faire ? interrogé-je Barks au bout d'un moment de silence.

-Non. Je ne sais même pas quand vous rentrez. Tout ce qu'elle m'a dit, c'est que vous resteriez là-bas jusqu'à ce que l'on ait besoin de vous à nouveau pour les munitions.

Mon cœur s'emballe à ses paroles, alors que de nouvelles pensées paranoïaques s'immiscent dans mon esprit. Une petite voix au fond de moi se dit que Beea a découvert la vraie raison qui nous a menés jusqu'ici, à la résistance, et elle me fait paniquer encore une fois. Elle veut nous tenir à distance, c'est sûr. J'y avais pensé, déjà, hier, mais aujourd'hui, cela me semble clair et précis.

«  Et comment aurait-elle deviné ça, hein  ? Il n'y a pas d'espions au Parcours, personne n'est au courant du double-jeu auquel vous jouez  », siffle ma conscience, faisant s'éteindre par la même occasion la voix fluette qui s'étendait en moi.

Il faut que je me détende  ; mes muscles sont bandés tant je suis stressée, et ce n'est pas bon signe. Mais malgré moi, je ne peux empêcher ma jambe droite de tressauter sous l'effet de l'appréhension. Je croise le regard de Hunter, lui signifiant mon angoisse, et il me répond par un sourire rassurant.

Après ce qui me semble être une éternité, le Hatix sensé nous emmener à la base arrive, et nous montons à l'intérieur. Je jette un coup d'œil au chauffeur, mais il ne s'agit pas du garçon qui m'a aidée, cette nuit. Je ne connais même pas son nom, par ailleurs... Il faudrait que pense à le remercier, lorsque je reviendrai.

Les remerciements ont toujours été ma bête noire  ; avant, j'avais horreur que l'on m'aide, même lorsque cela était nécessaire. Alors je refusais tout service, me bornant à rester seule. Je ne saurais compter le nombre de fois où Ethan m'a reproché de ne jamais remercier quelqu'un, et l'expression mi-étonnée mi-moqueuse qu'il affichait les rares fois où je le faisais. C'était au tout début, à mon arrivée au Parcours. Un siècle semble s'être passé, depuis.

Rapidement, nous arrivons jusqu'à la base, et l'on nous fait discrètement monter dans le petit vaisseau qui se dirige vers Festa. La navette est différente de celle utilisée pour aller sur Terre. Plus petite, plus modeste, il n'y a que des rangées de sièges et une porte, donnant sûrement sur la salle des machines. Alors j'en déduis que le voyage ne sera pas très long.

Je n'ai jamais mis les pieds sur une autre planète du Système, ayant toujours vécu sur Neuf. Et à mon grand étonnement, l'appréhension et la peur de la supposée découverte de Beea laissent place à de l'excitation. Je vais enfin visiter d'autres planètes, voir comment elles sont  !

Dans mes livres d'école, il n'y avait pas beaucoup d'informations sur les autres astres du Système, ce qui me semble étrange, à présent. Je sais seulement reconnaître les différentes planètes et leur fonction, mais je ne saurais dire ce qu'elles contiennent.

Mon regard dévie vers le hublot. Lentement, le vaisseau se détache de Neuf et s'élève dans les airs, en même temps que l'adrénaline se répand dans mes veines. Qui sait, finalement, peut-être que ce voyage ne sera pas aussi pénible qu'il en a l'air  ?

Je sens la présence de Hunter à côté de moi, mais je ne parviens pas à détacher mes yeux du panorama. Lointaines, les couleurs des différentes planètes contrastent avec le noir de l'univers. Bien que j'aie déjà vu ce paysage auparavant, j'en reste scotchée. Ethan adorerait, j'en suis certaine. Lui qui aime regarder les étoiles apprécierait de les voir de plus près.