Chapitre 14

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Libres. Nous sommes enfin libres de cet endroit horrible. Un sourire s'étend sur mes lèvres, tandis que mon regard se fixe sur le ciel bleu, l'herbe verte, les prairies à perte de vue. Après ce cauchemar passé dans le Bunker, je suis presque heureuse de voir ce paysage que je hais tant et qui est l'exact opposé de ma planète. Un vol composé de cinq oiseaux passe, et étrangement, il me rappelle mon groupe. Cette pensée me fait sourire  ; nous nous en sommes sortis.

Les yeux fermés, je remercie mentalement Nathan, qui nous a grandement aidés.

Mais nous n'avons pas le temps de reprendre nos esprits que déjà, une voix bourrue se fait entendre.

-Ne bougez plus  ! Mettez vos mains bien en évidence et retournez-vous  !

Mon sang se glace dans mes veines et soudain, mes espoirs s'envolent à nouveau. Imitant les autres, je me tourne vers nos assaillants, qui ne sont autres que des gardes. Au nombre de six, ils pointent leurs armes sur nous.

Cela en deviendrait presque lassant. A chaque endroit où nous nous rendons, des gardes nous trouvent et cherchent à nous attraper. Et nous devons toujours fuir.

-Approchez-vous, ordonne l'un d'entre eux. Allez  !

Peu rassurée, je fais un pas en avant, guettant la réaction des autres. L'air tétanisé, Trevis regarde tout autour de lui. Je peux voir des larmes dans ses yeux, et je me mords la lèvre.

Cinq gardes se déploient autour de nous pour nous encercler, et nous menacent de leurs armes afin de nous faire avancer. A contre-cœur, je m'exécute.

Discrètement, je jette un nouveau coup d'œil aux autres. Le visage de Hunter est fermé, tout comme le mien, fidèle à l'Entraînement qu'Étamine nous a procuré au Parcours. «  Ne jamais montrer ses émotions.  » Quant à Trevis, les larmes qui emplissaient ses yeux il y a quelques secondes dévalent à présent ses joues pâles, en silence.

Nous avançons sur l'herbe sèche, contournant le flanc du Bunker.

Cette fois, c'est vraiment la fin. Impossible d'échapper aux gardes armés. Impossible de fuir. Impossible de se battre. On va nous ramener au Bunker 6, sans que l'on ne puisse rien faire. Après tout ce qui s'est passé, c'est fini. Après toutes ces fuites, ces combats, nous sommes morts. Et voilà comment se termine notre lutte.

Toujours en nous encadrant, les hommes habillés de sombre nous font pivoter vers la gauche. Les rayons du soleil se reflètent sur le métal froid du bâtiment, m'éblouissant. Je traîne des pieds alors que l'on me pousse à avancer.

Désespérément, je regarde tout autour de moi une nouvelle fois, par réflexe, comme pour chercher une issue de secours. Ne trouvant rien, je fixe mon regard devant moi, et mes pensées dérivent vers Nathan.

Savait-il que des gardes nous attendaient dehors  ? Les a-t-il prévenus  ? Nous a-t-il menti, est-il de leur côté  ? Si cela se trouve, il nous a directement conduits dans la gueule du loup. Et nous y avons foncé tête baissée.

Cette pensée me révulse, et je serre les poings pour contenir ma rage. Je suis une nouvelle fois impuissante à mon sort. Mais cette fois-ci, vraiment impuissante, et cela me frustre encore plus.

Les gardes nous font encore tourner à gauche, et je m'arrête net.

Devant moi se tient une décharge immense de matériaux en tous genres, allant de la pierre brute au verre poli. Un monticule de déchets s'élève à plusieurs mètres de haut, et semble s'étendre à l'infini.

-D'où est-ce que tout ça vient  ? demandé-je en gardant mon regard posé sur la montagne artificielle.

Un des gardes pointe le bout de son fusil dans mes côtes pour me signifier de continuer de marcher.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now