Chapitre 12

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Je sors en toussant du passage habituel, toujours aussi poussiéreux  ; Hunter me précède, les cheveux gris à cause de la saleté des lieux. Dès que la trappe est à nouveau dissimulée, j'ouvre la porte de la petite pièce vide et nous nous engouffrons dans le couloir. Un sentiment de sécurité emplit mon ventre, sensation que je n'ai que lorsque je suis ici, chez moi.

-Qu'est-ce qui se passera si la résistance découvre le tunnel  ? s'enquit Hunter.

Je n'y ai jamais réellement songé. Pour l'instant, nos ennemis ne se méfient pas de nous et ne cherchent pas à nous remplacer pour se rendre dans les entrailles de Neuf. Mais la question de mon ami est intéressante.

-On a juste à espérer que personne n'en sera au courant.

Il faut que je mette fin à cette discussion qui ne nous mènera à rien, sinon des pensées paranoïaques vont refaire surface. Et ce n'est pas bon signe. Je tourne à droite, et rapidement, nous rejoignons les autres dans la salle de réunion. Dès que nous sommes tous assis autour de la table, les conversations commencent, et chacun prend des nouvelles de l'autre camp, même s'il n'y en a pas beaucoup. Depuis dix jours que Hunter et moi avons «  rejoint  » les rangs de la résistance, il n'y a rien de nouveau. Ils sont toujours aussi assoiffés de vengeance contre le Parcours qui, d'après eux, enclave les jeunes et les pousse à se battre et à devenir violents. Il y a seulement une évolution dans leur manière d'avancer  : les résistants souhaitent remplacer le Parcours par autre chose, dont ils ne parviennent pour l'instant pas à se mettre d'accord, afin de garder la même économie dans les planètes.

Un bâillement m'échappe alors que je n'écoute que d'une oreille ce que disent les autres. Je manque cruellement de sommeil, et les effets sur mon corps en sont négatifs. Et dangereux. Je suis maladroite, peu attentive, lente, contrairement à d'habitude. Si une attaque surgissait maintenant, je disposerais à peine d'assez de jugeote et de force pour me défendre.

-Brume, si tu t'ennuies, dis-le nous.

Je sursaute en entendant mon nom, et mes joues virent au rouge lorsque je croise le regard accusateur que me lance Étamine. Les yeux de tout le monde convergent vers moi, et le silence se fait dans la pièce. J'ai conscience que l'instant est crucial, que c'est le seul moment où nous pouvons nous concerter tous ensemble pour prendre des décisions, mais je suis trop épuisée pour pouvoir réfléchir maintenant.

-Je vais aller me reposer, désolée.

Un rictus gêné se forme sur mes lèvres alors que je sors de la salle. La fraîcheur qui se dégage du couloir me redonne un coup de fouet, et je marche énergiquement vers mon dortoir. Dès que j'entre dans la chambre, je ne prends pas le temps ni de fermer la porte ni d'enlever mes vêtements  ; je hôte seulement ma veste et mes chaussures avant de m'enfouir sous la couette.

-Tu prends toujours des vitamines  ?

Je me redresse dans un nouveau sursaut. Ethan se tient dans l'encadrement de la porte, appuyé contre le chambranle, les bras croisés. Un air amusé se dessine sur son visage.

-Tu n'es pas sensé être avec les autres  ? Et pour répondre à ta question, non, je n'en prends pas. Les résistants n'en ont pas beaucoup, et ils les économisent pour la «  bataille finale  », comme ils le disent.

Il s'approche doucement du matelas, et je ne peux m'empêcher de penser encore une fois que c'est comme avant, lorsque je venais d'arriver au Parcours et qu'il me surprenait toujours. «  Comme avant.  » Alors pourquoi les battements de mon cœur s'affolent-ils lorsqu'il vient s'asseoir à côté de moi  ?

-Ce n'est pas de cette manière que tu arriveras à te battre, me réprimande-t-il.

Je frissonne sans savoir pour quelle raison, et brusquement, la conversation que nous avons eu à mon retour de Terre me revient en mémoire. Je la chasse automatiquement.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now