Chapitre 40-4 : Soupçons

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– Tu veux que j'y aille ? demanda son ami.

– Non, ça va Riad.

Le garçon hocha la tête, et me proposa une place.

– Non merci, refusai-je en souriant. Je voulais juste savoir, vous allez tous bien ? Je veux dire, après avoir déposé le coffre.

– Tu veux dire, après que tu fasses ta belle au bois dormant ? se moqua Abel. Enfin, c'est vrai que niveau belle ce n'est pas le même nive... aïe !

Je lui avais donné une tape sur la tête, et lui et son ami s'esclaffèrent. Je levai les yeux au ciel, excédée par le comportement du garçon à la peau mate. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire à sa moquerie. Abel était tout de même sympa dans le fond. J'ai bien dit dans le fond.

– Alors ? m'impatientai-je faussement. Si tu ne veux pas me répondre, dit le franchement !

– Assieds-toi alors. De toute façon, tu comptais manger avec qui ?

Juste pour le plaisir de le défier, je posais mon plateau mais ne m'asseyais pas. Ce fut au tour d'Abel de lever les yeux au ciel, et au mien de rire. Pour une fois que c'était lui l'exaspéré !

– Assieds-toi et fais pas chier ! s'exclama Abel en me tirant vers la table.

Son contact m'électrisa, je n'avais pas l'habitude d'être aussi proche avec des gens que je connaissais à peine. Enfin, je n'avais pas non plus des tonnes de proches. Abel était très familier avec moi, alors que nous nous étions jamais vraiment rapprochés. L'épreuve avait forgé de sacrés liens en peu de temps. 

Cela me fit plaisir quand même, j'avais eu tellement de rares amis ! Tout ça à cause de mes yeux. Ils faisaient fuir la plupart des gens. Bon, c'est vrai, mon côté impulsif n'y était pas innocent non plus. Je m'asseyais donc en face de Riad, qui mâchouillait un bout de pain.

– Pour répondre à ta question, Achille était inconscient, mais il a fait un tour à l'infirmerie et est reparti. Pareil pour Nami. Brit et moi sommes restés un peu plus longtemps, le Mutant nous a fait tomber et nous nous étions cassés chacun un os. En tout cas, c'est toi qui est restée à l'infirmerie le plus longtemps.

– Que s'est-il passé juste après avoir mis la boite dans le trou ? demandai-je en mangeant une cuillère de céréales.

– Eh bien, les profs sont intervenus. Ils ont vu que tu étais partie te cacher, et que tu étais tombée dans les pommes telle une fille courageuse (je lui donnai un coup de coude, il ria), et que nous ne nous en sortions plus vraiment. En gros, ils ont stoppé le Mutant, et nous sommes partis. Maintenant, à toi de me répondre, comment tu as fait pour éviter les balayages de la trompe de l'airavata ? Tu étais blessée, ce n'étais pas humain ce que tu as fait !

Ma bonne humeur baissa d'un seul coup. Et voilà, on en revenait au même point, je devais lui mentir. Je tentai une explication maladroite.

– L'élixir de Brit m'empêchait d'avoir mal, et j'ai fais beaucoup de gym. Et j'ai eu beaucoup de chance, c'est tout, éludai-je ne hochant les épaules.

Abel ne fut pas du tout convaincu par mes propos, ce qui ne m'étonna pas. Il était intelligent, et savait que quelque chose clochait. Je ne lui laissai pas le temps de poser d'autres questions. Je pris mon plateau et leur souhaitais bonne journée avec un faux sourire que je détestais. Riad et Abel durent être vexés par mon comportement, je ne pouvais pas leur en vouloir. 

Mais je ne souhaitais vraiment pas devoir mentir encore une fois, encore la même rengaine.

Je sortis de la Cantine et retournai dans ma Sphère. J'allai toquer à la chambre de Lucy, pour voir si elle était réveillée. Ce fut le cas, car elle m'ouvrit la porte avec un grand sourire. Elle sauta sur moi, et je l'enlaçai en retour.

– Enfin tu ne pionces plus ! s'exclama-t-elle.

– Moi aussi je suis contente de te voir, gloussai-je.

Elle s'écarta de moi et soupira un bon coup.

– J'ai eu peur, quand j'ai su que tu étais inconsciente à l'infirmerie.

– Les profs ne m'auraient pas laissé mourir ! la rassurai-je.

– Tu sais bien que je ne parle pas de ça, me fit-elle avec sérieux.

Ce fut à mon tour de soupirer longuement. Lucy prit ma main et me la serra en soutien. Nous descendîmes dans le Salon, et nous posâmes dans un canapé.

– Alors ? lui demandai-je en me redressant face à elle.

Elle se mit aussi en face de moi, une jambe pliée sur le canapé et l'autre se balançant dans le vide.

– Ton examen, comment ça s'est passé ?

– C'était horrible ! s'exclama ma meilleure amie en renversant exagérément sa tête en arrière. Nous étions cinq, que des gens que je ne connaissais pas. On était jamais d'accord, et à chaque fois que je proposais un plan, personne ne voulait m'entendre ! Soi-disant parce que j'étais la plus faible.

Elle avait dit cela amèrement. Je compris qu'à cause de son petit corps frêle, on ne la prenait pas au sérieux. Mais il suffisait de connaître son caractère pour voir qu'elle n'avait nullement besoin qu'on la protège ou ignore, et qu'elle savait parfaitement se défendre.

– Et j'étais la seule fille, donc aucune chance, se lamenta ma meilleure amie en triturant le tissu du canapé.

– S'ils ne t'ont pas écoutés, c'est juste qu'ils sont stupides, la rassurai-je en lui tapotant le genou. C'est toi qui fait les meilleurs plans !

– J'espère que tu as raison, souffla Lucy. J'avais beau m'énerver, personne ne m'écoutait. Donc, on a du récupérer une sorte de grand bâton, je ne sais pas trop ce que c'était, mais en tout cela pesait son poids ! Et là, bam, un Mutant ! Là, les mecs ont moins fait les fiers ! Bon, moi aussi j'ai flippé, mais ils m'ont enfin pris un minimum en considération. Ce Mutant c'était un bunyip, une créature d'eau mélange entre lion, ours et un grand poisson, vraiment très bizarre. Il nous empêchait de récupérer le bâton, mais au bout d'un moment, on a enfin réussi à l'avoir ! Le problème, c'est qu'après il fallait le remettre à une personne à l'autre bout du terrain, et ça on a pas eu le temps.

– Mais vos efforts seront quand même observés, dis-je pour la déstresser un peu.

– Il n'y a plus qu'à attendre les résultats pour le savoir. Et toi alors ? Comment ça s'est passé ?

Je lui décrivis en quelques mots mon examen, elle me morigéna quand j'en vins au passage où j'utilisais le fluide.

– Tu savais pourtant que c'était trop risqué !

– Je sais, soupirai-je. Mais ça nous a permis de réussir, et je ne me suis pas faite prendre. C'est le principal.

Lucy secoua la tête, à la fois amusée et indignée par mon comportement irresponsable. Nous étions impatients de connaître les résultats des examens, et le stress était toujours présent. Mais ce que j'attendais moi, c'était surtout le retour de Miller. Nous pourrions peut-être visiter le sous-sol ! Même si une désagréable sensation se dégageait de cette visite.

***

Et voilà le chapitre 40 qui arrive à son terme ! Comme vous pouvez vous en douter, la visite du sous-sol est pour bientôt, reste à savoir ce qu'il s'y cache...

En tout cas, bon courage pour ceux qui ont encore des épreuves à passer !

Mutante - Tome 1Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα