♾ CHAPITRE 65 ♾

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J'ai du mal à ouvrir mes paupières, la lumière du jour me cogne violemment la tête. Je frotte mes yeux encore maquillés, puis j'observe le lieu dans lequel je suis. Je ne me souviens pas vraiment de cette nuit, je ne sais plus comment je suis arrivée ici, ni même ce que j'ai pu faire. Je m'assois sur le rebord de mon lit, quand j'ai la sensation que le monde tangue encore. J'ai soif, il me faut de l'eau. Je me lève doucement, j'enlève ma robe collante en me regardant dans le miroir. Aïe, on dirait un raton-laveur sortant d'une machine à laver. J'enfile mon ensemble de jogging gris avant d'aller dans la cuisine, qui est déjà occupée.

Je sors avec la peur au ventre de savoir ce qui va m'arriver, quand des flashes de la soirée réapparaissent dans mon esprit. Oh non... Qu'est-ce que j'ai fais ?

- Bonjour, me lance mon père qui est encore en colère. Tiens, une aspirine et un verre d'eau, prends-les.

Je ne parle pas, j'obéis simplement à papa en avalant le cachet et le contenant du récipient en verre. Je sens que les regards sont tous braqués sur moi, quand en me retournant vers le salon, je vois Miss Rose, les filles, ainsi que Mike et William.

Quand je stresse, j'ai cette fâcheuse manie de frotter violemment mes bras, ce que je fais maintenant sans réfléchir. Je m'approche de tout le monde en inspirant, puis je commence à parler.

- Je... Hum... Je ne sais pas quoi vous dire...

- L'Apogée va être définitivement fermée, m'annonce la doyenne. Quant à Actaya et son équipe, ils vont être jugés pour leurs pratiques illégales. Une fois qu'Actaya aura purgé sa peine, elle sera expulsée de notre territoire.

- Je suis désolée, lancé-je simplement avec de grosses larmes dans les yeux.

- Heureusement qu'Astrid a eu la bonne idée de garder l'oeil sur toi, intervient mon mentor.

- Pourquoi tu nous as pas parlé ? Sanglote Ivria. On est là pour toi Edana, on a déjà perdu Haizea alors je t'en prie, arrête tes conneries, MERDE !

- Je sais que ça va être dur à comprendre, mais j'avais besoin de faire n'importe quoi, de perdre la notion du temps et de tout oublier, avoué-je. Je sais que j'ai déconné et je vous demande pardon à tous.

- Tu devrais passer devant le juge toi aussi, puisque tu as consommé de la drogue, m'informe mon père. Mais Mike a réussi à te sortir de ce pétrin.

- Merci à vous, lui lancé-je.

- C'est pour mon fils que je l'ai fais. Je ne veux pas qu'il est de problèmes à cause de ton comportement inadmissible.

L'eurasien ne dit plus rien. Il a la tête baissé, quand j'essaye de le stimuler en lui parlant.

- William ? Je sais que j'ai dépassé les bornes... S'il-te-plaît, acceptes mes excuses.

- En effet, me regarde-t-il avec des larmes dans les yeux. Cette fois t'es allée beaucoup trop loin, mais le pire dans cette histoire, c'est que je m'en veux à moi-même. C'était à moi de veiller sur toi et j'ai même pas été foutu de le faire. Je suis un mentor pitoyable.

- Non arrête, j'ai trompé tout le monde ! Je suis allée voir Actaya en cachette, tu ne dois pas t'en vouloir, je t'ai manipulé, assuré-je. Je vous ai tous manipulés et j'en suis désolée !

Cette phrase fait du mal à Albane qui s'effondre totalement. Je m'accroupis auprès d'elle en prenant son visage dans mes mains et en essuyant l'eau salée qui coule sur ses joues, tout en continuant de lui présenter mes excuses.

- Je vous jure de ne plus jamais recommencer, affirmé-je avec sincérité. Maintenant c'est toi, Ivria et moi à jamais, d'accord ?

- On t'aime Danie, suffoque-t-elle. On a eu si peur pour toi !

- Je sais, pardonnez-moi, la serré-je contre moi en attrapant Ivria pour qu'elle participe à notre câlin groupé.

À vrai dire, je m'attendais à pire. Je pensais être engueulée de tous les côtés, mais c'est de la tristesse et du chagrin qui s'échappent de la maison. J'ai déçu les personnes les plus importantes de ma vie, mais je compte bien me rattraper.

- Je te laisse une dernière chance, m'annonce Miss Rose. Si tu dérapes ne serait-ce qu'une seule fois, je vais être obligée de sévir et de laisser le conseil s'occuper de ton cas.

- D'accord. Je vous promets de ne plus faire n'importe quoi, merci.

- Le mensonge et la manipulation ne font pas partie de notre monde Edana, me balance-t-elle en se relevant. Ressaisis-toi !

Je fixe mon père qui est toujours déçu de moi, quand mon mentor me demande de le suivre. Il doit me parler. À chaque fois que William me demande pour qu'on se parle seul à seul, j'imagine la pire des choses, comme ça été le cas quand il m'a dit qu'il partait. Qu'est-ce-que ça va être cette fois ? 

Nous partons tous les deux en direction du grand parc de l'école.

- Donc, tu voulais me dire quelque chose ? Commencé-je la conversation.

- Oui, je ne sais pas si le moment est bien choisi, mais je voulais que tu l'apprennes de moi avant que toute l'école ne soit au courant.

- De quoi parles-tu ?

- Gabriel. Il est revenu hier dans la soirée pour prendre toutes ses affaires et il est parti.

- Comment ça, « il est parti » ?

- On a essayé de le retenir, mais on a rien pu faire.

- Mais... Je ne comprends pas, pourquoi il est parti ? Et... Pourquoi sans rien me dire ?

- Il est malheureux par rapport à la mort d'Haizea. Je crois qu'il a besoin de s'éloigner d'ici pour faire son deuil.

- D'accord, je peux le comprendre, mais il aurait pu venir me dire au revoir avant de s'enfuir, balancé-je en levant la voix.

- Je sais Danie, mais il n'arrive plus à croiser ton regard, il s'en veut beaucoup trop. C'est pour cette raison qu'il a préféré t'écrire une lettre, m'annonce l'eurasien en me tendant une enveloppe manuscrite sortie de sa poche arrière. Une dernière chose, il n'a pas pris son téléphone.

Je n'arrive pas vraiment à assimiler ce que vient de me dire William. Ça semble si irréaliste et pourtant c'est si réel que j'ai envie d'en pleurer, encore. Je prends la lettre que mon protecteur me donne afin de l'ouvrir et de découvrir cette feuille, qui tient les derniers mots de mon meilleur ami.


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 À la lecture de cette lettre, les larmes ne peuvent pas s'empêcher de dévaler sur mes joues. Même si je comprends son choix, je dois bien admettre que j'ai mal. Je sais pas si je vais réussir à tenir sans lui, et sans mon petit ange perdu.

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now