♾ CHAPITRE 43 ♾

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Je ne comprends pas ce qui se passe. Il est toujours trop occupé à fixer la baie vitrée, qui est juste derrière moi. Pourtant, en tentant de me retourner, il me retient brusquement.

- Ne te retourne pas, me lance-t-il en serrant mon poignet droit qu'il a ramené violemment vers lui.

- Qu'est-ce qui se passe Will ? tu me fais peur, lui avoué-je paniquée.

- Il y a des hommes de l'Organisation Secrète qui traînent autour du bar. Il faut partir.

- Quoi ? Mais attends, on ne peut pas partir comme des voleurs, on a même pas payé.

- Akela le mettra sur ma note, c'est pas grave. Viens, dépêche-toi !

L'eurasien fixe le patron de cet endroit cher à mon cœur, qui comprend en posant ses yeux à l'extérieur de son bar que quelque chose est en train de se produire. Il nous oblige à nous diriger discrètement vers le comptoir. Il nous montre une porte qu'il cache précieusement à l'arrière de la bâtisse, qui mène au parking souterrain où se trouve le 4x4. À toute vitesse, mon mentor me choppe par le bras et il me traîne jusqu'à la voiture, pour m'ordonner de m'enfermer à l'intérieur.

- Pour une fois Danie, obéis-moi s'il te plaît. C'est pour ta sécurité, ce n'est pas un jeu !

- Mais tu vas faire quoi toi ? L'interrogé-je, alors qu'il se dirige vers le coffre arrière.

- Ce pour quoi je suis né. Te protéger, annonce-t-il. Et faire mon boulot alors tu restes là, ne bouges pas !

Le jeune homme, qui se laisse pousser la barbe un peu plus longue, ce qui lui donne un côté encore plus sexy et mystérieux, enfile tout son attirail de soldat de lumière en fonction. Entre son pantalon noir qui enveloppe d'une façon sublime son fessier rebondi, et son tee shirt tout aussi noir à manches courtes très près du corps et moulant très joliment son torse sculpté au millimètre près, cela laisse apparaître ces tatouages derrière ces deux avants bras. Représentant une flèche qui pointe pour le bras droit, le symbole de la force et pour le gauche, le symbole de la liberté, ils sont tous les deux faits en caractères chinois. Il y a aussi les chaussures de sécurité, le gilet pare-balle gravé avec le blason du Sanctuaire, son arme à feu, son pique d'ange dont la pointe est enveloppée de sérum angélique qui peut tuer les créatures démoniaques, et ses oreillettes qu'il connecte à son téléphone pour prévenir les soldats de ce qui se passe dehors, on peut dire qu'il est très bien équipé.

Il me regarde une dernière fois, quand je l'entends vaguement dire que le parking est encerclé d'agents de l'organisation secrète et de gendarmes spécialisés dans la capture des créatures magiques. Je commence à craindre la scène qui risque de se dérouler sous mes yeux. William ne pourra pas s'en sortir tout seul tant que les renforts ne seront pas là, il a besoin de mon aide. Je décide de continuer à faire ma tête de mule, et de ne pas l'écouter. Je sors de la voiture pour l'aider à se débarrasser des soldats, tous vêtus de blanc de la tête aux pieds, avec quelques prises d'arts martiaux qu'il m'a appris. Je cours pour tenter de retrouver mon mentor, quand je me cogne violemment contre un individu qui je le sens, me fixe derrière son casque blanc scintillant. C'est une fois qu'il retire celui-ci, que le choc me glace littéralement le sang.

Je reste tétaniser sur place à la vue de ce visage, qui me rappelle de très mauvais souvenirs. Je n'en crois pas mes yeux, j'étais persuadée que jamais plus je ne re-croiserais ce regard un jour. Et pourtant, il est bien là en train de se tenir devant moi, vêtu comme un agent de l'organisation secrète, ce qu'il est forcément devenu.

- Bonjour Danie, me dit le beau blond aux yeux d'un bleu foncé, avec une voix que j'ai mis deux années à oublier.

- David ? Lancé-je complètement pommée. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je ne pensais pas te revoir un jour, avoue-t-il. Et surtout pas dans ces circonstances.

- C'est réciproque, dis-je simplement. Alors voilà la raison pour laquelle t'es parti du jour au lendemain, tu es passé à l'ennemi.

- Je suis terriblement désolé de m'être enfui sans rien te dire, je le regrette.

- Si tu le dis. En attendant t'es là pour me tuer ou pour m'embarquer et me ramener à l'organisation, alors vas-y qu'est-ce que tu attends ?

- Arrête, je n'ai aucunement l'envie de le faire donc pars, dépêche-toi !

Je suis abasourdie par cette rencontre inattendue, perturbante et qui fait remonter pas mal de mauvais souvenirs à la surface. Je m'interroge aussi sur le fait qu'il me laisse partir sans rien tenter envers moi.

David et moi, c'est une très longue histoire qui ne mérite même pas d'être expliquée en détail. Seulement, il a été pour moi mon seul vrai amour, mais aussi ma plus grande douleur émotionnelle et sentimentale. Notre histoire n'a pas duré si longtemps et pourtant, l'amour qui nous unissait et que je pensais vrai, a été très intense. Du moins de mon côté... Tout se passait pour le mieux, mais il y a deux ans alors que je venais de fêter mes dix-sept ans, je me suis réveillée et il n'était plus là. Il était parti sans même me dire pourquoi, puis ne m'a plus jamais donner de nouvelles de lui. J'ai senti à cette période sombre comme si mon cœur s'arrachait de ma poitrine. Je l'aimais d'une force tellement vive que j'ai bien cru que le monde s'écroulait sur ma personne. J'ai laissé passer le temps, et grâce aux filles, Gabi, mon père, mais aussi à William qui sans s'en rendre compte, m'a permis de ne plus penser à lui par le travail qu'on réalise ensemble et de m'en sortir sans trop de séquelles. Je ne veux plus jamais ressentir ce déchirement et je ne le souhaite à personne, même pas ma pire ennemie.

Je le regarde encore une fois, quand je vois plusieurs fourgons noirs du Sanctuaire qui s'arrêtent précipitamment autour de moi. En quelques secondes, plusieurs soldats de lumières suivis de près par Caleb, Ben, Gabi et à ma grande surprise, Astrid, sortent des voitures pour commencer à se défendre et à établir notre protection, enfin surtout ma protection. Je tourne autour de moi-même pour guetter mon mentor qui ne tarde pas à me surprendre par derrière, et à m'entourer brutalement par la taille pour me faire rentrer de force dans un fourgon blindé de notre établissement. Je croise à ce moment son regard colérique, et je sais pertinemment que je vais avoir de gros problèmes.

William ferme le véhicule pour que je ne puisse plus en sortir, mais je scrute la scène par la petite fenêtre avec discrétion pour ne rien louper de ce moment. Entre bagarre et utilisation des armes, il faut avouer que les gardians sont très doués, même la petite peste. Pourtant, les agents de l'organisation secrète et les gendarmes sont bien trop nombreux pour eux et j'ai peur qu'ils ne s'en sortent pas. C'est pour ça que je décide d'intervenir par mes propres moyens, en utilisant mon don. Je me concentre fortement sur nos adversaires, je ferme mes paupières et j'imagine pendant plusieurs secondes, leur cerveau en ébullition en train de brûler à l'intérieur de leur crâne. J'ouvre à nouveau mes yeux quand j'aperçois les agents en blanc, qui se tiennent tous la tête entre leurs mains en se tordant de douleur, et en s'écroulant à terre alors que du sang coule à torrent de leurs oreilles. Tous les gardians en profitent pour remonter à bord des fourgons. Mon chef reprend quant à lui son 4x4 et nous repartons en direction du Sanctuaire à grande vitesse. Accompagnée de plusieurs soldats qui me sont inconnus d'un point de vue personnel, le trajet me semble bien plus long qu'à l'allée. J'ai la trouille de ce qui va se passer par la suite. Je connais mon binôme et vu le regard qu'il m'a lancé tout à l'heure, je vais vraiment m'en prendre plein la figure, pour rester polie. C'est à ce moment que je sens le fourgon qui se stoppe. J'examine le paysage qui me montre le Sanctuaire par la même fenêtre que tout à l'heure, quand la porte du véhicule s'ouvre rapidement...

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now