Chapitre 31-2 : Peur

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J'avais été irritée par les conseils de Miller, qui ne voulait pourtant que m'aider. La colère avait pris le dessus sur moi, encore une fois. Toutes mes émotions étaient décuplées, j'étais submergée. J'avais l'impression de me noyer, de suffoquer.

Immédiatement, je voulus m'enfuir. Mon instinct prenait le dessus. Se rendant vite compte de la situation, Miller me parla à voix basse pour me garder calme. Mais je voulais fuir, poussée par l'instinct, qui me criait qu'un danger planait au dessus de moi. Si je voulais survivre, il me fallait fuir ! Me cacher ! 

Je reculai de quelques pas, tandis que mon professeur essayait de se lever en douceur. D'un côté tout mon être voulait déguerpir, de l'autre j'étais paralysée par une émotion étrange. Un mélange de peur et d'étonnement. J'avais conscience de ne rien avoir à craindre avec Miller, mais sans que je ne parvienne à l'expliquer, mes jambes voulaient courir. J'étais totalement déstabilisée par ma vue, Caligo tomba au sol dans un bruit métallique, même si j'eus l'impression que l'épée avait changé.

Mon dos me tirait de plus en plus, me faisant haleter. Une partie de mon cerveau m'intimait de ne pas bouger, l'autre voulait s'enfuir d'ici et se cacher dans un endroit sombre. Un endroit où je ne risquerais rien. Miller était debout, mains levées devant lui, comme pour calmer un animal enragé. La partie raisonnable fut plus forte que l'instinct, et je tentai de faire disparaître le fluide. 

Je me forçais, m'empêchant de bouger. J'arrêtais carrément de respirer, bloquant ma poitrine. Je fixais un point devant moi, sans relâche. Allez, arrête ! Arrête ! 

Je fermai les yeux, tentant une autre tactique. Enfin, cela ne servait pas à grand chose, puisque je voyais toujours à travers mes paupières. Même si c'était légèrement plus flou, remarquais-je. Je finis par rouvrir les yeux, plus calme. Les battements de mon cœur avaient quelques peu ralentis, même si je pouvais toujours sentir mon sang affluer à une vitesse déraisonnable.

J'entendis un cliquetis, me faisant sursauter, et je compris que Miller avait pris une photo de mon visage. Le fluide disparut alors, car la curiosité de voir la photo l'emporta soudainement. J'avais changé d'émotion en moins de quelques secondes. Le détail que j'avais oublié par contre, c'était que je m'évanouissais après la désactivation du fluide. Foutu détail.


Je rouvris les yeux quelques minutes plus tard, assise sur le sol. Miller me tenait les bras comme ci nous discutions, et j'étais dos aux autres groupes. Il me scrutait avec inquiétude. Quand il s'aperçut que je m'étais réveillée, je pu lire du soulagement dans ses prunelles noisettes. Il me fallut quelques secondes pour retrouver mes esprits, et ma mémoire.

J'attendais alors avec impatience la photo, avant de me rendre compte de ce que j'avais fait.

– Pardon, m'excusai-je. Je me suis emportée beaucoup trop soudainement. C'est la colère, je suis fatiguée et... 

Miller afficha un sourire en coin, me faisant signe que je n'avais pas à me justifier. Il n'était en aucun cas blessé, ce qui me rassura au plus au point. Et personne ne s'était rendu compte de ce qu'il s'était passé. Il me montra la photo qu'il avait prise avec son polaroid. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me sorte un vieux machin pareil. Surtout avec la technologie des Lumières. Comme s'il lisait dans mes pensées, Miller m'expliqua pourquoi il avait pris ça.

– Il existe de nombreuses inventions qui permettent d'avoir les fichiers numériques des appareils, aussi bien les photos que les messages, etc. Ils sont très utiles pour les missions d'infiltration et autres. Mais ils sont interdits à l'usage commun pour des questions de vie privée. Sauf bien sûr aux...

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now