TERRIENNE (édité)

Chapitre 16

Les pneus du véhicule crissent lorsque Noam appuie sur la pédale de frein. La voiture s'arrête brusquement quelques mètres plus loin, me projetant contre le tableau de bord. Je me rattrape tant bien que mal et tourne mon regard vers les montagnes de débris.

Isabella dévale la pente à toute allure, trébuchant contre les pierres blanches. Je ne me suis donc vraiment pas trompée. Sans réfléchir, je me précipite à sa rencontre. Elle est encore à quelques mètres de moi lorsque je remarque l'air paniqué qui orne son visage. Aussitôt, mon cœur se met à battre plus fort.

Où sont Trevis et Hunter  ?

La brune arrive à mon niveau et se retient à moi. Je peux explicitement lire la peur dans ses yeux noisettes.

-Ils... Hunt... Trevis... Ils sont...

Mes mains se mettent à trembler tandis que toutes sortes de scénarios défilent dans ma tête.

-Qu'est-ce qui s'est passé  ? Isabella, dis-moi  ! Où sont-ils  ? Qu'est-ce qu'il y a  ?

Elle s'éloigne de moi et appuie ses mains sur ses genoux. Ses joues sont rouges à cause de sa course. Depuis combien de temps court-elle ?

-Ils ont été attrapés, c'est ça  ?

Noam s'est avancé en silence jusqu'à nous, les bras croisés sur son torse. De toutes mes forces, je secoue la tête pour répondre à la question du blond. Même si je ne sais absolument pas où se trouvent les deux autres garçons. Ils ne peuvent pas avoir été enlevés par les gardes. C'est impossible.

Contre toute attente, Isabella hoche négativement la tête à son tour, en silence. Je pousse un soupir de soulagement, qui n'est pourtant que de courte durée  : où sont donc Trevis et Hunter  ?

La fille brune s'assoit à même le sol et plaque ses cheveux vers l'arrière.

-Trevis s'est blessé en tombant. Hunter tente de le porter, et moi, j'ai essayé de vous retrouver. Mais dans ce labyrinthe, c'était peine perdue. Lorsque j'ai vu la voiture – d'ailleurs, où l'avez-vous trouvée  ? – J'ai cru qu'il s'agissait de gardes. Puis j'ai reconnu le visage de Brume, et me voilà. On doit les retrouver. Je sais où ils sont, termine-t-elle, le regard inquiet.

Noam acquiesce en silence, toujours aussi calme. Comment fait-il pour ne pas paniquer  ? Je m'éponge le front en jetant un coup d'œil autour de moi. La voie est libre. Nous pourrions rejoindre les garçons et sauver Trevis. Pourtant, au fond de moi, j'ai seulement envie de partir d'ici. De prendre la voiture et de m'éloigner de cet endroit maudit. C'est comme si l'endroit nous retenait malgré tous nos efforts. N'allons nous donc jamais sortir de là  ?

Intérieurement, je maudis cet idiot de Trevis. Pourquoi faut-il qu'il fasse partie du voyage  ? Il ne sert strictement à rien, à ne jamais parler ni prendre de décisions. Il subit, c'est tout.

Je m'en veux automatiquement d'avoir osé penser cela. Malgré le fait que je déteste ce garçon, je ne peux pas vouloir sa mort indirectement. Ce n'est pas sa faute, après tout, si toute sa vie a volé en éclat et qu'il n'est devenu plus que l'ombre de lui-même. Ce n'est pas sa faute non plus s'il s'est blessé.

-On va procéder de cette manière, ordonne Noam, me sortant de mes pensées par la même occasion. Brume, tu restes près du véhicule pour le surveiller. Isabella et moi, on va aller voir où sont Trevis et Hunter et ramener tout le monde ici. Dès qu'on arrive, on décampe. Compris  ?

Je n'ai pas le temps de hocher la tête que déjà, un mouvement attire mon attention vers le monticule de terre.

Hunter et Trevis arrivent dans notre direction, le premier soutenant le second. Aussitôt, Noam se précipite vers eux, tandis que je me dirige vers la voiture et ouvre la portière arrière. Isabella, un peu perdue, me regarde faire.