Chapitre 4

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Je me raidi aussitôt à l'entente de mon nom.

-Oui ? dis-je prudemment.

-Quel âge as-tu ?

Elle a l'air d'avoir vingt-cinq ou trente ans. Qui est-elle ? Elle fait le tour de la table pour venir se poster face à moi, les bras croisés. Son expression me donne froid dans le dos.

-Quinze ans.

-Tu es jeune. Viens avec moi. Je vais te peser, prendre tes mensurations. Rien n'est inscrit sur ton dossier, je ne sais pas, ils ont dû oublier.

Je glisse le regard vers sa main, où se tiennent une pile de feuilles.

-Déshabille-toi, dit-elle en posant mon dossier sur la table. Je trouve la balance et on va voir ton poids.

-Comment t'appelles-tu ? demandé-je au lieu de lui obéir.

-Étamine.

Elle commence à farfouiller dans les meubles encastrés dans les murs, mais je ne bouge pas. J'en suis incapable. Elle se retourne vers moi, les sourcils froncés, ses cheveux gris foncé, presque noirs, autour d'elle.

-Allez ! Qu'est-ce que tu attends ? J'ouvre la bouche sans rien dire, puis je m'exécute. J'ai les mains qui tremblent - encore ! Décidément, il va falloir que j'arrête de paniquer pour rien - pendant que je défais la boucle de ma ceinture. Étamine sort une balance en verre, si fine que j'ai l'impression que je pourrai la casser en montant dessus. Je me retrouve en sous-vêtements, devant elle, alors qu'elle clique sur des boutons pour l'allumer. Je ne peux résister à l'envie de croiser mes bras sur ma poitrine, mon corps est recouvert de frissons.

-Monte dessus.

Je pose un pied sur l'objet au sol ; il est complètement gelé, et je me retire immédiatement. Du coin de l'œil, j'observe Étamine qui soupire d'exaspération en se massant les tempes.

-Ne fais pas ta chochotte, Brume.

Elle a raison. Mes joues s'empourprent sous la gêne, la honte cuisante d'être comparée à une gamine peureuse. Si je veux être forte, je n'ai pas à craindre le froid. Je n'ai rien à craindre, même. Je pose les pieds bien à plat sur la balance. Elle indique un poids léger, vingt-cinq sacss à peine. Ici, tout se mesure en sacss. Ma mère m'a expliquée une fois que sur Terre, ils exprimaient cela en kilos. Les mesures sont différentes, je crois qu'un sacss est égal à un kilo et demi.

Je me retire une fois que la brune a noté mon poids. Elle tient à présent un rouleau de fil entre les mains et me fait signe de me coller contre le mur froid. J'en viens à me demander si tout est froid, ici, avant de me rendre-compte qu'évidemment : nous sommes dans les entrailles de Neuf, là où tout est glacial.

-Tu peux te rhabiller, m'annonce-t-elle un instant plus tard.

Je retrouve avec bonheur la chaleur de mes vêtements et commence à me réchauffer, mais, quand je me retourne, le regard d'Étamine me refroidi comme de la glace.

-On passe à l'étape suivante, maintenant. (Alors que je m'apprête à l'interroger, elle m'en dissuade en plaçant une main à l'horizontale, devant elle.) Connais-tu le principe du Parcours ? Dans toute son intégralité ? Connais-tu tous les entraînements nécessaires ? Sais-tu comment combattre ?

Je secoue la tête. Je ne pensais pas que le Parcours était si compliqué. Elle soupire d'exaspération une nouvelle fois.

-Bien. Alors suis-moi. Je vais t'expliquer en chemin.

Elle disparaît rapidement à travers un rideau rouge, et je dois courir pour la rattraper. Elle est grande. Beaucoup plus grande que moi. Et musclée. Si seulement je pouvais avoir un cinquième de ses muscles... Nous traversons un grand couloir désert. N'y a-t-il personne, ici ?

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now