Chapitre 34-4 : Hantée

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Fréquentes et longues. C'est vrai, je n'y avais pas songé. Une minute, si cette nuit c'était bien trois heures, alors... Oh mon dieu ! J'avais l'équivalent d'un Mutant de niveau 7 ou 8 ! Zéphyr dut lire la frayeur sur mon visage, car il se plaça de façon à ce que les autres ne me voient pas. Je du mettre mes mains sur mon visage pour ne pas crier. Ce n'était qu'une supposition, ça ne voulait rien dire ! me convainquais-je 

– Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota-t-il, en fixant mes prunelles.

– Je... mon niveau a augmenté, murmurai-je en avalant difficilement ma salive.

Zéphyr comprit ou je voulais en venir.

– Non, attend. Tu calcules par rapport à un Mutant. Or, eux ne s'évanouissent pas après. Donc ce n'est pas comparable, d'accord ?

Je hochais frénétiquement la tête, cherchant désespérément une solution, une explication. Zéphyr parut rassuré, et concentra à nouveau son attention sur le combat. Je restais plongée dans mes pensées, cherchant à déterminer laquelle des propositions était la meilleure. L'inconnue, enfin la plus grande, c'était que je ne savais pas ce qu'il poussait dans mon dos.

Heureusement, nos chambres et salles d'eau n'étaient pas équipées de caméra. La close de l'intimité interdisait cela. Nous avions cherché les endroits ou il y en avait, pou être sûrs de ne pas être espionnés, par exemple quand je discutais de mon cas avec mes amis. Ou quand nous évoquions la mission de mon père, celui de Zéphyr, le Livre Z. D'ailleurs, la jeune fille blonde était toujours en train d'affronter Tina, prenant l'avantage.

Je ruminai toujours, absolument pas concentrée sur ce qu'il se passait. Je pourrais envisager la proposition qui me plaisait, dans le cas ou rien ne forcerait ma décision. Comme une activation du fluide de plusieurs heures. Je me massai la nuque, fatiguée de devoir avoir peur de moi-même. J'annonçai à mes amis que je n'en pouvais plus, et que j'allais prendre l'air. Lucy et Zéphyr me regardèrent d'un air soupçonneux, mais ne firent aucun commentaire. Tant mieux.

Je ramassai mes affaires, et sortis du gymnase. Ou pouvais-je aller ? Ou pourrais-je avoir la tête assez claire pour réfléchir calmement ? Ma vue dériva sur le feuillage, et la réponse apparut comme une évidence. La forêt. Je pénétrais donc entre les arbres, vers mon endroit favori. L'étang. Je croisai quelques élèves sur le chemin, la plupart en groupes, ou alors d'autres faisant leur footing. Je vis alors que l'étang était occupé par un groupe de personnes. 

Tant pis, je me mis à chercher un autre endroit. Je tombai sur un morceau de forêt plutôt agréable, et glissai le long d'un tronc. J'étais en fait pas loin du périmètre ou se trouvait l'entrée supposée du sous-sol. Il y avait tellement de choses à faire et si peu de temps ! Je restai plantée là, les yeux perdus dans le vague.

Puis un craquement de branche attira mon attention. Je vis au loin l'ombre d'un oiseau chercher des graines sur le sol. Un sourire se dessina tout doucement sur mon visage. Qui n'as jamais rêvé de devenir un animal ? Leur vie était tellement plus simple, ils ne ruminaient pas toute la journée à cause des autres, d'une parole, d'un acte. 

L'oiseau noir s'avança de plus en plus vers moi. Il cherchait toujours à manger. Je fermai les yeux, cherchant le calme. Vider mes pensées. Évidemment, je n'y arrivais pas !

Les images de mon précédent rêve apparurent devant moi. Je revoyais le visage de cet homme, celui de Judithe. Je me revoyais en train de paniquer sur la chaise, face à ce Mutant. Je rouvris soudainement les yeux, la panique m'avait submergé. Et vous savez-quoi ? Le fluide avait décidé de s'en mêler. Je voyais de nouveau le monde qui m'entourait comme en infra-rouge. Je me levais brusquement, cherchant inconsciemment une cachette.

J'entendis un un bruit. Un bruissement de feuille, venant non loin. Puis un autre craquement de branche. Je n'eus pas le temps de me demander l'origine des sons, décidant instinctivement qu'il me fallait me cacher. Problème : je me trouvais dans une forêt. Puis l'évidence m'apparut. Je ramassai Caligo et ma besace, les jetai sur mon dos par réflexe. Comme un écureil gardant ses noisettes au chaud.

Je me retournai, cherchant le meilleur arbre. Je jetai mon dévolu sur un grand bouleau. Sans même y faire attention, je sortis les griffes. Littéralement. J'étais comme en communion avec moi-même, je savais quoi et comment faire. 

Je les plantai dans l'écorce rugueuse, et une fois assurée que la prise était solide, je poussai sur mes pieds. Je grimpai très rapidement dans l'arbre, et me perchai sur quelques branches plus haut. Puis j'entendis des voix approcher.

Un groupe de cinq personnes avançait, gloussant et s'exclamant haut et fort des paroles que j'eus du mal à comprendre. Sans doute à cause du fluide. Quand il s'en fut allé, je voulus redescendre. Mais le point de vue nouveau que j'avais me convainquits de rester en hauteur. Puis au lieu de rester stoïque, je décidai d'avancer dans les arbres. Je sautai de branche en branche avec une étonnante facilité et agilité.

J'arrivai à contrôler mes mouvements et mes pensées avec un étonnant détachement. Je retrouvai mes instincts primaires. Là, c'était juste le plaisir de se déplacer en hauteur. Je passai près de nombreuses personnes, quand deux d'entre elles attirèrent mon œil. La rouquine et le brun discutait à voix basse. 

Je mis un moment à les reconnaître. Mais je finis par mettre le doigt dessus, et me fis discrète en m'asseyant contre le tronc du chêne dans lequel j'étais perchée.

– Tu devrais ne plus y penser, conseilla Marco, frottant son dos d'une main.

– J'essaie, murmura Cathleen, en triturant son manteau.

Une larme perlait au coin de son œil. Elle la chassa rapidement, mais d'autres virent couler le long de ses joues. Je regardais tout ça avec un air complètement indifférent. Une partie de moi, loin derrière, observait cela avec une attention toute particulière. L'autre, ne faisait que regarder.

– Mais elles ne cessent de revenir. Elles me hantent, je ne peux rien y faire, se lamenta la rouquine en reniflant.

– Tu sais pourtant qu'elle ne reviendront jamais. Elles sont toutes les deux mortes, affirma son compagnon, tentant visiblement tant bien que mal de la consoler.

Cathleen se laissa aller dans les bras de son copain, les épaules secouée de soubresauts. 

– Ça me saoule. Tout ça, devoir faire semblant, soupira Cathleen.

– Tout le monde fait semblant. C'est comme ça que ça marche. Tu sais, Shemus doit sûrement être fier de toi là ou il est.

– Tu crois ? murmura la voix cassée de Cathleen, brisée d'un semblant d'espoir.

L'italien hocha la tête. Je décidais de les laisser, cette conversation devenait trop privée pour moi. malgré mon état, j'étais capable de ressentir certaines émotions. Je revins à ma position de départ, c'est à dire le bouleau. Je restai malgré tout dans l'arbre, c'était tellement agréable. 

Je penchai la tête sur le côté, quand je vis l'oiseau noir, au loin, de tout-à-l'heure. Il releva la tête quand je sifflais. Puis il s'envola d'un seul coup, mais pas pour s'enfuir. Non, il atterrit pile en face de mon bouleau. J'eus alors un mouvement instinctif de recul, quand je vis qu'il me fixait de ses yeux rouges.

***

Ce qui clôt ce chapitre ! Je m'excuse de ne pas pouvoir vous offrir une partie plus dense et recherchée, mais étant malade, je n'y arriverais pas ^^'

Enfin bref, qu'est cet oiseau noir à votre avis ? Vous connaissez déjà la réponse, mais je suis impatiente de lire vos théories à ce sujet !

Bonne soirée à ce qui lisent maintenant, bonne journée aux autres ^^

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant