TERRIENNE (édité)

Chapitre 20

Je roule au sol, et ma tête se cogne contre quelque chose de dur. Un éclair traverse ma vue quelques secondes. La douleur envahit mes membres déjà douloureux. Je ne sais pas où je me trouve. Avec difficulté, je tente de m'appuyer sur mes mains pour me relever.

-Comment tu te sens  ?

J'ouvre les yeux, et la vision de Hunter penché au-dessus de moi, les sourcils froncés, le regard soucieux, me suffit à me soulager.

-On est dans la navette  ? On a réussi  ?

Je l'ai pratiquement deviné, mais j'ai besoin de l'entendre de sa bouche afin d'en être sûre. Dès l'instant où il hoche la tête, un sourire béat s'étend sur mon visage et mon cœur s'emballe.

Enfin. Nous y sommes, finalement. J'ai une brusque envie de me lever et de hurler de joie, mais je me contiens. A la place, j'observe mon nouvel environnement.

Je suis en plein milieu d'un couloir qui m'est familier. Devant moi se trouve l'entrée principale, maintenant fermée. Les murs gris clairs s'étalent vers ma gauche et ma droite, dévoilant la salle commune.

Nous sommes de retour dans la navette qui nous a emmenés sur Terre. Et cette fois, j'y suis de ma propre volonté. Avec difficulté, certes, mais j'y suis. J'ai beau me le répéter, une partie de moi ne veut pas y croire. Il y a quelques minutes encore, j'étais sûre que j'allais rester piégée sur Terre, et là, je suis prête à retourner sur ma planète.

Mon regard se lève, et je découvre brutalement la présence d'une dizaine de scientifiques. Tous me fixent avec une lueur d'étonnement dans les yeux, mais c'est tout ce que j'y distingue. Pas de colère. Pas de dégoût.

Une silhouette se dégage de l'attroupement, et mes muscles endoloris se tendent.

-Nathan, craché-je. Alors, tu...

-Pas maintenant, me coupe-t-il. Suivez-moi, tous les deux.

Il n'a plus rien de l'adolescent perdu et apeuré que nous avons rencontré dans le Bunker 8. Et le voir ici, dans cette blouse blanche, comme les autres scientifiques, me donne la nausée. Mais je suis contrainte de me lever, avec l'aide de Hunter, et nous le suivons dans le couloir du vaisseau, tandis que les autres regagnent leurs activités. Enfin, je suppose.

Nathan nous guide jusqu'à une chambre, ses boucles brunes tressautant au rythme de ses pas. Il s'arrête devant une porte, que je reconnais comme étant celle qui nous était réservée, à Hunter, Travis et moi. «  Quel pure coïncidence...  »

-Vous avez de la chance. Deux de nos scientifiques ne se sont pas présentés, donc il reste deux places de libre ici.

Hunter m'adresse un regard entendu, auquel je ne peux m'empêcher de sourire. Nathan ne sait pas ce qui est arrivé aux absents. Et c'est tant mieux.

-Je croyais que tu étais contre ceux qui veulent nous étudier ?

La question a jailli d'elle-même de mes lèvres. Le bouclé se raidit.

-En toute franchise, j'ai eu vraiment peur de vous quand je vous ai croisés. Donc j'ai menti, je ne voulais pas que vous me tuiez.

Il a l'air mal à l'aise, et passe une main sur sa nuque en évitant mon regard.

-Pourquoi nous avoir aidés, alors  ?

-Vous m'avez vraiment crus  ? s'étonne-t-il avec un sourire narquois. Eh bien... Mon jeu d'acteur n'est pas si nul que ça, alors. En fait, je vous ai conduit droit dans un piège. Que vous avez évité.

Une violente envie de le frapper me prend soudain. Je serre les poings pour me contenir, mais en jetant un coup d'œil à Hunter, je m'aperçois que lui aussi pense la même chose. Cela se lit dans son regard émeraude.