Mutante - Tome 1

Chapitre 38-4 : Commencement

Falco murmura quelques mots au professeur qui nous avait guidé, puis s'en alla vers une porte. Celle-ci était encastrée dans un mur, surmonté d'une boursouflure. En y regardant de plus près, je compris que c'était en fait une sorte de cabine, ou de poste d'observation. J'imaginais que l'on voyait tout ce qui se passait de là. Là ou se trouvaient ceux pouvant décider de notre avenir, en quelque sorte. 

Je me demandais au passage, si c'était ici que nous devrions affronter le Mutant en fin de cycle. Je remarquais alors un autre mur dans le fond, qui lui contenait une immense grille. Le Mutant allait sûrement venir de là.

La forêt était un peu construite comme un couloir, une allée était dégagée entre tous les arbres jusqu'à la grille. Comme un podium pour que le Mutant, s'il sortait de là, puisse défiler jusqu'à nous. Cela me donna un frisson. Je continuai d'observer mon environnement quand la voix du professeur interrompit mes pensées.

– Très bien, alors cet examen est très simple. Vous allez avoir un coffre, expliqua-t-il en brandissant ladite boite.

Elle avait l'air sacrément lourde, et faisait la taille de mon avant-bras, niveau hauteur. Ça allait être plus un poids qu'autre chose.

– Cette boite, vous devez la remettre là-bas, continua-t-il en désignant un renfoncement, un mètre au dessus de la grille, où nous pouvions également apercevoir une femme. Une Lumen Warrior vous attendra pour réceptionner le colis.

Mais... si le Mutant sortait bien de cet endroit, comment pourrions-nous faire ? Mince, c'est vrai que les autres n'en savaient rien. Et puis, rien ne me garantissait qu'il allait sortir de là. Enfin, si. L'odeur. Depuis quelques minutes, une forte odeur... d'excréments provenait de là. Et j'avais de plus en plus l'impression que nous nous trouvions dans une cage. Peut-être était-ce ici qu'ils gardaient les Mutants. 

Les autres ne semblaient pas avoir remarqué la forte senteur pestilentielle. Normal, ils devaient penser que c'était la terre, ou les plantes. Ils ne se doutaient pas qu'il y avait là-bas une créature sanguinaire. Sanguinaire ? Elle ne l'était peut-être pas. Faire ami-ami avec des Mutants, tu rêves un peu trop, Amy.

Le toit suggérait que cela pouvait très bien être une créature de type vol. De toute manière quelque soit son type, elle ne pourrait pas s'enfuir de toute façon. Mais si c'était bien un type vol, dans ce cas-là, je pourrais peut-être communiquer avec elle... Non ! Il ne fallait surtout pas que ce soit un type vol. Sinon, les profs remarqueraient que quelque chose n'allait pas. Pitié, que ce soit un Mutant de type terre. S'il vous plaît.

Le professeur nous donna encore quelques indications, comme que nous pouvions utiliser tous les moyens que nous voulions. C'était sûr, ils n'allaient pas nous restreindre si nous tombions face à un Mutant. Cela semblait simple comme bonjour. Mais il y avait forcément un piège. Mes camarades avaient l'air plus sereins. Il ne s'attendaient pas à ce qui allait sortir. Je sautillai presque sur place. Nous nous regardions, chaque élève essayant de discerner ce qui nous attendait.

Le professeur remit la boite à Nami, et sortit par la même porte que Falco. La seule difficulté semblait être d'atteindre le renfoncement. Je me tournai vers mes compagnons, dans le but d'élaborer un plan. Ils avaient tout de même l'air plus confus que moi. Cela leur semblait également trop facile, après réflexion. Nous nous regardions, attendant que quelqu'un émette une proposition. Ce fut la jeune fille brune qui le fit en premier.

– Bien, déclara Brit, à nous de jouer. Ce trou est très haut, mais je pense qu'avec les lianes alentours, on a moyen de se balancer. Une autre idée ?

– C'est trop simple, marmonna Nami en fixant la boite. Quelque chose ne va pas.

– C'est peut-être fait exprès ? suggéra Achille. Justement pour que l'on croie que c'est compliqué.

– Il n'a pas tort, concéda Brit. C'est peut-être juste pour tester notre agilité ou je ne sais quoi.

– Ou alors ça va se compliquer après, supposa Nami. On ne sait pas ce qu'il y a derrière ce trou.

– Croyez-moi, cela va être compliqué, s'esclaffa Abel, qui jusque là était resté silencieux.

– Qu'est-ce que tu racontes encore, le crétin ? s'exclama Brit, posant ses mains sur ses hanches tout en lui lançant un regard mauvais.

– Vous n'avez qu'à vous retourner, répondit-il nonchalamment en haussant les épaules.

Ce que nous fîmes. Alors que nous pensions que rien n'avait changé, je compris également ce qu'Abel voulait dire. Comment l'avait-il senti ? Je le regardai, interloquée. Il eut un sourire en coin en voyant mon visage. Ce que je trouvais de plus en plus étrange. Je laissai ce comportement de côté et me concentrai sur la grille en dessous du trou. Elle commençait tout doucement à s'élever, et je sentais déjà une forte odeur de putréfaction. Ce Mutant était en décomposition ou quoi ?

Sous nos cris de stupeur, six yeux rouges apparurent, et la créature souffla par ses immenses trompes. Le sol en trembla presque. Sur ses défenses, on apercevait des traces de sang. Il venait de se nourrir, ou de chasser s'il en avait la possibilité. La créature avança d'un pas lent, et émit un son strident. Je fis rapidement l'analyse dans ma tête. 

Airavata, Mutant provenant d'un éléphant. Il avait trois têtes, et quatre défenses pour chaque tête. Ce qui nous dénombrait douze défenses. Il portait son nom à l'aide de la religion hindouiste, mais n'avait pas exactement les même caractéristiques physiques. Il présentait tout de même de grandes similitudes, d'où le rapprochement. Dans la religion, il n'as pas autant de défenses, mais ce Mutant si. 

Il était de type eau et roche, niveau 4, 10 minutes de fluide maximum. Mais il n'était pas un niveau 4 à proprement parler, plutôt vers un 3. Mais il réussissait à maintenir son fluide bien plus longtemps qu'un niveau 3, d'où cette classification. En soi, il n'était pas aussi dangereux que la manticore. Cela avait un côté rassurant, mais j'avais peur malgré tout.

L'odeur de putréfaction qui s'en dégageait me taraudait. Comme si... il avait été blessé. Je n'étais pas une experte, mais blesser un Mutant revenait à commencer sa disparition en poussière écarlate. Cependant, on venait de le nourrir. Étrange, cette façon de faire. L'un de ses pas fit presque trembler le sol, nous faisant reculer par réflexe. 

Il était immensément imposant, faisant minimum cinq mètres à tout casser. Après avoir analysé tout cela, je jetai un regard vers mes compagnons. Ils étaient beaucoup plus effrayés que moi. Sauf un. Déconcertée, je le fixais quelques instants, yeux écarquillés. Il me lança un sourire narquois, et se frotta les mains.

– Ça commence, ricana Abel en frappant sur ses cuisses.

Le Mutant s'avança alors, se rendant compte que nous étions là. Dans un souffle commun, il nous projeta contre le mur.

***

Chapitre 38 terminé ! Vous l'avez compris, le prochain chapitre sera la grande épreuve ! Alors, comment vont s'en sortir nos personnages à votre avis ? A vos claviers ! ^^