Mutante - Tome 1

Chapitre 21-1 : Trahison

A ces mots, je me retournais et partais. Je descendais en vitesse les marches de l'escalier en colimaçon, en fureur. 

Non mais pour qui il se prenait ? Pourquoi je devrais donner des réponses ? Alors que lui n'en donnait aucunes ! 

Je me rendis compte d'une chose. Falco n'avait pas besoin de réponses si Miller lui avait déjà tout dit. De plus, j'avais parlé des Scriatés à Lopez. 

J'espérais juste que lui tiendrait sa langue. Pour en être certaine, je me dirigeai vers sa classe. J'atterris devant et vis que la salle était vide. 

Lopez était en train d'écrire quelque chose, assis à son bureau. J'entrai en frappant à la porte.

– Ah, Amy ? Que puis-je faire pour toi ?

– Je me demandais juste, vous n'avez pas parlé de ce que je vous ai dit, n'est-ce pas ? demandai-je précipitamment. 

– Non, je te l'avais promis. Et je tiens mes promesses, ne t'inquiète pas. Mais pourquoi me demandes-tu cela ?

– Je... je voulais juste savoir. C'est vraiment important pour moi que cela reste secret. Mais est-ce que vous savez si les autres professeurs le savent, ou le soupçonnent ?

– Pas à ma connaissance. Tu m'excuseras donc Amy, mais j'ai du travail. A moins bien sûr que tu ne veuilles bien m'aider.

– Désolée, j'ai beaucoup de choses à faire.

– D'ailleurs, tu n'es pas censée être en cours ?

– Le cours a été interrompu. Un petit incident, rien de grave, assurai-je.

– Ah bon. Alors, à plus tard.

– Bonne journée, marmonnai-je.

Je sorti de la salle en vitesse et me dirigeais vers la cour. Non, mauvaise idée. Je n'avais pas envie de croiser les regards des autres. 

Je passai par une autre porte et me dirigeai cette fois-ci vers la forêt. Je me dirigeai vers mon petit coin, ce petit étang calme que presque personne ne connaissait. 

Enfin, Jay l'avait déjà investi avec quelques amis plusieurs fois, donc pour le secret, on repassera. Enfin bref, une fois arrivée là-bas, je me trouvai un coin et m'assis contre un arbre. 

Dans la précipitation, je n'avais pris ni Caligo, ni mon sac. J'étais toute seule avec moi-même. Bon sang, pourquoi toutes ces choses m'arrivaient ? 

Je n'avais pas demandé à être enlevée, à pouvoir lire et écrire les Scriatés, ni à posséder ce qui à priori ressemblait au fluide ! D'ailleurs, pourquoi l'avais-je senti quand le gremlin avait usé de son fluide ? 

Si seulement j'avais un moyen de communiquer avec mon père ! Lui aurait sûrement les réponses, j'en étais sûre ! 

Et mes souvenirs, si seulement je pouvais les retrouver ! Je ruminais tous mes problèmes pendant un bon moment, à me casser la tête pour retrouver mes souvenirs, sans y arriver. Je fermai les yeux et essayai de me concentrer. 

Si je le faisais correctement, je pourrais peut-être faire apparaître le fluide. Je me focalisai sur les bruits alentours, comme je l'avais fait la première fois. 

Soudain, un craquement de branche me fit ouvrir les yeux, m'effrayant au passage. Et là, tout m'apparut différemment. Ça y était, j'avais réussi ! 

Je me relevai et vis tout de suite d'où venait ce craquement. Une grande silhouette humaine se tint devant moi, quand ma vision se brouilla. Non, pas maintenant ! 

Le fluide disparut au fur et à mesure, ne laissant place qu'à une vue brouillée. Cela me fit reculer et un énorme mal de tête me fit trébucher. J

'allais tomber dans l'étang quand une main me retint. Je perdis conscience plusieurs secondes, et me retrouvais à terre, sous des yeux bruns inquiets. 

Je vis alors clairement mon prof d'escrime. Miller ! Je me relevai vite, essoufflée comme-si je venais de courir un marathon. Mon mal de tête n'avait pas totalement disparu mais j'avais les idées assez claires pour tenir debout.

– Vous m'avez menti ! m'écriai-je. Vous avez tout raconté !

La colère bouillonnait en moi, et je ne pus retenir quelques jurons que Miller fit semblant de ne pas remarquer.

– Amy, s'il te plaît calme-toi ! Je n'ai rien dit, je le jure.

– Vous mentez ! Comme tous les autres, vous cachez des trucs et j'ai cru pouvoir vous faire confiance !

Miller s'avança vers moi et me prit les deux bras avec une force brutale.

– Amy je n'ai rien dit ! J'ai été tout aussi surpris que toi quand j'ai entendu le directeur poser ces questions ! Maintenant écoute-moi, j'ai quelque chose à te dire.

– Comment je peux vous croire ? dis-je en secouant la tête. Prouvez-moi que vous n'avez rien dit !

Cette question me parut idiote à moi aussi. A part demander à Falco, il ne pouvait pas prouver qu'il n'avait rien dit. Malgré tout, la colère était toujours là et je me dégageai de ses bras.

– Amy, je n'ai rien dit. Je ne trahirai jamais Daniel. Je te promets que je n'ai rien dit. Mais il y a quelqu'un d'autre qui t'as... « trahi ».

– Quoi ? m'exclamai-je. De qui parlez-vous ?

– Les Scriatés.

Je me figeai. Non, pas lui ? Il m'avait promis avec tellement de sincérité !

– Le professeur Lopez nous a dit que tu savais les lire et les écrire. Bien sûr, beaucoup le soupçonnait déjà, ton père avait les mêmes capacités. Tu devais bien te douter que ça ne resterait pas secret longtemps.

– Mais... il m'avait dit qu'il ne dirait rien, protestai-je. Je viens de lui demander il n'y a même pas une heure !

– Amy, je voudrais te dire quelque chose de très important. Ça concerne ton père et les professeurs. Ainsi que le directeur. Ce que je veux te dire est censé rester secret, je ne devrais pas te le révéler.

– Que voulez-vous dire ? fis-je, un peu calmée mais toujours avec un goût amer dans la bouche.

– Je veux te dire tout ce que je sais, tout ce que les professeurs et le directeur Falco m'ont dit. Toutes les informations.

– Pourquoi voulez-vous m'aider ? questionnai-je, méfiante.

– Parce que je veux autant que toi découvrir la vérité. Les Lumen Master nous cachent beaucoup de choses, je le sais. Mais il s'agit-là de quelque chose de vraiment... étrange. Ce qui t'arrive, je voudrais aussi savoir d'où est-ce que ça vient. Contrairement aux autres professeurs, je ne viens pas d'une famille aisée où tout est facile. Je suis né dans la rue et j'ai appris à me débrouiller seul. Si ton père n'avait pas été là, je ne sais même pas si je serais encore en vie. Donc, c'est ma façon de le remercier, en t'aidant.

Miller attendit ma réponse. Que pouvais-je faire ? Si je lui faisais confiance, c'était au risque qu'il me mente et informe Falco de ce que j'aurais dit. Mais après ce qu'il m'avait donné... d'ailleurs, comment être sûre que ce qu'il m'avait donné provient bien de mon père ?

OK, j'avais ma condition.

– Prouvez-moi que vous avez vraiment connu mon père.