La Malédiction d'une Créature (T1)

♾ CHAPITRE 63 ♾

Je regarde le portrait d'Azy qui trône sur le buffet. Je le caresse, tout en lui parlant.

- Pardonne-moi pour ce que je vais faire, chuchoté-je.

Puis je sors. Je vérifie que je ne vois personne, malgré que j'ai la sensation qu'on m'observe... Je monte dans la voiture et je démarre. Le trajet a été assez rapide, je me gare à la même place que la dernière fois quand je vois beaucoup de monde qui attend pour entrer. J'inspire une dernière fois, je remets du gloss sur ma bouche en me regardant dans le rétroviseur impeccablement nettoyé, puis je sors afin de passer une soirée, sans être entourée, scrutée, surveillée, ou protégée. À vrai dire, ma conscience me dit que je fais n'importe quoi, et je le sais. Seulement, je préfère écouter ma petite voix intérieure qui me conseille de lâcher prise et de laisser la vie me mener là où je dois être, c'est à dire à l'Apogée. Du moins pour ce soir.

Il est onze heure cinquante-neuf. Je m'avance vers l'escalier qui mène à l'entrée de la boîte, quand j'entends un sifflement. Je tourne sur moi-même et j'aperçois Actaya qui est contre le mur, un peu plus loin. La nuit est chaude mais humide, la brume qui réside m'empêche de la voir entièrement.

- Pile à l'heure, dit-elle en regardant son téléphone. Prête pour passer une soirée que tu n'oublieras pas ?

- Tu m'as réservé quelque chose ?

- On va simplement dire que tu as choisi le bon jour pour venir, me sourit-elle.

- Je ne comprends pas.

- Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est « La Nuit de la Brume », et ça n'a rien à rien avec le temps d'aujourd'hui, me lance-t-elle en fumant une dernière fois sa cigarette qu'elle écrase cette fois-ci, contre le mur. Allons-y !

Ok, je ne capte rien à ce qu'elle est en train de me dire, mais je m'en fiche. Tant que je peux oublier ma vie et mes problèmes, je ne dis pas non.

- Au faite, tu n'as prévenu personne pour ma venue ?

- Non, je n'ai pas envie d'avoir William sur le dos, il me tuerait s'il savait que tu es là sans lui.

- Parfait, on est d'accord au moins, grimacé-je.

Actaya me fait passer par la porte arrière. Je dépose mes affaires dans son bureau personnel, tandis qu'elle me passe un shot qui contient un alcool rosé.

- Qu'est-ce que c'est ? Lui demandé-je.

- Un simple alcool, fais-moi confiance.

En règle générale, je suis une fille sérieuse et je ne bois pas ce que l'on me donne. En même temps, je n'ai confiance en personne sauf en moi-même. Seulement ce soir, j'ai envie de braver toutes les règles. Je bois cul-sec le petit verre, quand le goût exquis de cette boisson envahit toute ma bouche. C''est un mélange entre un bonbon à la fraise et de la rose. Je ne sais toujours pas ce qu'il y a exactement à l'intérieur, mais je veux en reprendre. Cependant, la nymphe me demande de la suivre jusqu'à l'entrée de la boîte, que je connais déjà.

- Maintenant, me fixe-t-elle. Va t'amuser, oublies tes problèmes, et lâche-toi !

- Merci Actaya, lui souris-je.

Je n'attends pas avant de descendre les escaliers en acier, pour finir sur la piste de danse qui est bondée de monde. Je fixe le bar en repensant à Luke, à cette soirée, à sa mort... Il y a pleins de genres de musiques différents, entre ceux des années deux-mille, quatre-vingt, en passant par les chansons récentes ou encore celles des années folles, il y a de quoi faire. Je me sens bien, je ferme mes yeux en dansant sur le rythme des musiques qui s'échappent des hauts parleurs et qui sont remixées par un DJ, pendant près d'une heure.