Rêve

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Je me réveille le lendemain avec difficulté. La sonnerie me vrille les tympans, et lorsque je veux me redresser dans mon lit, tous mes muscles me tirent et m'empêchent de bouger. J'étouffe un grognement. Petit à petit, doucement, j'arrive à me mettre sur mes pieds malgré la douleur. Le sol est gelé sous mes pieds, la pièce est sombre - pour ne pas dire plongée dans le noir. Je me cogne contre quelque chose de dur et laisse un cri m'échapper.

-Vous avez fini de faire du bruit ? râle Clo.

-Pourquoi la lumière n'est toujours pas allumée ?

-Vous êtes sûres que ça a sonné ?

Je m'apprête à ajouter quelque chose mais le haut-parleur me précède.

-Bonjour à tous et à toutes. En raison d'une panne électrique survenue durant la nuit, chacun d'entre vous se doit de rejoindre immédiatement son Entraîneur dans le réfectoire afin de vous expliquer le déroulement de la journée. Les raisons de ce petit désagrément sont pour l'instant inconnues, mais nous vous tenons au courant de l'avancée des recherches. Merci de votre attention.

« Une panne électrique ? » J'ai dû mal à y croire. Les entrailles de Neuf sont l'endroit le plus chargé en électricité. Cela me paraît peu probable qu'il y ait une panne. Comment faire s'il n'y a plus rien ? Nous avons tous besoin de lumière pour nous entraîner. Des dizaines de questions se bousculent dans ma tête, mais je n'ai pas le temps de chercher à les résoudre.

J'enfile un pull par-dessus mon t-shirt de nuit, un pantalon et mes chaussures puis je sors à la suite des filles.

Le couloir est bondé, mais nous sommes totalement plongés dans le noir.

-Clo, appelé-je. Où es-tu ?

-Là, répond une voix à ma gauche, et une main serre la mienne. Il faut qu'on retrouve Hunter et Ethan.

Je hoche la tête, bien qu'elle ne puisse pas me voir.

Mais comment les trouver ? Je ne vois même pas ma main, et je ne sais pas comment me repérer parmi tous ces gens. Mon cœur bat à une allure folle, même si je m'efforce d'en calmer les battements. « Doucement. Tout va bien. Tu n'es pas seule, ça va aller. » Je presse la paume de Clo dans ma main moite et je déglutis.

Par où aller ? Les voix semblent se diriger vers ma droite. Suivre les autres. Il faut suivre les autres.

Une fois, dans un livre de Sciences, j'ai lu que lorsque nous faisons face à un événement et que nous ne savons pas comment réagir, notre premier reflex est de suivre le mouvement des autres.

C'est donc ce que je fais. J'avance vers la droite, entraînant Clo derrière moi. Plusieurs fois, je me cogne à des murs ou à des gens. On me bouscule, me pousse, me tire. Mais je m'astreins au calme.

Certains noms qui me sont inconnus me parviennent et me guident.

Puis vient un moment où tout se met en ordre. Les bousculades cessent, les cris finissent par se taire. Quelqu'un que je ne connais pas prend ma main en me disant de ne pas paniquer, que c'est pour que tout le monde puisse atteindre le réfectoire sans encombre. J'acquiesce, et nous avançons. Durant de longues minutes, le silence se fait, ne laissant que le bruit des semelles de nos chaussures marteler en rythme sur le sol.

Cet instant de répit me permet de penser à quelque chose d'autre. Comme... Pourquoi le haut-parleur marche-t-il, alors que toute l'électricité est coupée ? Qu'y a-t-il, au réfectoire ? Comment cela est-il possible ? Et, enfin, qu'est-ce qui est à l'origine de cette « panne » ?

Heureusement, nous arrivons jusqu'au réfectoire rapidement. Et là, la surprise me fait encore plus douter sur la raison de la panne.

La immense s'ouvre, laissant la lumière parvenir jusqu'à mes yeux. Par reflex, je lâche la main de l'inconnu à mes côtés pour porter mon bras devant mes paupières. Il y a un problème. La lumière est trop vive comparée à d'habitude.

Puis il se passe quelque chose de troublant.

Ma mère arrive, semblant flotter dans les airs. Ce qui, en soi, est totalement impossible. Les gens s'écartent sur son passage, et elle avance vers moi, le sourire aux lèvres, les bras tendus. Elle s'arrête lorsqu'elle est à ma hauteur.

-Viens. Suis-moi. Tout va bien se passer. Sache que je suis fière de toi, pour tout ce que tu as fait au Parcours.

TERRIENNE (édité)Where stories live. Discover now