La Malédiction d'une Créature (T1)

♾ CHAPITRE 14 ♾

J'hésite à commencer la discussion, mais au bout d'un moment il faut que l'une d'entre nous fasse le premier pas, ce que je décide de faire. Pourtant, c'est très dur pour moi d'aller vers les gens en première...

- Ça a été les cours ? Demandé-je stressée au petit bout de femme très renfermée.

- Qu'est ce que ça peut te faire ? Me balance-t-elle sauvagement.

- Arrête, s'il te plaît. Je m'intéresse à toi, j'ai envie que tu me parles et je veux que tu sois honnête avec moi.

- Parce que tu penses que je suis une menteuse en plus ? De mieux en mieux cette histoire.

- Ne fais pas semblant. Tu le sais pertinemment que tu me mens, lui annoncé-je. J'ai vu Miss Rose tout à l'heure et elle m'a dit que tu séchais les cours, que tu te prenais des heures de colles et même que tu te battais.

- C'est vrai cette histoire ? S'emporte son mentor envers elle.

Je vois en un seul instant que la descendante de l'air se retrouve dans l'embarras. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je sois au courant de ses conneries, mais étant sa référante jusqu'à sa majorité, je suis prévenue dès qu'elle dépasse les bornes.

- Oui... Euh... Bah qu'est ce que tu veux que je te dise ? Ils sont tous sur mon dos, fais ci, fais ça, comme toi ils n'arrêtent pas de m'engueuler. Je n'en peux plus, avoue-t-elle avec du chagrin dans la voix.

- Écoute, je suis désolée si tu crois que je te gueule tout le temps dessus...

En déballant cette phrase, je vois les yeux d'Iv et Ana qui en disent long et qui se braquent sur moi. Oui bon... C'est vrai, je n'arrête pas de lui crier dessus.

- Ce n'est pas ce que je veux, je te le jure, reprends-je.

- Et pourtant c'est bel et bien ce que tu fais. Dès que j'essaye de venir vers toi parce que j'ai besoin de te parler, ou de te confier quelque chose, tu m'engueules alors s'il te plaît, laisse-moi tranquille pour le moment, c'est tout ce que je te demande.

- Très bien... Si c'est ce que tu veux, lui réponds-je attristée avec les yeux humides.

C'est dur pour moi d'adhérer à sa demande, mais je le fais pour son bien. Je comprends que pour le moment elle ne veuille pas de moi, donc je vais la laisser respirer et on reprendra cette conversation au calme, quand les choses se seront tassées. William nous a rejoint tout frais au cours de ce dialogue qui, ma foi, ne s'est pas trop mal passé. Enfin... On a déjà vu bien pire. Il se prépare du blanc de poulet accompagné d'un féculent et de légumes, qu'il propose de partager avec moi, ce que j'accepte volontiers. Les autres se moquent gentiment de nous, tout en dévorant des parts faramineuses de pizza, mais on s'en fiche, on passe un moment agréable tous ensemble.

- C'est toujours non pour ce soir ? Insiste Iv auprès de son protecteur.

- Stop, vous n'allez pas venir avec nous à l'Apogée, ça suffit !

- Je me demande quand même, intervient Ana. Pourquoi vous refusez ? Non pas que j'ai envie d'y aller, mais qu'est-ce qu'il y a que vous ne voulez pas que l'on voit ?

Les garçons laissent tomber. Ils n'essayent même pas de nous expliquer, tout en continuant de refuser que l'on aille avec eux. Will me demande de l'accompagner dans sa chambre, avec notre repas.

- Il y a un soucis ? Demandé-je en répondant à son invitation à m'asseoir sur son lit désordonné.

- Je suis fier de toi.

- Ah oui, dis-je étonnée. C'est la première fois que tu me le dis...

- Tu as su parler calmement à Haizea, sans l'engueuler, sans prendre le dessus, et tu vois elle ne s'est pas braquée.

- C'est vrai, mais elle ne veut plus de moi dans sa vie.

- Elle est en colère, c'est normal, avoue-t-il. Mais elle va revenir vers toi, laisse-lui du temps comme elle te l'a demandé.

- Je sais que tu as raison, mais ça me fait mal.

- Attention, tu baisses ta garde devant moi, je commence à percevoir ce que tu ressens, ricane le bel eurasien.

- Oups, il faut que je me reprenne en mains alors !

- D'ailleurs, je me suis toujours demander... Pourquoi tiens-tu tant à me cacher ce qui se passe dans ton intérieur psychique ?

- Entre ton côté emphatique et notre lien, je n'ai pas envie d'être complètement nue, si tu vois ce que je veux dire.

- Je comprends.

- Comme toi, je veux garder mon jardin secret, lui lancé-je en me relevant.

On rigole brièvement ensemble à cette réponse, avant de retourner voir la bande qui a l'air de bien s'amuser.

- Au faite Iv, lance Ana. Pourquoi tu nous as pas présenté ton mec de cette nuit ?

- Je n'en avais pas envie.

- Tu sais qu'on est là pour t'écouter et non pas pour te juger, interviens-je.

- C'est juste qu'on a couché ensemble plusieurs fois et c'était sympa, mais pas assez pour que je le revois, même s'il avait un goût exquis, rigole-t-elle.

- Je suis trop jeune pour savoir ce genre de chose, envoie la benjamine en grimaçant avec un léger sourire qui m'a manqué.

Depuis la mort brutale de son grand amour Karl, durant un combat contre des créatures démoniaques il y a plusieurs années, Iv enchaîne les mecs comme si elle avait une liste sur laquelle était inscrit le prénom de chaque créatures angéliques qui l'intéresse sexuellement. Puis, une fois qu'elle a eu ce qu'elle voulait, elle le barre de cette fameuse liste imaginaire. Je trouve cette situation marrante et terrifiante à la fois, seulement je comprends qu'elle ne veuille plus aimer pour le moment.

- Je ne dis pas que je ne vais plus jamais donner mon cœur, ajoute-t-elle. Simplement, je ne suis pas encore prête à prendre le risque de perdre à nouveau la personne que j'aime.

- On comprend, dis-je en la serrant dans mes bras. Prends ton temps.

Notre déesse de l'eau me remercie. Le repas du midi passe assez vite, il est treize heures passé quand je me rends compte que je n'ai même pas fait le devoir que William nous avait donné à faire. Une rédaction sur ce que nous a apporté la lecture du livre de Simone Guède, « Les créatures magiques ont-elles le libre arbitre ? ».

- Tu n'as plus qu'une heure, me lance-t-il.

- Qu'est-ce qui se passe ? Intervient Ana.

- Rien, enfin... Avec tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, j'ai un peu oublié de faire la rédaction que Will nous a donné à faire.

- T'es sérieuse ? S'emporte Ivria qui a de très bonnes notes. Bon courage, parce que c'est compliqué.

Oh non, je suis vraiment dans la mouise. Je déteste l'école et même si j'adore faire des rédactions ainsi qu'écrire, je n'aime pas les sujets philosophiques. Je tente d'envoyer un regard d'alerte à mon protecteur, ce qui fait rire toute la bande.

- Ah non ! Tu te débrouilles Danie et tu auras la note que tu mérites, pas de favoritisme parce que je suis ton mentor !

- Will !

- Stop ! Je viens de te dire : Pas de traitement de faveur !

Bon, tant pis... Je n'ai qu'une heure pour faire le devoir. Je décide de laisser tout le monde partir vaquer à ses occupations, puis je m'installe dans le parc de détente du Sanctuaire afin d'être apaisée et... Bah détendue. D'où son nom. Je prends une grand inspIration pour que mes neurones ne m'abandonnent pas. Je suis contente, car j'arrive à écrire plusieurs paragraphes quand je suis interrompue par deux voix féminines, qui sonnent toujours dans une harmonie parfaite et réconfortante.