Chapitre 9

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- Suis-moi.

Ethan me fait un signe de la tête pour me montrer de marcher à sa suite. Je m'engouffre derrière lui par une porte adjacente au réfectoire. Nous arrivons dans une salle de la taille de ma chambre chez moi, aux murs en verre, immaculés. Ethan pose la paume de sa main sur un pan de mur, et aussitôt une série de chiffres de un à quinze s'affiche. Je détourne le regard tandis qu'il compose un code. Comment se fait-il qu'il connaisse ce mot de passe ? Je chasse cette pensée en secouant la tête. « Pas de questions », a-t-il dit plus tôt dans la journée.

Mon attention se porte sur la pièce dans laquelle nous nous trouvons. Elle est éclairée par la lumière que les murs renvoient par je ne sais quel moyen ; et vide. Il n'y a pas un seul meuble, ici. Seulement Ethan et moi, au milieu. Le sol est lisse, gris et impersonnel. Une impression de fraîcheur me parcoure le dos.

Ethan a composé le code ; des fichiers s'ouvrent les uns après les autres, apparaissant sur le mur en face de nous. Ethan tape mon nom dans la barre de recherche et clique sur la case indiquant « Résultats Parcours ».

Mon cœur palpite dans mes veines, je me mors les lèvres sous l'appréhension, le temps que la page charge. Ai-je réussi ? Je ne nourris pas beaucoup d'espoir à l'idée d'avoir gagné un peu d'argent.

Le Résultat s'affiche, la déception m'envahit. Je le savais, mais cela n'en reste pas moins douloureux. Et c'est toujours dur à admettre, maintenant qu'il est là, écrit noir sur blanc devant moi.


Brume Jewells : 0 cris. (Parcours non terminé)


Le bras d'Ethan vient se poser sur mon épaule.

- Tu sais, rares sont ceux qui réussissent leur premier Parcours, lance-t-il pour me rassurer. Moi, je n'ai même pas bougé la première fois. Je suis resté pétrifié jusqu'à ce qu'on vienne me chercher, tellement j'étais mort de trouille.

Il ne sait pas que je voulais - que je veux toujours, même - faire partie de ces « rares » dont il parle.

Je pense à Étamine. Elle qui me croyait forte, capable de réussir. Qui avait confiance en moi. Je me rappelle ses derniers mots avant que j'entre dans mon Parcours. « Tu peux y arriver, Brume. » Je l'ai déçue, forcément. Que va-t-elle penser de moi, à présent ?

Et mes parents ? Je voulais leur prouver que j'étais forte, je voulais qu'ils soient fiers de moi. Comment a réagi ma mère en me voyant tomber, encore et encore, pour finir par ne plus me relever ? Ont-ils coupé les caméras ? Ou tout Neuf a-t-il pu voir ma lamentable prestation ? On doit bien rire de moi, à l'école. J'entends jusqu'ici les moqueries de mes anciens camarades. « La Terrienne ne sait pas se battre ? » « Elle est toujours aussi faible ! » « Je suis sûr qu'elle a demandé aux robots de l'épargner ».

Les émotions m'envahissent, mais pas question de les laisser déborder. Je lève la tête, inspire longuement. Prendre le contrôle de soi-même. Et le garder. C'est une leçon que mon professeur de sport nous avait appris. Parfois, durant certains matchs que l'on jouait les uns contre les autres, il arrivait que des élèves s'énervent et aillent jusqu'à lancer leur équipement dans la tête de quelqu'un. Dans ces moment-là, toute la classe s'arrêtait de jouer pour observer cet élan de colère. Le silence se faisait dans la pièce et l'on n'entendait que celui qui hurlait.

Ethan attire mon attention d'un coup de coude dans mes côtes encore douloureuses. Je grimace avant de me tourner vers lui.

- Eh. Tu feras mieux la prochaine fois, Brume. Tu n'as eu que deux jours pour te préparer. C'est trop peu. La prochaine fois, tu seras plus forte, plus confiante. Et puis, maintenant, tu sais que c'est impossible de battre des robots ! ajoute-t-il avec malice.

TERRIENNE (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant