Mutante - Tome 1

Chapitre 19-1 : Marché

Je me dirigeais vers le bac à sable, où m'attendait Miller. Il m'avait dit que l'on ne s'entraînerait qu'à mains nues, pour que je puisse battre Cathleen. Bien sûr, il était toujours sceptique vis-à-vis de ce qui m'était arrivé, mais je lui certifiais que je n'avais plus rien. 

Nous commençâmes à nous entraîner, mais une demi-heure après, il me prit à part sur un banc. Je me désaltérais quand il me déclara avoir discuté avec le directeur Falco de mes yeux. Je faillis m'étrangler en avalant l'eau. 

Quelques gouttes s'échappèrent, je m'essuyai la bouche. Miller me regardait, impassible. Je le regardais aussi, attendant la suite de ce discours.

– Sais-tu quelque chose à propos de tes yeux ? me demanda-t-il.

Je secouai la tête négativement.

– Bon, OK. Il faut que tu saches que le directeur ne voulait pas que je t'en parle, mais je ne suis pas vraiment d'accord avec cette décision, donc... tu garderas ce que je vais te dire secret ?

– Oui, je le vous le promets.

Ma voix fut immédiatement différente, saturée de curiosité.

– Très bien, soupira-t-il. Ce que Mme Neil a fait apparaître avec sa lampe, ce sont les veines qui entourent tes yeux. Donc...

Il me tint exactement le même discours que Lucy. Que cela ressemblait au phénomène du fluide des Mutants. Je fis comme si j'étais surprise. Enfin, c'était un peu le cas puisque cela me donnait la confirmation de ce que Lucy avait déclaré, alors que ce n'était qu'une suspicion.

 J'eus la chair de poule. Moi, j'avais le fluide, comme les Mutants ? Même si je l'avais, ce n'était pas aussi puissant, mais quand même... après les Scriatés, ça ? 

Mais comment pourrais-je l'avoir ? Si je l'avais vraiment ! Mais c'était probable, sinon Mme Neil n'aurait pas fait venir le directeur en personne ! 

Mais quand même... ça paraissait impensable. Irréel.

– Donc voilà, termina-t-il en parlant doucement. Mais... j'ai tenté de te couvrir. J'ai dit que tu m'avais parlé d'une malformation génétique, qui fait que ton cœur pompe à une vitesse anormale. Que ce n'était qu'une coïncidence par rapport au fluide. Ils ont quand même émis l'hypothèse que tu posséderais le fluide, mais elle paraît tellement improbable que Mme. Neil penche plutôt pour ma version. Je pense que le directeur Falco sera convaincu avec le temps.

Miller m'avait couverte ? Mais pourquoi ? Il ne me laissa pas le temps de lui poser la question, me questionnant en premier.

– Maintenant, je veux que tu me dises : tu penses savoir d'où proviendrait cela ?

Je réfléchis deux minutes. Personne n'était au courant de mon enlèvement. Après tout, si cela devait venir de quelque chose, ce serait de là-bas. Ma mère ne m'avait jamais parlé de fluide concernant mon père, j'en déduisis qu'il ne devait pas le posséder. 

Mais ce n'était qu'une supposition. La question était surtout : est-ce que je pouvais faire confiance à Miller ? Il m'avait certes dit que Falco n'avait pas voulu m'informer de leur discussion, mais si c'était une ruse pour me soutirer des informations ?

 Est-ce que le fait qu'il m'ait couverte était un mensonge ? Tout ce que je croyais lire dans ses yeux, c'était de la sincérité. Rien n'indiquait qu'il mentait mais cela ne suffisait pas.

– Qu'est-ce qui me dit que je peux vous faire confiance ? dis-je, le visage impassible, du moins je l'espérais.

Il sourit en rigolant.