♾ CHAPITRE 58 ♾

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Mes paupières sont lourdes. J'essaye tant bien que mal de les ouvrir, mais c'est difficile. Surtout avec cette migraine atroce et mon ventre qui me fait un mal de chien. Au bout de quelques essais, mes yeux retrouvent enfin la lumière de la vie qui me semble d'ailleurs très confuse. Je vois la princesse de la terre et la déesse de l'eau, chacune à mes côtés.

- Ana ? Iv ? Les appelé-je d'une voix faible et encore dans les vapes. Où suis-je ?

- Danie ! Enfin tu te réveilles, se réjouit calmement Ivria tout en caressant mon front chaud. Tu es à la maison de l'ombre. Tout va bien ne t'en fais pas, les soeurs de la pitié s'occupent très bien de toi.

- Comment te sens-tu ? Me demande Albane en me tenant la main droite.

- Mon ventre. J'ai si mal, dis-je en me tordant de douleurs. Ça fait combien de temps que je dors ?

- Cinq jours. Tu as fais un léger coma, me répond-elle tandis qu'Iv est partie prévenir les soeurs de mon réveil. Te souviens-tu de ce qui s'est passé ?

- Pas vraiment. J'ai fais un cauchemar horrible qui avait l'air tellement réel, grimacé-je sous les crampes horripilantes qui m'attaquent. Où est Azy ?

Le blanc qui s'installe de la part de ma meilleure amie ne me plaît pas. J'ai remarqué que ses yeux sont écarlates depuis mon réveil, et c'est à ce moment que tout me revient en tête. La journée, ma blessure et... Haizea. C'était bel et bien un cauchemar, mais un cauchemar complètement réel.

- Non, non, non, m'effondré-je de plus bel.

- Je suis tellement désolée... On ne pouvait plus rien faire pour elle, pleure Ana. C'était trop tard.

- Pourquoi me l'a-t-on enlevé ? Pourquoi je ne suis pas morte à sa place ? Demandé-je en fondant en larmes dans les bras de l'ange de la terre. Comment vais-je pouvoir vivre sans elle ?

- Arrête, aucune de vous n'auraient mériter de mourir, c'est injuste je le sais, s'emporte-t-elle. La vie nous l'a retirer brutalement, mais maintenant il faut qu'on vive pour elle, essaye-t-elle de me calmer.

Cependant, c'est sans succès. Laissez-moi me rendormir, s'il vous plaît. Je ne veux pas vivre dans un monde sans ma petite sœur à mes côtés, je ne peux pas, c'est au dessus de mes forces. Je me retourne dans ce lit d'hôpital blanc et fade, entourée de quelques machines auxquelles je suis branchée. Il y a des tuyaux qui sont plantés à l'aide d'aiguilles dans mes bras, et l'oxygène qui arrive dans mon nez me permet de mieux respirer. Je veux tourner le dos à mon amie, car c'est trop dur de la regarder. Je pleure encore et encore la perte de notre benjamine, qui est beaucoup trop jeune pour rejoindre les sept archanges. Enfin... Qui était. Non, je ne peux pas me résigner à parler d'elle au passé. Elle est... Elle était remplie de projets futurs et d'envies. Notre relation s'était enfin arrangée, pourquoi ? À quoi cela va me servir ? Je n'arrive pas à retenir les grosses larmes qui coulent à flots sur mon visage, pour finir leur course sur l'oreiller auquel je m'agrippe avec férocité.

J'entends vaguement quelques voix familières, ainsi que les sœurs de la pitié qui essayent tant bien que mal de m'examiner, quand je sens sur mon épaule la main douce et forte à la fois, d'une personne que je n'ai pas vu depuis très longtemps.

- Oh papa, m'effondré-je en tombant dans ses bras rassurants.

- Mon bébé. Je suis là maintenant, me console le soldat de lumière revenu d'Asie en me serrant très fort contre lui.

- Ça fait si mal... J'ai l'impression d'être détruite de l'intérieur.

- Je sais ma puce, mais je te promets que tu vas réussir à vivre avec ce vide. Le temps va guérir tes blessures, mais saches une chose : Azy sera toujours en toi !

- Alors pourquoi j'ai cette sensation que ma vie est finie ?

- Parce que c'est tout récent, il faut que tu fasses ton deuil et ça prendra du temps. Je vais rester là pour t'y aider.

- Tu ne repars pas en Asie ? Demandé-je légèrement rassurée, à mon papa qui m'a manqué.

- Pas pour le moment en tout cas, affirme-t-il. Bon, est-ce qu'une sœur pourrait me dire comment va ma fille ? Réclame-t-il sévèrement en se levant.

- Et bien, elle est passée à côté du pire, annonce sœur Marianne. Quand le messager de Satan lui a enfoncé le début de ses griffes dans l'abdomen, le peu de poison qui s'est déversé n'a pas eu le temps d'atteindre le cœur, grâce à la réactivité de Christopher qui nous la vite amener, explique-t-elle. Donc grâce au sérum angélique qui passe encore dans ses veines, il a pu être dissipé rapidement.

- D'accord. Et ensuite ? S'impatiente-t-il.

- En ce qui concerne la plaie et son énorme perte de sang, il va lui falloir beaucoup de repos et de calme pour récupérer, mais ça va aller pour elle.

J'aurai réellement préféré que ce soit moi qui y passe à la place de mon petit ange. Je sais que je me répète, mais je n'arrive pas à imaginer passer un seul instant sans l'avoir près de moi. Désormais, j'ai cette souffrance qui résonne dans mon cœur, mais aussi cette haine. Oui, j'ai la haine contre ces démons qui m'ont enlevés la prunelle de mes yeux, et je vous jure sur ma propre vie qu'ils ne vont pas s'en tirer si facilement. Je ferme mes paupières en regardant une dernière fois mon père, Ana et Iv, qui sont toujours à mon chevet. J'essaye de me reposer, quand je discerne qu'ils s'éloignent tous de moi afin de quitter ma chambre. Seulement, je sens qu'il y a quelqu'un d'autre dans cette pièce.

- Danie ? M'appelle doucement une voix que je n'aurais pas pensé entendre en réel avant un bon bout de temps.

Seulement, pour être tout à fait honnête, le son de cette voix est exactement ce dont j'ai besoin en ce moment. C'est la seule personne qui peut faire en sorte que je retrouve un semblant de goût de vivre, dans cette période chaotique.

La Malédiction d'une Créature (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant