Chapitre 3

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Le temps s'est comme suspendu dans l'air dès l'instant où j'ai reconnu mon ancien ami. Il se tient à une dizaine de mètres de moi, mais je peux aisément observer les traits tirés de son visage. Les cernes violets qui bordent ses yeux clairs. La surprises qui se lit dans ses iris. Le sourire qui s'esquisse sur ses lèvres, malgré lui. Je suis pétrifiée, comme lorsque j'ai vu les ruines de ma maison, il y a quelques minutes. La seule chose dont mon corps est capable est de détailler Ethan, celui que je ne pensais plus jamais revoir.

Brutalement, il s'arrache à sa torpeur. Il s'élance dans ma direction et, avant que je n'aie pu faire un pas de recul, ses bras m'enserrent déjà, comme une enveloppe protectrice. Il me presse contre lui, et je pose ma tête sur son épaule, tandis qu'il me serre encore plus, comme s'il avait peur que je m'enfuie à nouveau. Je sens son cœur battre sous la blouse bleue qu'il porte. Mes yeux se ferment d'eux-même alors qu'un sourire s'affiche sur mon visage. Je ne veux pas bouger d'ici. La main d'Ethan passe dans mes cheveux, et je la sens tremblante. Comment est-ce possible  ? J'essaie de me convaincre que ce peut être un rêve, mais la douceur de ses bras qui m'enveloppent me prouve qu'il s'agit bien de la réalité.

Au bout de ce qui me semble être une éternité, le garçon relâche finalement son étreinte afin de me regarder dans les yeux.

-Je croyais que vous étiez sur Terre  ? souffle-t-il sans me lâcher du regard.

Je reste muette, encore sous le choc de le revoir vivant, devant moi. Il n'a même pas l'air de m'en vouloir pour ce qui s'est passé la dernière fois que nous nous sommes vus. Je prends soudainement conscience du contact que nous avons eu, et je sens mes joues rougir sous la gêne. La dernière fois que quelqu'un m'a touchée, c'était Noam, sur Terre, lorsqu'il m'a embrassée. De plus, connaissant les sentiments d'Ethan à mon égard... Je secoue la tête afin de chasser ces pensées. «  Ridicule, me susurre ma conscience. On dirait une de ces filles niaises de l'école, celles qui ne pensent qu'aux garçons et à leur premier baiser.  »

-C'est une longue histoire, répond Hunter, remarquant mon mutisme. Mais qu'est-ce qui se passe, ici  ?

-Venez, indique simplement le blond en réponse.

Il nous fait signe de la tête de le suivre au fond de la salle immense. Le talonnant, nous passons entre les brancards où sont allongés les blessés. Je me risque à jeter un coup d'œil vers l'une des victimes. Du sang s'écoule de sa plaie à la cuisse, recouverte d'un bandage à l'origine blanc. Je déglutis faiblement, mal à l'aise, et détourne le regard. Mais peu importe où mes yeux se posent, ils tombent toujours sur une blessure, plus ou moins grave. La pièce est pleine de ces rescapés, pour la plupart enfants.

Ethan nous conduit jusqu'à une petite salle sombre, où se trouvent une table et quatre chaises, ainsi qu'une seconde porte close. Il s'assoit sur l'un des fauteuils, rapidement imité par Hunter et moi.

-Alors, commence-t-il en posant les coudes sur la table, maintenant qu'on est au calme, vous pouvez me dire comment cela se fait-il que vous soyez sur Neuf au lieu d'être sur Terre  ?

Le regard de Hunter croise le mien, et je grimace. Actuellement, je ne suis pas emballée par l'idée de raconter notre périple sur la surface de la planète lointaine. Pas lorsque je ne sais pas ce qui se déroule dehors, sur ma terre de naissance.

Hunter prend à nouveau la parole, ce qui me fait remarquer que je n'ai pas prononcé un mot depuis notre entrée ici. Mais le brun a toujours été meilleur parleur que moi. Tandis qu'il raconte à Ethan notre mésaventure sur Terre, mon regard dérive sur le reste de la petite pièce. Le chapiteau a dû être monté il n'y a pas très longtemps, car je ne l'avais jamais vu avant. Mais que peut-il y avoir de si terrible hors de ces murs pour que des gens soient blessés, des quartiers détruits, que les habitants se promènent avec des armes et tirent sur tout ce qui bouge  ? Un frisson d'effroi me parcourt l'échine, mais je m'efforce de ne rien montrer, fidèle à l'Entraînement intensif que me prescrivait Étamine.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now