Chapitre 13

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Pour la troisième fois au moins, je vérifie que mon sac à dos est bien fermé, et qu'il contient une bouteille d'eau pleine, des bandages, plusieurs boîtes de conserve, ainsi que du désinfectant. Je passe la main à ma ceinture, et y trouve le poids léger et familier de mon couteau. Je suis prête.

D'après la montre qu'Isabella porte à son poignet, il est vingt heures trente. Tout le monde est rentré de son travail et se retrouve dans ses quartiers, en famille.

Sauf nous.

Du coin de l'œil, je vois la fille brune réajuster sa queue-de-cheval avant de s'avancer vers la porte métallique. Encore une fois, c'est elle qui dirige l'opération. Elle hoche la tête en direction de Noam, qui déverrouille la porte à l'aide de la carte magnétique, tandis que Hunter surveille la sortie, son arme à la main.

Je me tourne vers Trevis, qui, comme toujours, reste à l'écart, silencieux. On ne le remarque jamais  ; j'en viendrai presque à oublier sa présence. Mais non, il est toujours là, les épaules voûtées, le regard au loin. Depuis que lui et Isabella nous ont rejoints, il n'a pas ouvert la bouche. Il est muet, traumatisé par ce qui s'est passé dans sa famille. Cela me serre le cœur de le voir se comporter ainsi, et en même temps, j'ai envie de le secouer par les épaules et de lui crier de se bouger, d'avancer, d'oublier sa famille. J'y arrive bien, moi.

Mais bon, il faut croire que nous avons tous deux une façon différente de réagir face à la trahison de nos proches.

D'un pas nonchalant, Trevis s'avance vers la porte ouverte, sans faire de bruit. Son visage est pâle, et il n'a plus que la peau sur les os. Isabella lui adresse un sourire gentil, et il la suit dans le couloir. Elle est la seule qui semble le comprendre.

En le regardant marcher dans le couloir,je ne peux m'empêcher de penser le choc que ça fait, que ce garçon, que j'ai connu toute ma vie comme étant narcissique, arrogant, tout le temps en train de se moquer de moi, ne soit à présent plus que l'ombre de lui-même.

Les couloirs que nous passons sont tous déserts, sans exception, et, au lieu de me rassurer, cela me fait frémir. Le cœur au bord des lèvres, je mets un pied devant l'autre, sans savoir si nous allons être repérés au prochain tournant. Ma main qui tient mon couteau tremble, et je resserre ma prise dessus pour la stabiliser.

Isabella s'avance pour passer la carte dans un nouveau boîtier. Il passe au vert, comme toujours, et la porte s'ouvre.

Sauf qu'au lieu d'un nouveau corridor désert, une ombre se tient devant nous.

J'en lâcherai presque mon arme, mais je me ressaisis. La personne devant nous se retourne, et un garçon d'une vingtaine d'années apparaît. Il a une tablette à la main, des cheveux bouclés en bataille, et une veste blanche de chimiste.

-Ne bouge plus, lui intime Noam en dressant son couteau au niveau du nez du garçon.

Celui-ci recule instinctivement, et l'écran qu'il porte dans ses bras tombe au sol en se brisant. Il lève les mains en l'air, le regard paniqué.

-J'ai dit  : ne bouge plus, grogne Noam, plus fort, cette fois.

-Arrête, dis-je en posant une main sur son bras.

Noam me lance un regard courroucé, mais je l'ignore. Je me tourne vers l'inconnu, qui semble pétrifié. Seuls ses yeux bougent, allant de l'arme de Noam à moi. Il déglutit faiblement.

Le garçon blond à mes côtés laisse son bras retomber en soupirant, puis il s'approche du bouclé, qui a toujours les bras levés, les mains ouvertes. Il le suit du regard alors que Noam le contourne et palpe ses membres afin de vérifier qu'il n'est pas armé.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now