Chapitre 27-3 : Fuite

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Zéphyr avait évoqué un lien avec mon enlèvement. Evidemment, j'y avais pensé, d'autant plus que les cicatrices de mon dos me faisaient anormalement mal. Sans parler du fait que j'avais l'impression qu'elles grandissaient. Mais je ne pouvais pas savoir si c'était seulement mon imagination ou si vraiment elles changeaient. 

Je me sentis un peu gênée par sa demande, mais j'acceptai. J'enlevai mes quelques couches, laissant mon t-shirt. Puis je le soulevai pour lui montrer mon dos. Quand son regard se posa sur mon dos, je me sentis comme menacée. Je n'aimais pas ce sentiment.

Mes mains me démangeaient, voulant me défendre sans que je ne sache pourquoi je me sentais menacée.

Zéphyr observa mon dos en silence, puis me déclara que c'était bon. Il se retourna et je remis mes couches en place. Le tout n'avait duré que trente secondes. Il ne fit aucune remarque, pourtant, mon instinct était en alerte.

– Je ne m'y connais pas vraiment, déclara-t-il, mais cela ne m'a pas vraiment l'air de cicatrices.

– Comment ça ? répondis-je, perplexe. Explique le fond de ta pensée.

– Des cicatrices, c'est à cause de... comment dire, par une coupure – en l'occurrence très profonde pour des cicatrices pareilles. Et là, ta peau a vraiment été complètement ouverte. Alors, soit ta blessure était vraiment très grave, soit tu as du avoir quelque chose dans ton dos qu'ils ont du enlever, soit c'est une greffe, fit-il en énumérant sur ses doigts.

– Je comprends, mais pourquoi dis-tu que ce ne sont pas des cicatrices ? contredis-je, perdue.

– Ce sont des cicatrices, à n'en pas douter. Mais pas dans le sens où tu te serais fait mal, comme dans un accident. Non, plus dans le sens où cela a été fait exprès. Comme dans le cas d'une greffe. Ce qui me fait penser cela, c'est que tes cicatrices sont beaucoup trop propres, parallèles et droites. Je n'en ai pas la certitude, mais à moins que tu ne te sois fait lacérer le dos par deux lames, alors que tu étais parfaitement perpendiculaire, je ne vois pas comment elles pourraient avoir autant de précision.

La greffe, j'avais émis cette hypothèse plusieurs fois, c'était vrai. Je serrai mes bras, la phrase qu'il avait énoncée me faisait froid dans le dos, en plus d'une autre impression étrange.

– Et je ne pense pas qu'ils t'auraient torturé, tu étais toute petite ! plaisanta le rouquin.

Ce que venait de dire Zéphyr raviva en moi des souvenirs douloureux. Ce rêve, que j'avais si souvent fait, celui où deux lames me lacéraient le dos. Celui où j'avais l'impression de brûler... des frissons parcourent mon dos et je sentis mon cœur s'accélérer. 

Je tremblais. Ma main monta à ma bouche, mes yeux s'écarquillèrent sans que je ne le veuille. Zéphyr prit mon silence pour une affirmation, et il s'alarma.

– Attends, c'est le cas ? s'exclama-t-il, complètement pris par surprise. Je suis désolé, je ne voulais pas...

Mais je ne l'écoutai déjà plus. Des images défilaient devant mes yeux, des images étrangères mais si familières à la fois. Je paniquai, le souffle me manquait. Je commençai à chuchoter des « non » de supplication, puis de plus en plus fort, au point de les crier. 

Zéphyr voulut m'aider, tendit ses bras vers moi. Mais je le repoussai, me sentant agressée. J'activai le fluide. Mon corps brûla en quelques millisecondes. Inconsciemment, quand il voulut une nouvelle fois prendre mes bras pour me calmer, je le repoussai, mais plus violemment. 

Je me levai d'un seul coup, lui balançant un coup de pied retourné. Je le vis s'écraser contre un tronc d'arbre, mais je n'entendis pas le son du choc. Je regardais autour de moi, complètement affolée. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Tout ce que je voyais, c'était ces images. Elles m'effrayaient, faisant ressurgir des souvenirs que je ne voulais pas voir. 

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now