Mutante - Tome 1

Chapitre 35-2 : Demande

– Pardon ? m'exclamai-je, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir.

Elle m'avait vu fouiller dans l'ordinateur ? J'étais sûre qu'elle était beaucoup plus loin ! La bibliothécaire pencha la tête sur le côté, comme si elle n'avait pas entendu ma question. Le stress monta, mais je me forçais à rester sereine.

– Si vous voulez votre livre, demandez à Rilvan. Vous êtes amis, je crois ? poursuivit-elle avec un léger sourire.

J'acquiesçai doucement.

– Allez le trouver, et donnez lui cela s'il vous plaît.

Je pris le trousseau de clés qu'elle me tendait, et tournai rapidement les talons quand elle me congédia. Mon cœur battait la chamade. Qu'avait-elle compris ? Peu importe, il me fallait trouver ce livre. Il résoudrait pas mal de nos problèmes. 

Je cherchais Rilvan des yeux. Il travaillait à la bibliothèque, mais avait seulement quelques années de plus. Notre passion pour la lecture nous avait rapprochés. Il pouvait sûrement m'aider, mais il me fallait quelque chose d'autre en échange... De toute façon, je devais lui donner le trousseau de clés. Minute. Les clés ? Elle m'avait donné les clés de la bibliothèque ! 

Je me retournai, et vis Mme. Riss parler à quelqu'un au loin. Elle se tourna vers moi, et m'adressa un sourire discret. Elle venait de m'aider. Et Rilvan devait savoir quoi faire, puisqu'il fallait que je lui donne le trousseau. Quel lien avait Mme. Riss avec moi ? L'hypothèse la plus plausible était qu'elle connaisse mon père ou ma mère.

A moins que comme Miller, elle ne soit pas vraiment du côté des Lumen Master. Je réfléchirais à cela plus tard. Devais-je user de ce trousseau ? Je ne savais pas où se trouvait la pièce renfermant le livre, cela ne servirait à rien. Peut-être arriverais-je à convaincre Rilvan. 

Je le trouvais dans un coin, en train de pousser un chariot. Il avait dans les vingt-cinq ans, et une personnalité très naïve. Un véritable rat de bibliothèque. Je traînais souvent dans ce bâtiment, pour travailler ou lire. L'odeur des livres était pour moi une véritable bénédiction.

– Rilvan ? l'appelai-je tandis qu'il rangeait des ouvrages sur une étagère.

– Oh, Amy ! s'exclama-t-il en faisant tomber un livre.

Je ramassais le volume de justesse et lui rendis. Il me remercia, et j'essayai de lui parler de ma voix la plus séductrice. Façon de parler, je ne savais évidemment pas faire ça.

– Mme. Riss m'a donné ceci. Et... je me disais que tu pourrais m'aider.

Il prit le trousseau de clés avec interrogation, et le fourra dans sa poche.

– Tu cherches un livre ? supposa-t-il.

J'acquiesçai.

– Quel est le titre ? Si tu veux, on a reçu un roman récemment, sur de la science-fiction, je suis sûr que...

– En fait, ce n'est pas ce genre de livre que je recherche.

Il arrêta sa main, qui était en train de pousser un autre bouquin dans le rayon.

– Un manuel ? supposa-t-il.

Je secouais négativement la tête.

– Il me le faut vraiment. Mais... il est en Scriatés.

Rilvan allait ouvrir la bouche mais se retint. Il balaya nerveusement les alentours du regard.

– Non, désolé je n'en sais rien.

– S'il te plaît ! gémis-je en faisant la moue. C'est très important. Je ne te le demanderai qu'une fois !

Il garda le silence, malgré mes insistances. Je le fixais droit dans les yeux, essayant tant bien que mal de le convaincre. Rilvan parut désolé, mais secoua la tête.