♾ CHAPITRE 57 ♾

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- NOOOON AZYYYY PITIÉÉÉÉ, hurlé-je de nouveau en m'écroulant auprès de ma petite sœur. Je t'en prie, tu dois ouvrir les yeux...

- J'ai donné tout ce que j'ai pu, je te le jure, se justifie son mentor les yeux remplis de larmes et le corps douloureux.

- Je sais Gabi, je sais, lancé-je en caressant son visage.

Alors  que l'eau salée se ne fait pas prier pour couler encore et encore sur mes joues ternies par le sang et la saleté, je prends mon meilleur ami dans mes bras, avec notre benjamine préférée toujours inconsciente sur le relief en béton. Albane et Ivria se rapprochent pour s'unir avec nous devant cette terrible image débordante de douleurs, entourées de Caleb, Ben et de Chris, mais aussi de Miss Rose, Mike, Loukas, Lazar, plusieurs soldats de lumière de la garde ou encore de tous les élèves de l'école, les jum's, et même Astrid et Vickie. Et à cet instant, j'entends un léger son sortir de la bouche d'Azy, qui réussit à ouvrir son magnifique regard dont le violet qui a toujours été puissant... S'éteint petit à petit...

- Hey mon ange, comment te sens-tu ? Demandé-je en larmes en prenant les joues fanées de couleurs de ma petite sœur.

- Tu... Tu saignes, bafouille-t-elle en posant délicatement sa main sur mon abdomen.

- Ce n'est rien, mens-je une nouvelle fois. Accroche-toi, d'accord ?

- J'ai... J'ai mal, sanglote-t-elle. Et j'ai pe... Peur.

- Économise tes forces. On va te ramener à la maison de l'ombre et on va te sortir de cet enfer !

La benjamine plonge son regard larmoyant dans le mien. À ce moment là, un léger sourire naît sur son visage badigeonné de son sang et du mien.

- Non, répond-elle en crachant du sang. Je... Je vais mourir et tu le... Le sais, m'annonce-t-elle.

- ARRÊTE ! JE T'INTERDIS DE DIRE UNE TELLE CHOSE ! Tu... Tu ne vas pas mourir, TU NE PEUX PAS ! Ne me laisse pas Azy, pitié bats-toi ! Je ne veux pas que tu partes, reste avec moi, balancé-je rapidement tout en éclatant en sanglots.

- Mon... Mon heure est venue, continue-t-elle de cafouiller. Je... Je suis désolée de... De tout le mal que je t'ai causé. Pardonne-moi, marmonne la benjamine entre plusieurs soupirs.

- Non, non, non, j'ai besoin de toi, je t'en supplie Haizea, tu dois lutter contre le poison, essayé-je d'insister en pleurant à chaudes larmes.

- C'est... C'est trop tard, lance-t-elle dans une compréhension absolu de la scène, tandis que son corps froid se met à trembler. Je voulais que... Que tu sois fière de moi. Je... Je ser... Je serai à jamais auprès de toi, continue-t-elle de susurrer en versant quelques larmes avec le peu de force qui lui reste. Tu... Tu es et tu resteras ma... Ma grande sœur pour l'éternité, caresse-t-elle mon visage.

- J'ai toujours été fière de toi, tu n'avais pas besoin de me le prouver !

- Il... Il y a tant de choses que tu ignores, avoue-t-elle. Tant...Tant de secrets que... Que je t'ai caché. Je suis désolée, pleure-t-elle de plus bel.

- PITIIIÉÉÉ ! Ne pars pas c'est trop tôt, reste avec moi mon ange ! Je t'aime tellement, PITIÉ, PITIÉ, pleuré-je encore plus fort en serrant ma petite sœur contre mon abdomen ensanglanté.

- D... Danie, je... Je dois te... Te dire quelque chose...

- Chut, tu me le diras quand tu seras guérie, affirmé-je avec naïveté. PAR PITIÉ, TU DOIS GUÉRIR !

- Je... Je s... Suis...

- Azy ? L'appelé-je en la secouant légèrement. Non non Azy non, murmuré-je avec la plus grande douleur du monde à son oreille sans la moindre réponse. HAIZEEEEAAAA !

C'est en cet instant que je comprends malgré moi... Que c'est la fin pour ma petite soeur. Je pose ma main sur son cœur transpercé, tout en me balançant d'avant en arrière d'une manière frénétique, pour ressentir les quelques derniers battements de vie de mon petite ange adoré. Sa respiration ralentit de plus en plus, ses yeux sont toujours ouverts mais ses pupilles d'un violet brillant et vibrant deviennent noir. Un noir terne, macabre, et vide comme le néant. Je prends la décision de fermer ses paupières en continuant de la serrer le plus fort que possible dans mes bras, quand je discerne sur ma joue humidifiée par mes larmes, le dernier souffle de la vie de ma petite sœur, qui vient de s'éteindre pour toujours dans mes bras. Le plus gros cri de douleur que je n'ai encore jamais poussé sort durant plusieurs secondes, mon petit ange toujours contre moi.

- NOOON, NOOON, NOOON, hurlé-je en larmes. RENDEZ-LÀ MOI ! VOUS N'AVIEZ PAS LE DROIT DE ME LA PRENDRE, PITIÉ, RENDEZ-LÀ MOI, RENDEZ-LÀ MOI, crié-je en regardant le ciel encore rouge démoniaque.

- Elle est morte, me dit Gabi dont les larmes s'échappent sur ses joues, tout en essayant de m'éloigner du corps sans vie de ma petite soeur. Tu te vides de ton sang Edana, il faut qu'on te conduise à la maison de l'ombre !

- LÂCHE-MOI, hurlé-je de toute mes forces sur le gardian en le poussant violemment et en me retournant vers l'ange de l'air. LAISSE-MOI MOURIR AVEC ELLE !

Pourquoi ? Pourquoi m'infliger ça maintenant ? Qu'est-ce que j'ai fais d'aussi horrible pour qu'on me retire ma petite sœur de cette manière ? J'ai mal, si mal que j'ai l'impression que mon cœur va exploser de l'intérieur et que la seule solution est que je la rejoigne. Je suis là, par terre, avec le corps inerte d'Haizea dans mes bras, toujours collé contre ma personne. Je ne comprends pas. Je veux qu'elle me revienne, mais il est trop tard. Elle est morte. Morte. MORTE. Je ne veux pas y croire. C'est un cauchemar. Je vais me réveiller et voir son magnifique sourire, sa générosité, sa gentillesse, sa fougue et sa jeunesse. La douleur est si intense. Je souffre sans en plus finir, le déchirement est tellement violent que je sens ma tête qui part toute seule. Mes yeux deviennent flous et en un fragment de secondes, l'adrénaline envahit mon corps qui se vide de plus en plus de tout mon sang. Je lâche lentement mon petit ange pour déposer sa tête délicatement sur le sol, et je me relève avec difficulté. Sans que personne ne puisse faire quoi que ce soit pour moi, je pars dans un sprint infernal en direction des sentiers interdit de la forêt, malgré les cris d'angoisses de mes amies que j'entends derrière moi et mon ventre ouvert que je ne sens même plus. Je cours encore et encore en faisant naître des feux immenses et dangereux sur mon passage, jusqu'à me stopper en plein milieu de la brume macabre et épaisse qui m'enveloppe, et des arbres gigantesques qui me survolent pleinement.

- ALLEEEZ, MONTREZ-VOUS BANDE DE LÂCHES, hurlé-je à plein poumons en espérant recevoir la visite des créatures démoniaques qui sont en train de disparaître du ciel. ALORS QUOI ? VOUS AVEZ PEUR DE MOI ? Continué-je. UNE SALE RACE DE MERDE ! VOILÀ CE QUE VOUS ÊTES ! Gueulé-je en tournant sur moi-même tout en regardant là-haut. MOI JE N'AI PAS PEUR DE VOUS, ALORS VENEZ M'AFFRONTER, détonné-je de plus en plus fort alors que les flammes s'approchent violemment de moi sans que je ne puisse les arrêter.

Je reprends douloureusement ma respiration, quand je sens que je commence à perdre pied. Ma tête tourne à nouveau, j'ai envie de vomir alors que la chaleur de ma colère fait bouillir le peu de sang qu'il me reste. Je me vide abondamment de ce liquide rouge. La blessure commence à s'infecter quand je titube en m'appuyant contre un tronc d'arbre encore sain. Ma vision se brouille totalement pourtant, j'entre-aperçois Chris avant que la scène ne devienne un énorme trou noir, tout autour de moi. 

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now