Chapitre 18

2.6K 234 105
                                    

Le trajet en voiture dure seulement une journée, alors qu'à pieds, cela aurait pris beaucoup plus de temps. Et nous sommes légèrement plus en sécurité à l'intérieur du véhicule. Les gardes ont sans doute dû remarquer qu'un de leurs véhicules a disparu, mais pour l'instant, personne ne nous a poursuivit, sans doute parce que nous voyageons en plein désert. Et c'est agréable. C'est agréable de pouvoir se reposer, ne pas avoir à marcher toute la journée, surtout pour Trevis, qui doit se rétablir de sa blessure à la jambe. C'est agréable de se dire que nous n'avons pas à avancer seuls, à découvert, le long des dunes de sable. Compte tenu de la chaleur qu'il fait, je ne l'aurais pas supporté.

Le paysage ne change pas depuis que nous avons quitté le Bunker 6. Un désert sec se déroule devant nos yeux chaque jour  ; c'est presque comme si on roulait sur place. La poussière se soulève sous le passage du véhicule.

Noam ramène ses cheveux sur le sommet de son crâne en soupirant. Il a l'air épuisé. Cela fait une dizaine d'heures qu'il conduit sans s'arrêter, et ses yeux commencent à se fermer d'eux-même.

-Hé, dis-je doucement. Si tu veux faire une pause, il n'y a aucun problème.

-Non, c'est bon. Il faut qu'on finisse ça au plus vite.

Je me ré-adosse à mon siège, les yeux fixés sur le paysage qui se déroule sous mes yeux. Il ne changera pas d'avis. Pourtant, je sens la fatigue qui s'empare de lui. Il a beau se montrer brave et têtu, il ne tiendra pas éternellement. Il a besoin de repos.

-Si tu veux, Isabella peut conduire à ta place et –

-Ça va, c'est bon, je te dis  !

Il m'a coupé d'une voix sèche, ses yeux me lançant des éclairs. Surprise, je reste bouche bée un instant.

-Comme tu voudras, dis-je enfin d'une voix blanche. Mais ne viens pas te plaindre lorsque tu seras mort de fatigue.

Il s'apprête à répliquer, mais un grésillement dans l'interphone à côté de nous l'en empêche. Nos regards se croisent, et je desselle un lueur d'intrigue dans son regard. La radio crachote encore un peu avant de se stabiliser, puis une voix emplit l'habitacle.

-RIB – 5, vous me recevez  ? Lancement de la navette pour Neuf prévu dans une heure. Fin du message.

La voix s'éteint, pendant que Noam s'empare du boîtier. Je fronce les sourcils, une multitude de questions me venant à l'esprit.

-Qu'est-ce que ce message signifie  ?

La voix de Hunter se fait entendre à l'arrière du véhicule. Il a l'air aussi perdu que moi, contrairement à Noam qui affiche un sourire satisfait sur son visage. Le même rictus qu'il avait toujours sur les lèvres à notre arrivée sur Terre.

-Il veut dire que nous sommes connectés au réseau de la Base. On arrive bientôt.

A l'entente de ses mots, mon cœur se gonfle et bat plus vite. Ça y est. La dernière ligne droite est là. Elle se tient devant nous, les bras grands ouverts. Bientôt, je monterai à bord du vaisseau qui m'emmènera vers Neuf et mes amis. Dans une heure, d'après ce que la radio a dit.

Je ne tiens plus en place. Les visages d'Ethan, Étamine, Xyla et Clo me reviennent en mémoire, leurs sourires, les piques qu'on se lançait les uns aux autres. Bientôt, tout cela sera revenu. Bientôt, je recommencerai à me battre comme avant. Bientôt, je poserai le pied sur ma terre natale, sur ma maison.

L'adrénaline coule dans mes veines à toute allure, faisant augmenter les battements de mon cœur si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Tout ce dont j'ai rêvé, tout ce que j'ai quitté... Je vais le revoir bientôt. C'est presque impossible à croire.

TERRIENNE (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant