La Malédiction d'une Créature (T1)

♾ CHAPITRE 51 ♾

Nous sommes déjà lundi. Je décide d'abord de prendre ma douche avant d'aller manger, ce que je ne fais jamais en règle général, mais pour je ne sais quelle raison, j'ai un besoin terrible de me laver. Je frotte ici et là, puis je me m'habille de mon slim blanc taille haute et d'un chemisier fluide rayé blanc et ciel, que je noue en dessous de ma poitrine. Une fois apprêtée, je rejoins Ana qui est encore et toujours la première prête à faire sa journée.

- Déjà en train de travailler ? Demandé-je à la princesse de la Terre qui a attachée son carré en un chignon bas qui lui va parfaitement.

- Oui, il y a énormément de choses à faire avec le départ de tous ces soldats et professeurs à Hong-Kong. Des plannings à changer, des personnes à recruter, bref, je n'ai pas finie.

- En effet, ça en fait du boulot, avoué-je. Dis Ana, je peux te poser une question ?

- Bien-sûr, que se passe-t-il ?

- Est-ce qu'Azy se confit à toi sur certaines choses ?

Sans que je ne m'attende à cette réaction, l'intéllo de la bande semble complètement fermée et surprise que je l'interroge sur un tel sujet.

- C'est à dire ?

- Je ne sais pas, je me demande juste si elle te dit des choses à toi ou à Iv, qu'elle ne me dirait pas, c'est tout.

Albane recommence à être surprise et devient même affolée. Elle range son ordinateur à toute vitesse, elle prend ses affaires en m'assurant que non, que tout va bien et qu'Azy ne me cache rien. Pourtant, j'ai la sensation qu'il se trame un truc dans mon dos. Pourquoi personne ne veut me dire ce qui se passe ? C'est agaçant. Je suis alors retrouvée par Iv mais aussi Azy, qui semble s'être complètement remise de sa cuite de samedi soir.

- Excuse-moi Danie, me dit-elle. Tu as raison, je vais faire ce travail d'interêt général, je dois agir comme une adulte.

- J'en suis ravie. Et puis, ce n'est que pour un mois.

- Oui. Bon, j'y vais je ne voudrai pas être en retard en cours, à tout à l'heure.

La benjamine en profite pour croquer dans une pomme, avant de disparaître de notre vision. Iv et moi prenons le temps de déjeuner avant de se rendre ensemble à notre cours de littérature. 

La matinée est passée assez vite, je pense avoir réussi mon évaluation de botanique, donc je suis contente. Je marche dans l'immense couloir central, quand l'envie de répondre au message de mon mentor me démange soudainement. Je prends mon téléphone, et je lui envoie une réponse gentille, mais très distante à la fois. Je suis étonnée de voir qu'il me répond aussitôt et que l'on entame à partir de là, une conversation par message audio.

- Alors ta matinée ? Me demande mon mentor à plus de neuf mille kilomètres de moi.

- Ça peut aller, j'ai connu pire. Et toi ta journée, puisqu'il doit être aux alentours de vingt heures chez toi, c'est ça ?

- Exact oui, confirme-t-il. Elle s'est bien passée, ton père est super cool avec moi et le Sanctuaire de Hong-Kong est incroyable !

- Super, je suis heureuse pour toi si tu t'y sens bien.

- Oui, mais je dois avouer que je suis triste que tu sois si loin. Enfin, finit-il le message audio bizarrement.

Alors là, c'est ce qu'on appelle une surprise. Encore une marque d'affection provenant de mon mentor ? Jamais je n'aurai pu le croire si on m'avait dit que ça arriverai de nouveau. Nous continuons à discuter durant quelques minutes, quand il m'abandonne sans me répondre. J'en conclue qu'il a du s'endormir.

Une fois au réfectoire pour manger avec Ana et Iv, nous sommes surprises par l'arrivée de notre benjamine qui ne mange jamais avec nous le midi.

- Je peux vous accompagner ?

- Pourquoi poses-tu la question ? Rigole Iv. Tu sais très bien que tu es toujours la bienvenue !

- Je croyais que c'était la honte de manger avec nous ? S'interroge Ana.

- Rho ça va, se marre-t-elle. C'est juste que vous êtes plus vieilles que moi, donc... Vous êtes vieilles quoi, finit-elle.

Non mais quel toupet. Je lui fiche un léger coup de poing remplie d'affection sur l'épaule, puis nous reprenons notre conversation.

- Un jour, toi aussi tu auras notre âge, lui assuré-je.

- Ah ah, je n'ai pas hâte, grimace-t-elle. Tiens Danie, c'était toi que je voulais voir surtout, sans vous vexer les filles, fait-elle les gros yeux. Et si on allait au cours d'art martiaux de Caleb après manger, ça nous ferait bouger un peu, me propose-t-elle.

- Dois-je comprendre que je suis flasque ? Lancé-je en regardant mon ventre.

- Je n'osais pas te le dire...

- Non mais, dis-je la bouche grande ouverte et vexée.

- Je rigole, tu es parfaite comme tu es, mais j'ai besoin d'extérioriser ma colère et toi aussi !

- Tu as raison, ça fait longtemps qu'on a pas fait une activité toutes les deux, alors allons-y.

- Cool, je suis contente, mange-t-elle en gigotant.

- On est quand même vexées nous, rétorque Ana.

- Pas moi, lance Iv en croquant dans son bout de pain. Aïe, dit-elle alors que notre princesse de la terre lui a cogné le pied. Bah quoi ? Moi j'en veux pas de ton mentor, il me fait peur.

- C'est vrai qu'Azy et toi, vous avez les deux protecteurs les plus adorables du monde, alors qu'Ana et moi, soufflé-je.

- Euh, ne parle pas trop vite, m'assure la benjamine. Il ne faut pas croire que Gabriel est tout mignon, tout gentil ! Il est dur avec moi, même très dur.

- Et il y a moi, sourit Iv. Je n'échangerais mon mentor pour rien au monde !

Après ce repas instructif, révélateur, et très copieux, Azy et moi partons ensemble pour rejoindre le cours du mentor d'Ana, ce qui au fond l'arrange car au moins, il ne sera pas sur son dos à elle, mais sur le nôtre. Sacrée Ana.

Une fois arrivées en tenue dans la salle qui sert pour les sports de combats, on commence à s'échauffer.

- Toi qui aime être toute seule, ça m'a étonné que tu acceptes de venir avec moi, m'avoue-t-elle.

- Je n'ai pas envie de ruminer dans mon coin, il faut que je me change les idées pour éviter de penser à tu sais qui, rétorqué-je. D'ailleurs, on s'est parlés par messages vocaux tout à l'heure.

- Ah oui ? Et vous vous êtes dit quoi ?

- La routine, il va bien, je vais bien, haussé-je les épaules. Bref, ça reste quand même assez froid entre nous.

- Moi, je suis persuadée que cette distance va vous faire le plus grand bien.

- Oui, tout le monde en est certain donc on verra, dis-je. En tout cas, je suis heureuse d'être avec toi, tu m'as tellement manqué.

- Je suis contente de te tenir compagnie. Tu m'as trop manqué toi aussi.

C'est alors que l'ange de l'air se crispe une nouvelle fois le ventre, d'une manière assez violente.

- Encore tes règles ? Lui demandé-je paniquée.

- Oui, elles sont très longues et assez douloureuses ce mois-ci, mais ça va aller.

- T'es sûre ?

- Oui, grimace-t-elle. Mais dis moi, tu es sûre de ne pas être... Comment dire... Amoureuse de lui ? de William ? Se questionne-t-elle.

En ce moment, les filles n'arrêtent pas de me dire que j'ai des sentiments ou bien que je craque pour mon mentor, alors que pas du tout. Enfin... Je crois... Oh non...