Chapitre 7

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 Un sourire satisfait envahit mon visage alors que je remercie mentalement Ethan pour son aide. C'est lui qui m'a montré comment grimper sur ce mur hier soir. Je suis gaiement Étamine dans les couloirs jusqu'à une nouvelle salle, me répétant son compliment en boucle dans ma tête. « On devrait réussir à faire quelque chose de toi ». Ce que je traduis par « Bravo, tu as enfin compris comment ça fonctionne ». Mon Entraîneur ouvre la porte de la salle. La luminosité m'éblouit ; voilà deux jours que je n'ai pas vu autant de lumière. Je ne pensais même pas que c'était possible dans les entrailles de Neuf. Je regarde tout autour de moi, curieuse de voir ce qui m'attend. Plusieurs endroits de la pièce sont délimités par des carrés en fil résistant. Sur trois d'entre-eux, se tiennent deux personnes, face l'une à l'autre. Et elles se battent.

Leurs muscles sont saillants, tendus, leurs dents serrées, et la détermination se lit sur leur visage.

Mon sang fait un tour dans mes veines alors que je comprends qui m'attend. Je n'ai jamais eu à me battre contre quelqu'un. Bien-sûr, j'ai déjà vu des combats au Parcours, ou même à l'école. Mais je n'y ai jamais participé. Ébahie, je reste quelques instants à admirer les techniques des combattants. Ils se tiennent droits, les genoux légèrement pliés, les coudes rapprochés, les poings au niveau de leur visage. Et ils se frappent. Encore et encore.

Juste en face de moi, deux filles se font face. Les coups partent vite, tellement vite que je peine à voir qui les donne et qui les reçoit. Puis l'une fait un croche-pied à l'autre, qui tombe au sol. La première la frappe toujours, alors que la seconde hurle. Son cri me pétrifie, et je me retrouve au milieu de la salle, seule, à regarder et écouter les hurlements déchirants d'une fille. Je suis incapable de détourner le regard, même si je le veux.

-Brume.

C'est la voix de mon Entraîneur qui me sort de ma transe. Étamine me fait signe de venir près d'elle, où semblent m'attendre tout un tas de protection. Sans un mot, elle me les enfile les uns après les autres, recouvrant mes jambes, mes bras, mon torse et mon dos, ma tête, mes mains. J'ai l'impression d'être devenue un robot, une machine en ferraille comme celles que l'on voit parfois au travail de ma mère.

-Pourquoi me mets-tu tout... ça ? Demandé-je en détaillant mon espèce d'armure.

Étamine relève un instant les yeux.

-Pour te protéger. Il ne faudrait pas que tu te casses quelque chose. Voilà, tu es prête. Monte dans l'arène, maintenant.

Je déglutis avec peine et marche jusqu'au milieu du carré. La vision de la fille au sol, hurlant, passe en boucle dans ma tête. Et si je finissais comme elle, battue par quelqu'un, là, maintenant ? Je me secoue du mieux que je peux pour chasser cette idée. Si je pars défaitiste, c'est perdu d'avance.

-Hia, viens, appelle Étamine, et une fille assise dans un coin arrive.

Elle est plus grande que moi, plus musclée. Ses cheveux bruns sont attachés dans son dos et un sourire narquois s'échappe de ses lèvres lorsqu'elle me voit. Oh non. Je vais vraiment devoir combattre contre elle ? J'ai brusquement envie de m'enfuir, de courir le plus vite possible, comme hier soir avec Ethan, pour ne pas me battre contre cette fille. Je ne tiendrai pas une minute, elle va me réduire en bouillie.

« Bon sang, mais ressaisis-toi ! Tu veux être forte ? Pour ça, il faut que tu te battes. Il n'y a que de cette façon que tu réussiras. »

Les battements de mon cœur s'accélèrent, je sens mes mains moites sous la protection, mais je ne peux les essuyer nulle part.

-Mettez-vous face à face, nous intime Étamine. Prêtes ? Partez !

Je n'ai pas le temps de réagir que le poing droit de Hia vient percuter ma mâchoire et je tombe au sol, une douleur vacillante dans la joue. Je me relève le plus vite possible. Pas question de rester à terre. Je décoche à mon tour un coup de pied, mais elle m'intercepte et attrape ma jambe pour la retourner. Je glisse, les mains en avant. Cette fois-ci, je ne suis même pas de nouveau sur mes pieds qu'elle me frappe au flanc d'un coup de genou. Je glapis en tentant de me redresser du mieux possible. Mon sang résonne dans mes oreilles, ma vision est réduite à cause de la sorte de casque qui me tombe sur les yeux.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now