Chapitre 34-3 : Concentration

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En ouvrant les yeux, j'émis deux hypothèses. Soit je m'étais endormie après avoir perdu conscience, soit j'avais vraiment activé le fluide pendant trois heures. Ce qui était probable, au vu de la soudaine poussée des os de mon dos. Il était six heures du matin. J'avais encore une bonne heure avant de devoir me lever. 

Je restai assise dans mon lit, maintenant calme, et me remémorais le rêve que j'avais fait. C'était un souvenir. Je me trouvais dans une salle, face à une créature. De toute évidence, ce devait être un Mutant.

Mais ce que je retenais le plus, c'était cet homme. Il avait dit connaître mon père. Je me levais, mon carnet me lorgnant depuis quelques minutes. Je le pris, ainsi qu'avec un crayon. Je notais tout ce que je me souvenais de ce rêve. Je me ensuite mise à faire des croquis. Me revint en mémoire le visage de cette femme. Judithe, c'était comme ça qu'elle s'appelait. J'avais l'air de tenir à elle. 

Une fois le tout fini, je me levai et continuai la traduction du Livre Z. J'avais fait environ un quart. C'était tellement compliqué qu'il fallait deux décodages. Une deuxième traduction que je ferai après avoir terminé la première, en toute logique.

Ces Anciens Scriatés étaient encore plus compliqués que ceux que j'avais pu apercevoir. Les phrases étaient nébuleuses, les noms donnés aussi. Je m'attelai à ma tâche jusque sept heures. Je m'étirais un bon coup, et sortais de ma chambre. La Sphère grouillait de monde, on aurait dit une fourmilière. Examens, J-1. Tout le monde flippait. 

Je descendais dans la salle d'eau, me lavais et attendais Lucy dans le Salon. Je fus agréablement surprise de voir que ses cernes avaient diminué. Elle devait avoir bien dormi. Je lui fis la bise, elle semblait aussi de bonne humeur.

– Ça va ? me demanda-t-elle.

– Oui, enfin... je crois avoir compris quelque chose.

– Quoi donc ? fit-elle, sourcils levés.

– Je te dirai après. D'abord, toi comment vas-tu ?

Lucy haussa les épaules.

– Mieux. Je suppose. En tout cas, j'ai bien dormi. Mais raconte !

Je lui décrivais mes conclusions, elle ouvrit ses yeux en grands.

– Tes crises font pousser tes os. D'un côté, c'est logique. Cela nous prouve que ton fluide est lié à tes cicatrices.

Je hochai la tête. Nous retrouvâmes Zéphyr à la Cantine. Il se baladait en permanence avec ses fiches de révisions. Jamais je ne l'avais vu aussi paniqué. Il les relisait tout le temps, effrayé de ne pas réussir à avoir de bonnes notes. Je découvrais une part insoupçonnée de sa personnalité.

Nous déjeunâmes rapidement, pressés de continuer nos révisions de dernière minute. Nous rejoignîmes Tina, Vladimir et Théophile dans la salle de sport. Au programme, combats ! Deux combattaient, les autres observaient et donnaient des conseils pour s'améliorer. Vladimir affronta Lucy, Tina Zéphyr, et moi je devais affronter Théo. J'échauffai une dernière fois mes épaules, sensibles, et montai sur le ring.

J'avais mis une veste par dessus mon t-shirt, pour être sûre de cacher mes nouveaux... « os ». Il ne manquerait plus que quelqu'un d'autre les voient. Lucy me jeta un regard entendu. Contrôle-toi. Ne laisses pas le fluide prendre le dessus. Reste calme, tu peux le faire. Telles étaient les paroles qu'elle m'avait donné.

Je soufflai un bon coup, et mis mes poings devant moi. Théo me donna l'honneur de me laisser attaquer en premier, ce que je fis. Au bout de quelques tentatives, et surtout d'un coup de pied circulaire, Théo me fit tomber au sol.

– Amy, concentre toi ! s'exaspéra Zéphyr. Tu es ailleurs, ça se voit complètement !

Tina gloussa, et j'eus un sourire.

– Dis-le si tu ne veux pas te battre ! s'exclama-t-elle en se moquant gentiment. Nous on veut s'entraîner.

– Tina, tu ne sais pas ce qui t'attends après ! la menaçai-je en riant.

– Oh mais je veux voir ça ! rétorqua-t-elle en tirant la langue. Va y je t'affronte ! Théo, descends !

Le blond leva les sourcils, exaspéré. Il descendit quand même, et me souhaita un « bonne chance ». Tina se plaça devant moi, prête à en découdre. Elle bondit sur moi, mais je m'écartai à temps. Je m'écartai sur la droite, et lui balançai mon poing dans le ventre. Elle l'évita sans mal et répliqua par un croche pied. Je tombai à terre, bras écartés.

– Tu disais ? fit-elle innocemment, mains dans le dos et sourire aux lèvres.

Je fermai les yeux, me concentrai et me relevai sans prévenir. Je bondis, la contournai très rapidement et la fis basculer en avant, tout en lui bloquant les bras. Gagné ! Tina grogna, je la relâchai. Elle sauta sur ses pieds, et riposta d'un seul coup. Mais je ne me laissais pas faire, je réussis à tout esquiver, et à grimper sur son dos.

Elle perdit l'équilibre, et nous tombâmes toutes les deux en riant. Nous nous relevâmes rapidement, et nous remîmes en position. Tina me cloua une fois de plus au sol, mais resta sur mon dos.

– C'est bon, tu peux me relâcher, lui dis-je, joue collée au sol.

– Pardon, je n'ai pas entendu ? fit-elle innocemment.

– Tu as gagné, soupirai-je en riant. Tu peux me relâcher maintenant ?

Elle le fit, triomphante. Je me relevai et craquai mes doigts. Je sentais que ma joue était toute rouge. Mes amis pouffaient, mais pas aussi discrètement qu'ils le voulaient. Je descendis du ring, laissant la place aux suivants. Lucy monta, voulant affronter Tina, toujours prête à en découdre. Zéphyr s'approcha de moi et me donna une petite tape sur l'épaule.

– Préoccupée ? me souffla-t-il plus bas.

J'acquiesçai, en soupirant longuement

– Mon dos, expliquai-je, les os continuent de pousser.

Zéphyr arqua un sourcil.

– Plus que d'habitude, signifiai-je.

Je lui exposai ma théorie en lien avec le fluide. Zéphyr fixa un point devant lui. Il allait dire quelque chose mais se retint.

– Quoi ? demandai-je. Qu'allais tu dire ?

– Si c'est le cas... tu pourrais accélérer le processus ?

– Non ! m'exclamai-je un peu trop fort.

Théo me jeta un coup d'œil interrogatif, mais je secouai la tête.

– Réfléchis ! objecta Zéphyr. Après les examens, nous avons une semaine de repos. C'est l'une des seules, on pourra enfin se concentrer dessus !

– Mais il y a un hic dans ton plan, le contredis-je.

Zéphyr attendit.

– Je ne peux pas activer le fluide comme ça ! En plus, il faudrait que je l'active pendant des heures et des heures, ce que je ne peux pas contrôler ! En plus, s'il me pousse deux bras, je ne pourrais les cacher !

Je ne réfutais pas entièrement sa proposition. C'est vrai qu'avec la semaine de repos, ce serait plus pratique. Mais nous pourrions aussi attendre la fin du cycle, comme ça je pourrais m'en aller en cas de problème. Les deux propositions se mélangeaient dans mon esprit. Que pourrais-je, que devais-je faire ?

– De plus, peut-être ne l'as tu pas remarqué, continua Zéphyr, mais tes crises ont l'air de plus en plus longues. Et de plus en plus fréquentes. En quelque sorte, ta mutation augmente.

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now