TERRIENNE (édité)

Chapitre 8

   J'expulse l'air de mes poumons. Allez. Ce n'est rien. Étamine marche à côté de moi dans le couloir, en silence. Ça va aller. Mes genoux tremblent et j'ai les mains moites. Je déglutis. Nous sommes bientôt arrivées devant la porte.

Je suis une des premières à entrer dans mon Parcours. C'est la tradition. Les plus novices passent en premiers. Viennent ensuite ceux qui ont plus d'expérience, puis, enfin, les plus forts, ceux qui rapportent le plus d'argent à leurs parents. Ceux-là, je les admire. J'aimerais un jour faire partie d'eux.

Étamine me fait mettre un gilet noir par-dessus mes vêtements. Je vérifie ma queue-de-cheval, mes doigts. Je ne sais pas ce qui m'attend derrière la porte. Mon cœur bat à tout rompre, la hâte s'empare de moi.

-Comme c'est ton premier Parcours, m'annonce-t-elle, ça va être facile. Souviens-toi de tout ce que je t'ai appris, Brume. Tu peux y arriver, d'accord ?

Je hoche la tête, même si je n'en suis pas sûre. Je voudrais me montrer forte comme ceux que je voyais sur les écrans. Je peux le faire. J'en suis capable.

Je secoue les mains. Mon ventre se tord, mais pas comme si j'étais effrayée, au contraire. Étamine me fait signe de me placer devant la porte. Que vais-je rencontrer ? Ma curiosité me ronge. Je suis sur la plate forme. Il paraît qu'il y a souvent des robots. Le porte s'ouvre, mais avant que j'ai pu bouger, la plate forme avance sans bruit, et j'entends quelque chose qui claque derrière moi. Je suis dans le noir complet. Mon cœur bat vite — trop vite. Je m'efforce de respirer doucement pour réduire mon rythme cardiaque. Je suis filmée, à partir de maintenant. Maman, Papa, soyez fiers de moi. S'il-vous-plaît... Une lumière se diffuse autour de moi et je remarque je suis dans une grande pièce. Seule. Il n'y a que du métal autour de moi, un endroit vide, froid et gris.

Que dois-je faire ? Où se trouve la sortie ? Je me retourne, mes pas résonnent tout le long de la salle ; la porte n'est plus là. Je ne peux pas sortir. Je ne sais pas quoi faire, comment réagir. Réfléchis, bon sang ! Depuis des années, je veux participer à ce Parcours. C'est maintenant que tout se joue, pas question que je me défile et me mette à pleurer comme une petite fille. Je ferme les yeux tout en inspirant, et je les rouvre en expulsant l'air de mes poumons. Un sourire se dessine sur mon visage.

J'entends un bruit sur ma droite. Lorsque je tourne la tête, ce sont deux robots, à dix mètres de moi seulement, que je rencontre.

Mon instinct me pousse à les fuir, mais pour aller où ? Et puis, fuir, c'est lâche. Je refuse de passer pour une lâche. Les deux robots s'avancent. Il faut que je fasse quelque chose. Je pourrais les combattre, mais à deux contre un, c'est risqué. Tu ne peux pas mourir, Brume. Tout va bien. Je serre les poings. Il faut que je me débarrasse d'eux le plus vite possible pour gagner du temps.

Derrière un des robots, j'aperçois une porte noire. C'est là que se trouve la sortie. Je le sais, je le sens. Mais partir par là veut dire que je dois me battre contre mes ennemis. OK. J'expire un bon coup. Les créatures ne sont plus qu'à quelques mètres de moi, deux tout au plus. Aussitôt, je me jette sur l'une d'elles. Mauvaise idée ; le robot me repousse et je tombe sur le dos au sol. Je serre les dents. Pas question de hurler ou de montrer mes sentiments. Pas question. Ce n'est pas ça être fort. Allez. Les créatures m'entourent, se rapprochent de plus en plus. Je suis piégée. Je ne peux pas bouger. Je ferme les yeux, avant de les rouvrir. Je peux tenter une chose.

Lorsque les robots sont à deux doigts de me toucher, de part et d'autre de moi, je me mets à courir le plus vite possible. J'entends le bruit de leur ferraille qui s'entre-choque dans mon dos, qui me permet de savoir que j'ai réussi. Je continue jusqu'à la porte en fronçant les sourcils, soudainement douteuse. Ça ne peut pas être aussi facile. Je continue en regardant autour de moi. Je pose mon regard vers le sol. Et un cri m'échappe.