Chapitre 26-3 : Griffures

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Au même moment, je sentis d'un seul coup une main sur mon épaule. Par instinct, je saisis cette main, ouvris les yeux brusquement et mis la personne qui m'avait touché à terre. 

Tout ça en une seconde. 

Je haletai, comme si je venais de courir. Puis soudainement encore, je remarquai que je voyais à travers le fluide. J'entendis un gémissement émaner de la personne que j'avais mise à terre et relâchai ma poigne. 

J'aperçus alors Miller se relever et me fixer avec dans les yeux, me semblait-il, une lueur de peur. Il attendit que je fasse quelque chose. J'enlevai les écouteurs de mes oreilles et me concentrai pour faire redescendre le fluide de mes yeux. 

Je me calmai en respirant tout doucement et enfin je vis de nouveau normalement. Mais il y avait quelque chose que je n'avais pas prévu. Ma vue se brouilla, et je tombai dans les pommes.

Miller m'avait manifestement rattrapé, car je ne sentais aucune douleur. J'étais assise toujours sur le même tronc d'arbre.

– Tu vas bien ? me demanda mon professeur.

– Oui, répondis-je d'une voix enrouée.

Je me raclai la gorge et répétai mon oui. Je devais avoir le visage blanc comme un linge, en tout cas je sentais tout mon sang battre dans le reste de mon corps. Il avait déserté ma tête en un rien de temps.

– Combien de temps... commençai-je.

– Huit minutes et cinquante-neuf secondes, m'informa-t-il. C'est, je pense, le temps pendant lequel tu as utilisé ton fluide, n'est-ce pas ?

– Je ne sais pas vraiment quand est-ce qu'il a démarré, avouai-je. Ni comment, d'ailleurs.

Enfin, j'en avais tout de même une petite idée. Toujours ce garçon. Mais je n'étais pas certaine, alors je ne formulai rien.

– C'était vraiment... étrange, commenta Miller. Pourquoi m'as tu attaqué comme ça ?

– Aucune idée, soupirai-je. J'écoutais de la musique et c'est comme si... comme si des images défilaient devant mes yeux, sans que je ne puisse les voir vraiment, essayai-je d'expliquer en mimant des gestes avec les mains.

La seule image que j'avais pu voir, c'était ces yeux bleus si glacés... ils étaient les mêmes que ceux dans mon rêve, j'en avais comme la certitude. Mais à qui appartenaient-ils ?

– Tu n'as pas l'air d'être très rassurée ici. Je me trompe ?

– Comment ça ? demandai-je, confuse.

– Ta réaction avait l'air plutôt instinctive. Est-ce que tu te sens menacée ?

Je réfléchis à ma réponse, essayant de choisir les bons mots. Entourée de personnes que je ne connaissais pas, dont certaines qui m'avouaient ouvertement leur haine ? Bien sûr que non, je ne me sentais pas menacée ici. Je me sentais menacée partout, même chez moi.

Mais ce n'était pas le même genre de menace.

– Menacée, peut-être... mais en tout cas, ma réaction a été produite toute seule par mon corps. Je n'ai rien contrôlé, c'était en effet, instinctif. Mais peut-être aussi parce que je suis à cran depuis plusieurs jours. Tout arrive d'un seul coup, je suis perdue.

Miller hocha la tête, d'un air compatissant et me montra son poignet. Il était devenu rouge, et il possédait des traces de traits profonds. Je fronçai les sourcils, en réponse il m'indiqua de regarder ma main. Avec appréhension, j'obéis et émis un hoquet de stupeur. 

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant