Chapitre 15

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A la différence de Neuf, Festa regorge de couleurs et de joie. La planète m'a l'air d'être vivante et festive, d'où son nom. Je peux le deviner aux fresques multicolores qui se déroulent sur les murs des bâtiments, par exemple. Excepté en ce moment, évidemment. Les rues par lesquelles nous passons sont désertes, et pourtant, j'ai l'impression d'être constamment épiée par les fenêtres des maisons avoisinantes. La tension est si forte qu'à chaque instant, j'ai l'impression que l'on va nous tirer dessus ou nous attaquer. Mais il n'y a aucun mouvement à l'horizon et, mis à part le bruit de nos pas sur le sol craquelé de l'astre, le silence est complet autour de nous. Il est seulement brisé par les légers bruits de combat qui résonnent au loin, vers le centre de la planète.

Trial nous a fait partir sur les «  bords  » de Festa, car c'est ici que sont regroupés les camps que nous devons visiter. Au centre, près de là où nous avons atterri, il y a les deux points de chute, pour citer Trial  ; celui du Parcours et celui de la résistance. Plus l'on s'éloigne, et plus les alentours deviennent calmes. Certaines personnes habitent toujours dans leurs habitations, même si elles font partie de l'un ou l'autre des camps. Ce sont de ces personnes-là dont il faut se méfier. Mais, pour Hunter et moi, il nous suffira de dire que nous sommes dans l'un ou l'autre des deux côtés, et cela devrait aller.

Il est tard dans l'après-midi lorsque nous parvenons finalement devant le premier camp. Depuis que nous marchons, nous avons eu le temps de mettre au point ce que nous allons dire. Cependant, cela ne m'empêche pas de me poser des questions quant à notre rencontre avec ceux que nous allons rencontrer. D'après moi, s'ils n'ont choisi aucun camp, c'est bel et bien pour une raison. Tenter de les raisonner et de leur faire aller dans tel ou tel côté ne sert à rien. Mais il s'agit de «  notre mission  », et peut-être qu'elle pourrait nous faire racheter auprès de Beea, qui semble avoir des doutes sur nous.

C'est donc à contrecœur que je frappe à la porte du camp, une bâtisse immense, qui doit regrouper plusieurs maisons. Les alentours sont silencieux, et je me demande si même ces personnes neutres sont sur leurs gardes. Sûrement.

Après quelques secondes, un homme âgé vient nous ouvrir la porte. Il a l'air d'avoir au moins soixante années, et pourtant, il tient sur ses pieds, le menton dressé en signe de défi, le torse bombé.

-Si c'est pour un recrutement, vous pouvez aller vous faire voir  ! crache-t-il avant de claquer la porte.

Le souffle est si violent que je le ressens, bien que je sois à un mètre de l'ouverture.

-Plan B  ? propose Hunter, alors que je lui jette un regard.

-S'il nous insulte encore, ce sera de ta faute, le préviens-je en cognant à nouveau.

Je m'attends à ce que personne ne nous réponde, mais brusquement, la porte s'ouvre sur deux jeunes hommes. J'ai à peine le temps de lever les bras devant ma tête, avant qu'un coup ne s'abatte dessus. Une forte douleur éclate dans mon poignet, et je serre les dents afin de ne pas leur laisser voir ma douleur. Ils se déplacent vite, si bien que j'ai seulement le temps de parer les coups que mon agresseur porte à l'aide d'une barre en fer. Les coups pleuvent sur mes bras et mes jambes, et ils sont plus douloureux que de simples poings.

-Stop  ! hurle Hunter au bout de quelques secondes. On veut juste parler, d'accord  ?

Les deux autres s'arrêtent automatiquement, comme s'ils n'attendaient qu'un mot de notre part. Je reprends mon souffle en massant mon poignet meurtri  ; il m'est possible de le bouger, ce qui signifie qu'il n'est pas cassé. Et c'est une bonne nouvelle.

Nos agresseurs se trouvent face à nous, les bras croisés, tenant chacun une barre métallique dans la main. Ils se ressemblent tellement que je plisse les paupières à plusieurs reprises, pensant voir flou, mais non  : ils sont exactement pareils. La peau brune, le crâne rasé, des yeux charbonneux comme les miens.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now