Chapitre 20

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Il a raison et je le sais. Ethan a besoin, il a le droit de savoir. Subitement, les paroles de Clo, le jour où j'ai annoncé mon départ aux autres, me revient en mémoire : « Il risque de mal le prendre. » Cette pensée me serre le cœur. Je ne veux faire de mal à aucun de mes amis. Aucun. Mais, je pense que que ne pas le lui dire de vive voix et le laisser découvrir que je suis partie me mettrait en mauvaise posture.

Il faut qu'il le sache. Mais pas ici.



La salle est toujours aussi bondée, et je peine à retrouver Clo et Xyla qui se fondent dans la masse. Hunter a aperçu il y a quelques minutes un ancien ami à lui et est parti le rejoindre, me laissant seule avec Ethan et Fara, qui elle aussi est présente. Nous ne nous voyons pas beaucoup, et je ne m'en plains pas. Elle a toujours ce regard hautain à mon égard que je ne supporte pas et qui me donne une envie irrépressible de la claquer.

La foule autour de moi m'étouffe. J'ai besoin d'air, de calme, de pouvoir respirer. Je sais que cela ne se fait pas de planter ses amis, mais, en cet instant, je m'en fiche. Je fais demi-tour au moment où Ethan et Fara s'embrassent dans mon champ de vision et passe les portes du réfectoire. Le bruit de la fête arrive jusqu'aux couloirs déserts, comme étouffé. Au fur et à mesure que je m'éloigne, il disparaît, pour me laisser seule, déambulant dans ce dédale de corridors. Avant, j'avais peur de m'y perdre. Je tentais de me souvenir de tous les tournants pour m'y repérer. Je souris moqueusement en y repensant. Maintenant, je marche assurément, sachant où je vais et par quel chemin. Je pourrais pratiquement le faire les yeux fermés.

Ma main court sur le mur froid et lisse à ma gauche. Mes pas retentissant sur le sol coupent le silence qui m'enveloppe. Marcher seule m'apaise.

Au bout d'une dizaine de minutes, j'arrive en face d'une porte qui m'est familière. J'abaisse la poignée et sors. Dehors, enfin.

L'air frais de la nuit me rafraîchit le visage. Le balcon est désert, comme d'habitude. Le silence de l'extérieur contraste avec le vacarme présent dans le réfectoire. Par reflex, je pose mes avant-bras sur la barrière, les mains pendant dans le vide. Je ferme les yeux, savourant le calme qui m'entoure.

Un moment après, j'entends la porte claquer dans mon dos. Un bruit de pas parvient à mes oreilles, se rapprochant de moi.

-Je savais que tu serais là.

Je souris à l'écoute de cette voix qui ne m'est pas inconnue. Ethan me rejoint au bord du balcon. Lorsque je tourne le regard vers lui, ses pupilles sont rivées sur le ciel sombre au-dessus de nos têtes.

-Est-ce que tu vas finir par me dire ce que tout le monde sait mis à part moi ? demande-t-il après un instant de silence.

Je me mords la lèvre. Il n'a pas l'air en colère – pas encore, du moins. J'observe quelques minutes son visage tranquille, les mèches de ses cheveux pâles qui volent dans le vent. C'est l'instant de vérité, et je sais que je ne peux pas y couper. Alors autant le faire en simplicité. Peut-être que cela lui fera moins mal que si je le lui annonçais avec artifices.

-Mes parents me font partir sur Terre avec eux. Je pars demain, dis-je comme un automate, les yeux fixés devant moi.

Je n'ose pas tourner le regard vers lui, mais dans mon champ de vision, je vois ses mains serrer le rebord de la barrière qui nous sépare du vide. Puis il passe une main dans sa chevelure en soupirant longuement.

-Depuis combien de temps le sais-tu ?

Je ne distingue aucune once d'énervement dans sa voix. Au contraire, elle est froide, distante. Comme si j'étais déjà loin de lui. Je déglutis faiblement avant de répondre.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now