La Malédiction d'une Créature (T1)

♾ CHAPITRE 85 ♾

- C'est dingue, lance Ben très attentif à notre lecture à voix haute. Au moins, ça confirme le fait que Tara avait quelque chose en plus et qu'elle est reliée à toi, Danie.

- Euh, se crispe Caleb en regardant derrière nous. Will, il y a tes soeurs !

C'est dans un moment de panique qu'on se retourne tous, pour observer les jumelles qui se tiennent là, debout, dans les archives.

- Mais qu'est-ce-que vous faites là ? S'énerve leur frère.

- On n'a pas cru un mot de l'histoire à Danie, alors on vous a suivi pour savoir ce que vous maniganciez, annonce calmement Yeta.

- Dégagez d'ici, gueule-t-il de plus bel en tirant ses deux soeurs à l'extérieur de la pièce.

- NON ! On peut vous être utile en montant la garde par exemple, on ne vous embêtera pas c'est promis, intervient Chera.

William revient nous expliquer la situation, quand on lui affirme tous, que ce n'est pas une mauvaise idée. Il n'est pas très chaud à l'idée de mêler les jumelles à cette histoire, ce que je comprends, mais puisqu'elles sont là, autant qu'elles participent. Bien positionnées à leur poste, mon mentor s'installe de nouveau avec nous autour du pupitre, pour continuer à écouter notre lecture, quelques pages plus loin.

- C'est flippant, s'inquiète Iv. Mais moi ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi nous n'avons pas une part démoniaque en nous ?

- Vu tout ce qui se passe en moi, je suis sûre de l'avoir cette part, avoué-je tristement.

- Arrête, tu n'es pas mauvaise Danie, ça suffit ! S'emporte-t-elle.

- La réponse doit se trouver à l'intérieur, intervient Ana. Il faut continuer à lire et je suis d'accord avec Ivria, tu es une bonne personne, n'en doute jamais.

- Prenez tout ça, s'incruste mon mentor. On ne peut pas rester indéfiniment ici, il faut que l'on parte !

William a raison. C'est trop risqué pour nous, mais aussi pour ses soeurs qui sont devant. J'embarque les manuscrits et les livres contre ma poitrine à l'aide des filles, puis nous partons de la salle des Archives avant de se faire coincer.

- Hum, que se passe-t-il ici ? Lance madame Truffeau qui est juste devant nous.

- Eh, intervient Caleb. Notre bibliothécaire favorite, dit-il en balançant son bras autour d'elle. J'ai quelques questions à vous poser.

Le mentor d'Ana, pour qui craque la vieille dame, l'a dirige à l'inverse de nous en nous faisant signe de vite nous en aller, ce que l'on ne tarde pas à faire. J'ai bien compris tout ce que je viens de lire, et j'ai déjà entendu parlé de ce démon, j'ai toujours eu un contact particuliers avec ce " mot " qui raisonne d'une manière étrange en moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. Une fois rentrés à la maison, on pose tout sur le sol de notre salon. Ben et Will nous aident à pousser les meubles pour que l'on soit plus à l'aise. Je possède toujours la clé de la salle des archives et il faut la remettre en place.

- Tiens, dis-je en tendant le crochet en bronze à mon mentor.

- Merci, tu viens avec moi la remettre en place ?

J'acquiesce à sa demande, puis nous partons ensemble ranger l'objet dans le vase avant que son père ne s'aperçoive de sa disparition. Une fois la manoeuvre faite sans aucun soucis et surtout sans échange de paroles entre lui et moi, nous retournons à la maison. Il commence à se faire tard, Caleb nous a rejoint après nous avoir délivré de madame Truffeau qui rêve d'une nuit torride avec le beau gardian, puis il nous propose un apéro amélioré, histoire que l'on se détente après toutes ces découvertes.

- Sois honnête, t'as déjà couché avec Truffeau ? Hein ? Lui demande Ben en rigolant et en ouvrant des boîtes apéritifs.

- Non mais t'es pas bien ? Crie Caleb déconcerté. Elle a soixante-dix ans, au moins !

- La maturation c'est pas si mal, ajoute Will qui explose de rire.

- T'es horrible, lui lancé-je en grimaçant et en le frappant amoureu... Euh amicalement.

- C'est vrai, continue Ben. Elle avait quelle âge déjà ?

- Quarante-cinq et moi quatorze ou quinze ans je crois, annonce-t-il.

- Cette fameuse femme avec qui tu as perdu ta virginité ? Lui demandé-je.

- Euh... D'où tu connais cette histoire ?

- Laisse tomber, rigolé-je. Ce n'était quand même pas très mature de ta part...

- J'étais jeune et stupide, ok ? Sourit-il.

Ce moment de rigolade me fait beaucoup de bien, et pendant qu'ils continuent de préparer la soirée, les filles et moi décidons d'aller prendre une bonne douche chaude. Après une dizaine de minutes à réfléchir à ma vie sous le torrent bouillant qui détend merveilleusement mes muscles, je sors pour me sécher, quand je suis terrifiée par l'apparition de mon mentor, assis sur mon lit.

- Will ? Mais qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ? Dis-je surprise en agrippant ma serviette pour ne pas qu'elle tombe.

- J'aimerai qu'on parle seul à seul mais vas-y habille-toi, ne fais pas attention à moi.

Déconcertée par la personne qu'il est, je lui demande qu'il s'éloigne afin qu'il me laisse mon intimité. Même si pour être honnête, cela ne me dérangerait pas tant que ça qu'il voit quelque chose, mais ce n'est pas la question. Le prenant avec humour, l'eurasien se dirige vers la fenêtre de ma chambre par laquelle il observe la forêt, en essayant de lancer quelques regards sur ma personne, ce que je démasque directement en lui demandant d'arrêter. Une fois mon pull et mon short de pyjama enfilés, on s'assoit tous les deux pour enfin discuter de cette journée et sûrement de notre matinée.

- Je n'ai pas été cool avec toi ce matin, commence-t-il gentiment. Je pense que tu dois être perdue...

- C'est vrai, je ne comprends pas ton attitude. Tu m'embrasses sans que je ne t'ai rien demandé, puis tu me repousses. Explique-moi.

- Je ne sais pas quoi te dire, c'est sûrement l'adrénaline de la situation qui m'a fait craqué... Il y avait la chaleur du volcan, celui de ton corps, cette fois-ci je n'ai pas réussi à résister.

- Tu regrettes ?

- On n'aurait pas dû... Mais ce serait te mentir que de te dire que je regrette.

Les paroles de mon mentor me font rougir, mais elles ne m'aident toujours pas à assimiler la situation et surtout, la nature de notre relation.

- Je suis tout aussi pommé que toi tu sais, m'avoue-t-il.

- Comment allons-nous faire ?

- Je n'en sais rien, me fixe-t-il.

Il est tellement confus que lui même ne sait pas ce qui se passe dans sa tête. Cependant, je ne peux pas m'occuper de cette histoire pour le moment, nous avons tous bien plus important à gérer. On se regarde intensément, quand sans que je ne m'y attende, il s'approche de nouveau jusqu'à moi...