TERRIENNE (édité)

Chapitre 17

Ethan

«  Trente jours. »

Ces deux syllabes résonnent en rythme alors que je cogne contre mon sac de frappe, à bout de force. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, à taper, encore et encore. Le souffle coupé, je m'arrête. Le sac bouge une dernière fois, la chaîne qui le retient au plafond émet un son bruyant avant que le silence se fasse à nouveau dans la salle vide. Les mains appuyées sur les genoux, je baisse la tête vers le sol et tente de reprendre ma respiration. Lorsque je glisse un regard sur mes doigts, je remarque qu'ils sont pratiquement en sang. Mais cela m'importe peu.

-Tu vas te tuer, si tu continues comme ça.

Je me retourne, à peine surpris de voir Étamine dans mon dos, les bras croisés. Sans lui répondre, je rejoins le banc où j'ai posé mes affaires et attrape ma bouteille d'eau. J'avale la moitié de son contenu avant de me tourner vers l'Entraîneur.

-Il faut que j'extériorise. Ça me fait du bien.

Je m'assois sur le banc et passe une serviette sur mon visage en sueur. La fraîcheur de celle-ci me fait du bien. Mon rythme cardiaque redescend progressivement, et je peux enfin respirer normalement. Étamine s'installe à côté de moi, le regard vers le large.

-Ça fait trente jours, c'est ça  ? Qu'ils sont partis.

Elle n'a même pas besoin de prononcer leurs noms  ; je sais qu'elle parle d'eux. Je hoche la tête en silence, et mon ventre se tord douloureusement à leur pensée.

-Ils te manquent  ? demandé-je.

-Tous les jours un peu plus.

Étamine était l'Entraîneur de Brume et Hunter avant qu'ils partent sur Terre à tout jamais. A présent, elle n'a plus grand monde à coacher, et je crois qu'elle s'ennuie un peu. Ils étaient ses meilleurs élèves.

-J'ai toujours cru que Hunter irait loin dans le Parcours, me confie la jeune femme brune. Dès le jour où il est arrivé, je l'ai su. Il ne manquait jamais de courage, de force et de rapidité. Avec Brume, c'était plus... difficile, au début. Elle avait de la volonté et du courage, mais physiquement... Ce n'était pas ça. Elle a dû beaucoup travailler pour arriver au résultat qu'elle voulait.

Je vois exactement ce qu'elle veut dire. Au Parcours, quand on est petit, chétif, sans muscle, il est dur de combattre. Mais la force mentale est également très importante. Et Brume est la personne la plus déterminée que je connaisse. Je l'ai rarement vu baisser les bras.

-Je ne peux toujours pas me résoudre au fait qu'ils sont partis pour toujours, poursuit-elle dans un soupir. Chaque jour, je m'attends à les voir dans le réfectoire, prêts à aller s'entraîner. Sauf qu'ils ne sont plus là.

Je ne peux que la comprendre. Moi aussi, je guette leur retour à tout instant. Dès que je rentre dans une salle, je m'imagine que Brume y est, souriante, cet air décidé qui la caractérise si bien affiché sur son visage. Mais elle n'y est jamais.

-Ils doivent être arrivés sur Terre, maintenant, dis-je après un long silence.

-Je l'espère.

Étamine se lève et époussette ses mains sur ses genoux.

-Il faut que j'y aille. Tous les Entraîneurs ont une réunion dans dix minutes, pour décider ce que nous allons faire à propos de ce qui se passe.

-Vous avez une idée de la démarche à suivre  ?

Je passe une main dans mes cheveux châtains tandis que la brune hausse les épaules.

-Pas vraiment. Tout ce que je sais, c'est que nous devons réagir. On ne peut pas laisser le Parcours se faire détruire aussi facilement.