Chapitre 39-4 : Indécision

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Je les regardai tour à tour, essayant de les persuader par mon regard. Ils avaient tous l'air indécis, mais Abel m'accorda sa confiance.

– Si tu le dis. Il faut donc agir très rapidement.

J'eus un sourire quand il prononça ces paroles. Cela m'étonnait, et mon cœur se réchauffa.

– Bon, admettons, concéda Nami. On fait comment ?

– Lorsque les Mutants désactivent le fluide, ils ont un moment d'inconscience, récita Achille. Donc il faut agir pendant ce laps de temps.

– Mais comment saura-t-on quand il arrêtera de l'utiliser ? protesta Brit.

– Je m'en occupe, décidai-je.

Ils me jetèrent les mêmes regards que tout-à-l'heure. Je n'étais pas sûre d'avoir leur confiance, mais il fallait que j'essaie. Quand j'étais assez proche, je pouvais sentir son fluide. Donc, logiquement je le sentirais aussi quand il le désactivera. Il ne nous resterait plus qu'à agir rapidement. C'était l'un des grands points faibles des Mutants, mais difficile à exploiter si on ne savait pas comment ils utilisaient leur fluide. Ce qui n'était pas mon cas.

– Il faut seulement que je me rapproche, précisai-je.

– De combien ? demanda Nami, passant directement aux données techniques.

– Je ne sais pas vraiment. Mais la distance entre lui et moi avant qu'il ne me projette contre le mur suffit.

– OK, fit Brit. Et on fait quoi après ?

– C'est à ce moment là qu'il faut agir, donc à voir où il sera quand il désactivera le fluide, annonça Achille.

– Devant la grille, prédit Nami. Il faut qu'il soit devant la grille.

Nous la regardâmes sans comprendre.

– Pourquoi ? protesta Abel. Au contraire, il faut l'éloigner de la grille !

– Tu as raison Nami ! s'exclama Achille. Quand nous sommes montés là-haut, et que le Mutant s'est reposté devant son nid, nous avons vu que son dos arrivait à la bonne hauteur devant le trou.

C'est pas vrai. Ils étaient tarés ! Je fus effarée en comprenant l'idée de Nami. Les autres aussi.

– Vous êtes fous ! s'écria Brit. On ne peux pas monter sur le dos de l'airavata, il nous éjectera directement !

– Pas s'il est confus à cause du fluide. Même inconscient, on aura qu'à se servir de lui comme un rocher. Ce sera du gâteau ! s'exclama Nami en souriant.

– Et vous comptez vous servir des arbres comme escalier peut-être ? se moqua Abel.

Nami hocha vivement la tête, à ma grande surprise. Abel plaqua sa main sur son visage, exaspéré, et poussa un râle.

– Vous êtes suicidaires ! Les arbres ne sont pas assez proches, et c'est beaucoup trop dangereux d'essayer de lui faire approcher.

– Tu as oublié les lianes, lui fit remarquer Achille. On peut s'aider d'elles, moi j'y arriverai.

– Tu en es sûr ? demanda Brit, timorée. Même, c'est beaucoup trop risqué ! Et puis, comment vous comptez transporter la boite ?

– Il suffit de l'accrocher avec d'autres lianes. Ça ne sera pas un problème, affirma Nami.

– C'est quand même sacrément imprudent, dis-je en secouant la tête. Il y a beaucoup trop de risques mortels.

– Ça vaut le coup d'essayer ! contredit Nami. Moi je suis partante, alors sinon, vous vous terrez en attendant que le temps imparti s'écoule.

Nous nous regardâmes tous, nous jaugeant du regard.

– Tu dois avoir raison, admit Brit en soupirant. On improvisera le reste sur place. Bon, déjà il faut aller jusqu'au Mutant, ou en tout cas pas loin. Mais pas de risques inutiles, d'accord ?

Nous hochâmes tous la tête, et nous levâmes. Enfin, pour moi ce fut en geignant de douleur. Bouger me faisait toujours mal. Abel prit Caligo sur son dos, me faisant protester.

– Arrête ton char ! Tu as super mal au dos, tu ne vas pas porter ton arme en plus ! Je vais en prendre soin, me fit-il avec un clin d'œil qui me fit lever les yeux au ciel.

Mais j'acceptais son aide avec joie. Comme quoi, Abel pouvait se montrer vraiment gentil. A moins que cela ne soit que parce que je les ralentissais. Ça devait être une des raisons principales. Brit passa en éclaireuse, et Nami et Achille se mirent d'accords pour m'aider. Nous traversâmes tout le long de la jungle en longeant le mur de la serre, et arrivâmes au bout d'une dizaine de minutes près du Mutant. Il ne nous restait plus beaucoup de temps.

– OK, fit Nami. Amy, comme endroit ça te va ?

J'avais une petite vue sur une partie du Mutant, un bout de patte. Je fermais les yeux quelques secondes, et ressentis le fluide. C'était bien ce que j'avais pressenti. Il passait par ses pores, et j'étais capable de savoir où est-ce qu'il l'utilisait le plus. Sur la tête centrale, c'est de la qu'il provenait. 

Cela me fit prendre conscience d'une chose. Un Mutant avait toujours une faille, le fluide ne pouvait pas couvrir tout son corps. Mais avec trois têtes, c'était une autre histoire. Je fis part de ma réflexion aux autres, et ils étaient d'accords avec moi.

– De toute façon, on va quand même attendre qu'il arrête de l'utiliser, remarqua Nami. Donc, on grimpe dans les arbres au signal d'Amy, on couvre Achille. Toi tu essaies d'aller sur le dos du Mutant, ou sinon tu chopes une liane. D'accord ?

– Attends, fit Abel. On ne sait pas si le Mutant est prêt du trou ou non. S'il n'y ait pas, tu comptes faire comment ?

Nami poussa un râle, elle n'avait pas envisagé cela. Nous pensions avoir une vue assez dégagée d'ici, mais nous ne voyons pas grand-chose.

– Il y a trop de « si », fit remarquer Brit, revenant sur sa position. C'est trop risqué.

– Non ! s'écria Achille. C'est notre chance, il faut la saisir ! Il faut au moins essayer.

– Même si cela te coûte la vie ? rétorqua amèrement Brit. Peut-être qu'il faut renoncer, finalement.

Elle avait l'air résignée, contrairement à tout-à-l'heure.

– Non, il faut tenter, intervins-je. Mais si vous voyez que c'est trop dangereux, vous arrêtez, OK ?

Ils acquiescèrent ensemble, ce qui mit tout le monde d'accord. Nous parlâmes du plan encore quelques minutes, puis nous tûmes. Il ne restait plus qu'à attendre que le Mutant arrête son fluide. Je fermai alors les yeux, me concentrant.

Je sentais toujours l'énergie le traverser. L'airavata s'agitait. Il restait immobile, ancré sur ses pattes, mais je sentais ses têtes scruter frénétiquement les alentours. Je fermais les yeux, rassemblant ma concentration. J'entendais mon cœur battre la chamade, mais n'y fis pas attention. Je restai attentive, isolant cette seule sensation de chaleur qui émanait autour de lui. Mes yeux se rouvrirent, la chaleur se dissipa.

– GO.

***

Fin du chapitre 39 ! Alors, pensez-vous que leur tentative sera un succès ou se soldera par un échec ? 

Bonne chance à tous ceux comme moi qui passent prochainement des examens !

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now