TERRIENNE (édité)

Chapitre 11

TERRE

Lorsqu'il se réveille, un brusque mal de tête lui vrille le crâne, si bien qu'il est contraint de fermer les yeux, les sourcils froncés afin d'atténuer la douleur lancinante. Après quelques secondes, Trevis se redresse finalement et tente de bouger, sans succès  : des cordes le retiennent à nouveau prisonnier. Son incapacité à bouger le fait paniquer. Il se débat, et les liens qui l'entravent ne font qu'empirer l'état de sa peau précédemment rougie par le soleil.

Tentant de calmer les battements rapides de son cœur, il relève la tête afin d'observer son environnement. La pénombre est si forte qu'il a besoin de quelques secondes afin d'habituer ses prunelles à la luminosité ambiante. Cette fois-ci, il ne se trouve pas dans une salle de torture, mais dans une espèce de cage, seul. Il n'y a rien dans cette pièce, à part lui, assis sur le sol, incapable de bouger. Il tend l'oreille, mais aucun bruit ne parvient à son ouïe.

-Il y a quelqu'un  ? hurle-t-il bien qu'il sache pertinemment que personne ne répondra.

Ses mots se répercutent plusieurs fois dans le vide avant de s'éteindre dans la pénombre. Le garçon brun rejette la tête vers l'arrière, perdu. Les événements qui se sont déroulés avant qu'il ne soit emmené ici lui reviennent brusquement en mémoire, et il se maudit d'avoir été aussi idiot. Comment aurait-il pu s'échapper, face à Noam  ?

Comme toujours dès qu'il songe au blond, le corps de Trevis se tend, sous pression, tandis qu'une bouffée de haine remonte dans sa gorge sèche. Depuis combien de temps n'a-t-il pas avalé d'eau  ? Il décide de se concentrer sur cette pensée afin de ne pas songer à Noam. Sur Neuf, il n'avait pas besoin de boire souvent, comme la plupart des personnes. Mais sur Terre, avec le climat sec qui se dégage, il a besoin de se rafraîchir plus souvent.

Sa tête lui tourne, à présent. Il devrait se rendormir, il le sait, mais malgré le sommeil et la fatigue qui le guettent, il a trop de questions à l'esprit pour pouvoir se reposer maintenant. Que lui a-t-on fait  ? Pourquoi est-il ici  ? (ça, il en a une idée globale, mais il n'en est pas sûr à cent pourcents) Que va-t-il lui arriver, à présent  ? Va-t-on le laisser ici, sans vivres, ni rien qui puisse l'aider à survivre  ? Ou va-t-on l'obliger à subir des tests, ou quelque chose dans ce genre-là  ?

Il a peur. Non, c'est plus fort que cela, même. Il est terrifié à l'idée de ne pas savoir ce qu'il va se passer, et de ne pas avoir de contacts avec quelqu'un qui pourrait l'éclairer là-dessus. Il n'a aucun allié, et cela le pétrifie d'autant plus. Son père l'a abandonné pour rejoindre le camp ennemi, comme les parents de Brume. Sa mère est morte brutalement. Et il ne sait même pas où se trouve Isabella, à présent. Vont-ils la relâcher, maintenant que les deux alliés sont séparés et que Trevis est enfermé  ? Ou va-t-on la torturer à son tour, pour ce qu'elle a fait  ? D'après le brun, la jeune fille ne mérite pas que l'on lui fasse de mal. Elle mérite de vivre. Ou mieux encore  ; elle méritait de partir sur Neuf avec les autres, pour refaire sa vie à l'abri de tout cela.

Trevis secoue la tête, même si ce geste le fait souffrir, sûrement à cause du coup que lui a assené Noam. Il ne doit pas penser à Neuf. Surtout pas. Il doit se sortir cette planète de la tête, ça ne lui apportera que du mauvais, rien de bon.

Il ferme les yeux, épuisé. A l'instant, il souhaiterait presque de ne plus être vivant. S'il le pouvait, il arrêterait de respirer et se laisserait mourir. Ce serait une bonne solution, après tout. De cette manière, il pourrait rejoindre sa mère. Ne plus subir ce qui se passe sur Terre. Être épanoui. Cette pensée lui fait monter des larmes aux yeux, et il n'a rien pour les empêcher de couler ou même les essuyer.

Tout serait mieux que de rester ici et de subir un sort qu'il ne peut détourner. Il a essayé de s'enfuir, et a échoué. Il a la preuve, maintenant, que partir d'ici lui est impossible. Il connaît sa destinée, et cela le fait frémir. Enfin, frémir est un euphémisme, il le sait.