Mutante - Tome 1

Chapitre 26-4 : Rapport

La fureur dans la voix de Miller me fit légèrement sursauter.

– S'il raconte tout... poursuivit-il.

– Il m'a promis de ne rien dire, le coupai-je sur un ton que je voulais assuré.

Ce n'était pas le cas. Ma jambe tapait nerveusement la cadence, le stress montait de plus en plus dans mes veines. Mon cœur accélérait sa course de façon incommensurable. 

– Du moins tant que je lui dis la vérité, poursuivis-je. Et à moins que vous n'ayez une idée, je suis bien contrainte de lui dire.

Les mains sur la nuque, je ne savais que faire. Mon ton était désespéré à présent. Tout allait de travers. J'étais censée me faire discrète, ne pas dire haut et fort que je me transformais en Mutant. 

Miller sembla réfléchir un instant. Je jetai un coup d'œil à ma montre. Plus que cinq minutes avant qu'il ne soit dix-huit heures. Cinq minutes et tout se jouerait, se déciderait.

– Attends, c'est Zéphyr déclara Miller. Si... si je me souviens bien, il déteste son père et son frère par dessus tout. Enfin, ce sont eux qui le détestent. Alors...

– Son père et son frère détestent Zéphyr ? m'exclamai-je, surprise par cette version.

– Oui, une longue histoire. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire. Mais revenons à nos moutons. Si jamais Zéphyr était de notre côté, il pourrait peut-être nous être sacrément utile.

C'était vrai pensais-je. Mais comment pouvais-je lui faire confiance ? S'il balançait tout sur moi, comment ferais-je ? Que ferais-je ? 

Je me voyais déjà fuir au bout du monde, certaine que les Lumen Master me poursuivraient jusqu'au bout. Les faux papiers de ma mère me revinrent en mémoire, elle avait déjà tout prévu depuis des années.

– Bon, laisse-moi lui parler, d'accord ? fit Miller. Je vais essayer de le cerner, voir ce qu'il veut.

Je hochai donc la tête pour la proposition de Miller. Je jetai un coup d'œil à ma montre. Plus qu'une minute. Je me levai avec regrets, j'avais donné rendez-vous à Zéphyr près de l'étang. Je déclarai à Miller qu'il valait mieux que je sois seule au début, et que je l'amènerais ici. 

Mais il me fit promettre de ne rien révéler tant qu'il ne serait pas là. J'acceptai donc, avec une quelque réticence tout de même. J'aviserai en fonction. Je marchai rapidement vers l'étang, avec seulement Caligo sur le dos. Au bout d'une minute qui me parut trop vite passée, j'atteignis l'étendue d'eau. 

Zéphyr y était déjà, pile à l'heure. Je m'arrêtai deux secondes, le temps de reprendre ma respiration. Le stress parcourait toutes mes veines. Le fluide me chatouillait, ne sachant pas pourquoi je m'inquiétais à ce point. Je le retenais, veillant à garder une respiration lente et modérée.

Puis j'avançais vers lui. Zéphyr se retourna en me voyant, le visage impassible, mais les yeux plissés. Je m'efforçais de garder le mien serein et sérieux. Mais le stress me tenaillait.

– Salut, commençai-je.

– Salut.

Un silence se fit entre-nous. Il était pesant, m'écrasant presque la poitrine. Il finit tout de même par le briser.

– Déjà, est-ce que tu comptes-bien me dire la vérité ?

– Comment puis-je savoir, si je peux te faire confiance ? répliquai-je.

– Tu n'as pas vraiment le choix, ricana-t-il doucement.

Il n'avait pas tord. J'étais dans une impasse. Un nouveau silence se fit. Cette fois, ce fut moi qui l'interrompit.