La Malédiction d'une Créature (T1)

♾ CHAPITRE 64 ♾

- WILLIAM ? Crié-je en abaissant ma robe et en remontant les fines bretelles du bustier. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- On s'en va, me lance-t-il sévèrement. Dépêche-toi !

- Sûrement pas non ! Ici j'oublie tout, je n'ai même plus mal à l'intérieur de moi.

- PARCE QUE TU ES DROGUÉE EDANA, hurle-t-il en s'approchant de moi et en me balançant mes affaires. On s'en va ! Quant à toi, ajoute-t-il envers Greg. Tu ferais mieux de partir en courant avant que je ne t'arrache tes dents une par une !

- Ça va t'énerve pas, j'y vais, répond-il en reboutonnant son pantalon et en s'en allant.

- JE TE DÉTESTE, gueulé-je plus fort que lui en lâchant quelques larmes. Je suis bien ici, je ne veux pas rentrer !

- C'EST UN ORDRE, s'emporte-t-il en m'attrapant le bras violemment.

Seulement, il est hors de question qu'il me dicte ma vie. Je le bouscule fortement, puis je me mets à courir tout en enlevant mes chaussures à talons pour aller au milieu de la piste de danse, toujours autant immaculée de monde. Je tente de me cacher tout en respirant la brume qui me procure ce bonheur absolu, quand je remarque la présence de Caleb et de Ben, qui sont avec plusieurs soldats de la légion de lumière. Ils discutent entre eux tout en me fixant, mais je ne m'empêche pas de m'amuser.

J'attrape deux ordinaires qui commencent à me mordiller le cou, ce qui me procure un plaisir infini. Je les embrasse sans contrôler les moindres de mes gestes qui sont sous l'emprise de la drogue, mais je m'en fiche. Je voulais braver toutes les règles interdites et je crois que j'ai réussi. Je ne calcule plus la présence de mon mentor et de ceux des mes deux meilleures amies, quand une alarme retentit dans la boîte de nuit. La musique se stoppe, tout comme la brume qui continue d'humidifier mon corps d'une manière excitante. William réapparaît et m'attrape par la taille pour m'obliger à le suivre.

- NON, LÂCHE-MOI, lui crié-je.

- ARRÊTE, hurle-t-il. Tu es en train de faire n'importe quoi !

Je le sais, mais ça me plaît. Les soldats sont en train de parler avec Actaya qui risque d'avoir de sérieux ennuis.

- Ils vont fermer la boîte, nous informe Caleb. Depuis quand elle vaporise de la drogue pendant la nuit de la brume ? S'interroge-t-il.

- Je ne sais pas, avoue mon mentor. Mais à mon avis, la fermeture va être définitive.

Pendant qu'ils discutent, je tente de m'échapper, mais je suis arrêtée par deux soldats de lumières qui m'empêchent de passer. Ce soir, j'ai vraiment une attitude de bébé.

- Poussez-vous, crié-je. Allez !

Seulement, William me choppe par la nuque tandis qu'il me guide jusqu'à la sortie du lieu, sans mon consentement.

- Danie, intervient Ben. Ça ne te ressemble pas d'agir de la sorte, s'inquiète-t-il.

- On sait que la période est compliquée pour toi, ajoute Caleb. Mais de là à te laisser entraîner dans un merdier pareil, ce n'est pas toi.

J'entends ce qu'ils me disent, mais ils ne peuvent pas imaginer ni même comprendre la douleur qu'il y a au fond de moi.

- J'AI MAL PUTAIN, hurlé-je violemment en m'effondrant. Haizea est morte, MORTE, VOUS ENTENDEZ ? Et Gabriel a disparu en m'abandonnant ! Je n'en peux plus de cette douleur, de cette vie à la con, de mes pouvoirs inexistants ! Pourquoi vous ne voulez pas le comprendre ?

- Et tu penses réellement que de venir ici, te droguer et faire n'importe quoi va t'aider à surmonter ta peine ? Me gueule l'eurasien.

- Will, l'attrape Caleb. Calme-toi, ça ne sert à rien de t'en prendre à elle.

Mon mentor se défait de l'emprise de son frère de cœur, tout en marchant en se tenant la tête. Je pleure toutes les larmes de mon corps, quand sans que je ne m'y attende, il se rapproche de moi pour me serrer contre lui.

- J'y arrive pas, lui avoué-je. Je veux juste qu'elle revienne, je veux qu'on me la rende.

- Je sais, me répond-il calmement. Je suis désolé, je te promets de t'aider à remonter la pente.

Cependant, je suis toujours sous l'effet du LSD et de l'alcool mélangé, qui sont à leur maximum. La terre continue de tourner, tandis que j'ai toujours cette sensation de voyager à côté de mon corps, puis l'envie de vomir s'empare de moi. Je cours jusqu'à trouver un recoin pour tout faire sortir. Mon protecteur m'aide en tenant mes cheveux devenu poisseux par la brume, puis il me passe des mouchoirs et de l'eau afin que je puisse me rincer.

- Rentrons, me dit-il.

Je le fixe et je décide de lui obéir car j'ai envie d'être dans mon lit. C'est Caleb qui va prendre la voiture d'Ana pour la ramener à notre maison. Oh non... Les filles... Elles vont me détester, surtout en voyant l'état dans lequel je suis ! Mon maquillage a totalement coulé, mon teint habituellement hâlé est blafard comme la neige et mon corps est complètement humide.

Je crois que je me suis endormie durant le trajet, car nous sommes déjà devant la bâtisse.

- On y va, me dit-il.

- Non, je vais me faire engueuler.

- C'est possible, mais je serais là.

- Tu m'as disputé.

- C'est normal, ricane-t-il de nervosité. Tu t'es mise dans un danger sans nom ce soir.

- Je sais, c'était le but.

- De risquer de ta vie ?

- Oui.

- Danie...

Cette conversation ne rime à rien. Je détache ma ceinture, puis je m'approche de la porte d'entrée que je vois en double. Je titube toujours, car d'après les dires de mon mentor, le mélange de la drogue et de l'alcool va mettre du temps à se dissiper de mon organisme. William s'apprête à ouvrir, quand je l'en empêche.

- Quoi ? Me dit-il.

- Laisse-moi deux minutes s'il-te-plaît, soufflé-je.

J'ai besoin d'inspirer un bon coup. J'essaye de me concentrer, mais je n'y arrive pas. Je regarde mon protecteur avec des yeux écarlates et mes pupilles rouges complètement dilatées, quand il ouvre la porte pour m'aider à entrer, suivi de Caleb et de Ben. J'entre et je croise les regards de mes meilleures amies, qui sont en larmes. Cependant, elles ne sont pas seules. Il y a mon père qui annonce un air très déçu, Miss Rose qui est en colère contre moi, mais aussi Astrid, qui est à l'origine de l'apparition de mon mentor dans la boîte de nuit.

Et oui... Elle a trouvé bizarre que je lui demande le numéro d'Actaya, alors elle m'a surveillé sans que je ne le sache. Elle m'a vu partir... Merde. C'était donc elle la personne qui m'observait. Elle a prévenu William car apparemment, elle s'inquiétait pour moi. Personne ne parle, je les fixe en versant des larmes, puis je laisse tomber mes affaires sur le sol afin d'aller m'allonger dans mon lit, car je ne me sens pas bien du tout. Mon mentor me suit, il m'aide à me coucher dans ma tenue actuelle, suivie d'Albane et d'Ivria qui tentent de me parler.

- Pourquoi as-tu fait ça ? Pleure la princesse de la terre. On était mortes de trouille, les garçons sont arrivés en trombe avec Astrid ! Ils nous ont réveillées parce que tu avais disparue ! On a trouvé ton portable sur l'îlot de la cuisine, t'es inconsciente ou quoi ?

- Désolée, bafouillé-je à moitié dans les vapes.

- C'est tout ce que tu trouves à dire ? Intervient Ivria tout aussi chamboulée. « Désolée » ?

- Stop les filles, c'est pas le moment. On va la laisser dormir, elle est sous l'influence du LSD, annonce mon mentor.

- PARDON ? gueule mon père. ELLE S'EST DROGUÉE ?

- Involontairement, je vais tout vous expliquer.

Tout me paraît brouillon, ma vision comme les paroles qui s'échappent autour de moi. J'ai très mal à la tête, tandis que mon corps est engourdi. Je ferme mes paupières lourdes, car je sais que je dois dormir pour éliminer l'effet de l'alcool, mais surtout de la drogue que j'ai consommé sans le vouloir.