Mutante - Tome 1

Chapitre 5-1 : Caligo

L'arme se tenait devant moi, brillant à la lumière bleue électrique des pierres lumineuses. Je restais plantée là, les yeux écarquillés. Je m'attendais à tous sauf à ça. Mon cœur battait la chamade à la vue de l'objet qui avait nourri mon imagination.

Je me repris, ravalant difficilement ma salive, puis finis par avancer. J'enjambais les débris à mon tour et avançais vers le centre de la pièce, ou plutôt de la grotte. On aurait dit qu'un trou énorme s'était formé dans la roche. 

Je passais mes doigts sur les parois dures et froides, mais pourtant douces. L'air sentait étrangement le musc. Ma mère m'attendait devant le gros bloc de pierre, attendant ma réaction. 

J'observais l'épée, laissant mes maigres souvenirs remonter à la surface. Elle était exactement pareille que dans mon imaginaire, elle n'était même pas rouillée ou abîmée par le temps, au contraire elle semblait on ne peut plus neuve.

Je restais stupéfaite devant ses détails, sa majesté et sa beauté.

L'épée était argentée, parcourue de quelques lignes sinueuses gravées et entremêlées. Le manche était fabriqué dans un bois spécial, du moins, je ne l'avais jamais vu. 

Il était bleu marine, parcouru de petites lignes sombres, lui proférant un côté mystérieux jusqu'à la garde. Ses extrémités courbées repartaient vers la lame.

Je remarquais une cordelette attachée au pommeau, qui tenait un coutelas plus petit que ma main. Cette mini épée possédait un petit fourreau, sur lequel était inscrit « Caligo », tout comme sur la mini-lame. Le tout en Scriatés.

J'observais plus attentivement le métal et passais doucement mes doigts dessus, me coupant au passage, mais j'essuyais vite rapidement la goutte de sang. Un frisson parcourut mon corps et ma vue se brouilla un instant. 

Je fixais ma main un instant, interloquée. Mais je me ressaisis et continuais d'observer la lame. Des petites fentes ondulées la parcourait ici et là. J'avais la drôle d'impression que l'épée dégageait une sorte d'énergie, ou d'aura.

Je jetais un coup d'œil interrogateur à ma mère en désignant les traces et elle sortit son téléphone pour faire une lumière avec son flash. Les gravures ressortirent, mais malgré leur similitude avec les Scriatés, elles ne signifiaient rien.

– Elle appartenait à ton père, dit doucement ma mère avec un sourire.

Je tournais la tête, attendant d'autres réponses.

– Elle s'appelle Caligo, cela signifie brume, continua-t-elle.

J'émis un petit hoquet de surprise. Alors c'était ce que voulais dire le mot inscrit sur la petite épée ?

– Elle était à papa, murmurai-je en caressant la lame du bout des doigts, imaginant mon père en train de tenir cette épée.

Il bougeait comme la brume, m'avait dit Lucy.

– Mais pourquoi est-elle ici ? commençai-je, un espoir apparu soudainement dans mon esprit.

Ma mère savait où était mon père ? Mais si son épée est là, cela veut-il dire que lui était... mort ? Non, cette possibilité là, je ne voulais absolument pas la concevoir.

– Elle est arrivée sur le pas de la porte il y a plusieurs années, me rassura ma mère. Je ne sais pas qui, ni comment, mais le fait est que quand j'ai ouvert la porte, ce gros coffre était devant. Et je ne sais pas si cela signifie que Daniel est encore vivant, ou... bref, j'ai l'impression qu'il me l'a confiée pour que tu puisses l'avoir un jour. Je ne l'ai pas touché depuis, il ne vaut mieux pas.