♾ CHAPITRE 46 ♾

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Je tombe nez à nez avec la benjamine du groupe, qui n'a pas l'air bien du tout.

- Tu ne rentres que maintenant ? Lui demandé-je.

- Oui, je vais dormir.

- Haizea attends, continué-je en lui attrapant le bras. Tu as pleuré ?

- C'est rien, lâche-moi, s'énerve-t-elle à nouveau contre moi. Mais saches une chose, je n'ai maintenant plus aucune raison de rentrer tard. T'es contente ? M'envoie-t-elle avec brutalité.

Il n'aura fallu que quelques heures avant que la situation se dégrade à nouveau entre elle et moi. L'ange de l'air passe à côté de moi pour se diriger vers sa chambre désordonnée, alors je décide de la suivre. L'envie de riposter dans la même violence qu'elle me démange horriblement, mais après ces derniers jours bien trop mouvementés, j'ai compris que ce n'était pas la solution. Quand elle est dans cet état, il faut que je me freine et que je discute calmement avec elle pour savoir ce qui se passe, afin d'arranger la situation. Et puis, comme mon père me l'a toujours dit, il n'y a jamais de problèmes, seulement des solutions. Je m'assieds auprès de son corps frêle, couché sur le lit deux places, pour lui montrer que je suis présente pour elle. Il faut que notre guerre cesse pour de bon.

- Dis-moi qu'est-ce qui t'arrive Azy, je suis là pour toi !

- Parce que ça t'intéresse maintenant ? Rétorque la petite brune dont les cernes bleutées en disent long.

- Je te jure que ça m'a toujours intéressé ! Je suis désolée si depuis quelques mois, tu as eu l'impression que ce n'était pas le cas parce que ce n'est pas ce que je voulais, lui avoué-je. La relation que l'on avait avant me manque terriblement, mais je ne sais pas quoi faire pour la rétablir.

Le petit bout de femme me fixe un petit moment, quand par la plus grande des surprises, elle me tombe littéralement dans les bras. Elle pleure encore et encore, sans que je ne sache pourquoi.

- Je m'en veux tellement Danie, excuse moi, s'effondre-t-elle. Je me suis sentie abandonnée et je n'ai pas trouvé d'autre moyen que de me croire au dessous des gens, au dessus de toi, se confit-elle. J'ai toujours conscience de mes actes et dans ma tête c'était la seule chose à faire pour que tu me remarques de nouveau, mais jamais au grand jamais je n'ai voulu te blesser comme la dernière fois.

Ces paroles me font le même effet qu'un coup de poignard dans le ventre.

- Oh... Je te demande pardon, mon intention n'était pas que tu te sentes délaisser, affirmé-je. Je te fais la promesse de me calmer, de prendre sur moi et de t'écouter plutôt que de m'en prendre méchamment à toi. Je sais bien que tu n'as jamais voulu me faire de mal, c'est oublié.

- Tu me manques tellement, avoue-t-elle toujours dans mes bras. Mais depuis ta séparation avec David, j'ai l'impression que tu ne laisses plus de place pour les sentiments, que tu es froide et en colère.

Il faut dire que la benjamine vient de marquer un gros point. C'est marrant qu'elle me parle de David aujourd'hui, sachant ce qui s'est passé tout à l'heure.

- Tu n'as pas tort. On va dire que c'est une forme de protection pour moi, mais je n'aurais pas dû te le faire payer, j'ai été égoïste et rien au monde ne pourra excuser le comportement que j'ai eu avec toi, durant ces dernières années.

- Je n'ai pas été très gentille non plus, et le pire, c'est que c'était volontaire. À mon tour, je te fais la promesse de redresser mes notes et d'avoir une attitude exemplaire, fini les heures de colles et la bagarre.

- Je suis fière de toi, lui assuré-je. Maintenant, raconte-moi ce qu'il t'arrive, s'il te plaît.

Je sens bien qu'Haizea a encore du mal à se confier à moi, mais j'insiste le plus possible pour qu'elle m'ouvre à nouveau son cœur. Au bout de quelques essais, elle arrive enfin à me dire quelques passages de sa vie, et je ne m'attendais pas à ce qu'elle me cache quelque chose d'aussi important même si honnêtement, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

- Attends, tu es amoureuse et je ne suis même pas au courant ? Quoi que, c'est de ma faute après tout...

- Le truc, c'est qu'il m'a quitté lâchement comme tous les autres.

- Ne dis pas ça, il y a des hommes bons sur terre j'en suis sûre, essayé-je d'être convaincante. Tu étais avec lui depuis longtemps ?

- Presque huit mois et j'étais persuadée que j'allais finir ma vie à ses côtés, mais je me suis faite avoir comme une débutante.

- Je sais ce que tu ressens, crois moi. Au début ça fait très mal, mais je te promets que tu vas guérir et trouver un homme digne de toi. Il faut que tu l'oublies et que tu te concentres sur ce qui fait de toi un être extraordinaire.

- J'avais tellement envie de t'en parler tu sais, mais comme les choses se sont dégradées entre nous, j'ai préféré me taire. Tu ne m'en veux pas ?

- Non, je comprends au contraire, la serré-je contre moi. Ma petite sœur est amoureuse et je ne l'ai même pas remarqué, je suis vraiment un boulet.

- Arrête, tu ne pouvais pas savoir, j'ai tout fait pour que ça ne se voit pas, avoue-t-elle. Merci Danie, je me sens tellement mieux.

- Et moi donc, je ne supportais plus cette situation, m'exclamé-je. Bon, il est temps de dormir, je vais te laisser tranquille.

- S'il-te-plaît, reste avec moi jusqu'à ce que je m'endorme comme quand j'étais petite, me demande-t-elle. Je sais que je suis trop grande désormais, mais je n'ai pas envie d'être toute seule. Pas ce soir.

- D'accord, endors-toi.

Mon petit ange s'installe tranquillement dans ses draps près de moi, puis elle ferme ses yeux marrons dorés paisiblement pour rejoindre le pays des rêves. Je reste comme convenu à côté d'elle le temps qu'elle s'endorme, puis je m'échappe une fois qu'elle est dans son sommeil le plus profond en lui donnant un léger baiser sur le front.

- Je t'aime, lui glissé-je avant de sortir de sa chambre pour rejoindre la mienne.

En accédant à mon antre, je suis cette fois-ci légèrement bousculée par Ivria qui est très bien accompagnée.

- Oh... Danie... Tu t'es réconcilié avec Azy ? Me demande-t-elle à moitié à poil dans les bras d'un beau gardian basané, en caleçon, dont je ne connais même pas le nom.

- Oui tout est réglé, lui assuré-je un peu gênée.

- Génial, c'est une bonne nouvelle, me saute-t-elle dans les bras. Ah... Euh, je te présente Joaquim, un étudiant de Ben. Joa, voici la talentueuse, « l'incroyablissime » descendante de l'élément du feu, que tu connais déjà.

 - Grave, on entend constamment parler de vous quatre, vous êtes des légendes, lance timidement le coup du soir de notre sirène.

- Enchantée Joaquim, je vais vous laisser tranquille je suis crevée, dis-je en bayant. Amusez vous bien !

Et bien ça, c'est ce qu'on appelle une situation embarrassante, mais amusante à la fois. Son petit Joaquim a un très beau hâle et ses grand yeux noir sont très attractifs, c'est sûrement un brésilien ou un cubain. J'entre dans mon petit palais qui commence à être un peu en bazar. Il est quand même temps que j'aille dormir, car demain il faut que j'arrange la situation entre William et moi, avec qui je ne peux pas rester en froid éternellement. Je sens notre lien qui s'active dans mon corps, je suppose que c'est parce que le stress de savoir comment notre condition va évoluer m'envahit toute entière. Je me calfeutre sous ma couette épaisse que je garde chaque jour de l'année, même par canicule, afin de récupérer un peu de sommeil. Je vois sur mon téléphone que l'heure tourne à toute vitesse, j'espère que je ne vais pas refaire mon cauchemar même si honnêtement, je connais déjà la réponse à cette interrogation...

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now