Chapitre 1

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Je m'appelle Brume. Brume Jewells. Je suis née sur la planète Neuf, dans le Système Perséique.

Mes parents aussi sont nés sur cette planète. Techniquement, je suis une fille de la planète Neuf. Mais mes ancêtres venaient de la Terre, du Système Solaire. Ils sont partis il y a longtemps découvrir une autre vie, une autre galaxie que la leur. Il y a déjà plusieurs dizaines d'années, ils sont partis de la Terre avec d'autres familles pour chercher d'autres vies, autre part. Et ils sont arrivés dans ce Système.

Le Système Perséique est composé de cinq planètes : Hydra, Festa, Six, Neuf et Sidbad, ainsique d'une étoile, Persée.

Avant, il y avait une dizaine de planètes, nommées de Un à Dix. Puis, il y a eu la guerre, et la moitié ont disparu. Après les combats, trois des planètes dites "rebelles" ont changé de nom : la planète Un est donc devenue Hydra, la Cinq Festa, et la Dix, Sidbad.

Moi, je vis sur la Neuf. Elle ne comporte qu'un pays. Ici, tout n'est que pierre et béton.Tout est gris, noir, blanc. Polis, froid, rigide. Métal, fer, brique.

Les jours se comptent au nombre de 365 par an. Moi, je suis née le jour 100, il y a quinze années.

Sur cette terre, les revenus des adultes sont pauvres. Nous, leurs enfants, nous devons, dès que l'on nous l'intime, partir. On nous emmène à l'intérieur de Neuf, et on nous fait faire un Parcours, jusqu'à nos vingt-deux ans. Une fois tous les sept jours, nous passons sur les écrans. On doit combattre, sauter dans des trous profonds, plonger dans une eau gelée... Il n'y a aucun risque que l'on meurt. Tout cela n'est fait que pour divertir les gens, et ramener de l'argent à nos parents.

Suivant le temps que l'on fait, on récolte plus ou moins de cris. Le cris est la monnaie de notre planète, et il est très précieux.

Ici, le ciel est toujours gris, sauf la nuit où il est constellé d'étoiles. Il paraît qu'à leur arrivée, mes ancêtres pensaient qu'il s'agissait de « nuages ». Je ne sais pas ce que c'est, mais la couleur du ciel n'est pas due à cela. C'est notre étoile, Persée, qui diffuse cette couleur.

Nous respirons grâce au ciel. Il paraît qu'ailleurs, c'est différent. Moi, je n'en sais rien. Je n'ai jamais quitté Neuf. Certains vont sur les autres planètes pour travailler, exploiter les richesses. Mais tout le monde vit sur Neuf.

A l'école où je vais, tout le monde m'appelle la Terrienne. Tout le monde sait qui je suis. Lorsque mes ancêtres sont arrivés à Neuf, ils ont été assaillis de caméras, de gendarmes, de policiers en tous genre. Certains ne voulaient pas d'eux. Mais les Magistraux, ceux qui gouvernent notre monde, ont accepté leur présence. Alors ils sont restés.

Neuf, c'est chez moi. J'habite dans une rue sale, sombre, assez glauque, paraît-il. Mais cela m'importe peu. Je suis bien, chez moi. La maison de mes parents n'a que quatre pièces : deux chambres, une cuisine et une salle d'eau. Tout est minuscule, y compris les repas que nous mangeons, mais je m'en fiche. Du moment que j'ai un toit et de quoi me nourrir, tout va bien. Et puis, bientôt, je pourrai enfin récolter de l'argent pour mes parents.

Ici, les parents n'ont qu'un enfant. Nos parents nous font naître ; ils nous élèvent, nous allons à l'école. Puis, lorsqu'on nous le dit, c'est à nous de les aider, de leur rendre ce qu'on leur a pris : leur argent. Tout est une question d'équilibre.

Avant nos dix-neuf ans, nous n'avons pas le droit d'embrasser quelqu'un. C'est pour notre bien, disent les Magistraux. Pour que l'on se concentre sur notre futur métier, sur les Parcours, et non sur une romance. Tout est logique et justifié, sur Neuf. Et ça me plaît comme cela.

TERRIENNE (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant