Chapitre 40-1 : Apeurée

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Nami et Brit partirent les premières, puis Achille, couvert par Abel derrière. Je les suivis beaucoup plus lentement, même si je savais que le Mutant ne pouvait plus nous voir. Je ne tenais pas à aggraver mes blessures, il me fallait garder mon énergie. Je me faufilai entre les branchages, ragaillardie par l'adrénaline et insensible aux douleurs grâce à l'élixir de Brit.

Il ne me fallut pas plus de cinq minutes pour avoir une vue bien plus dégagée. Le Mutant restait stoïque, signe qu'il ne nous avait pas du tout entendu. Je décidai de prendre de la hauteur pour avoir une meilleure visibilité. Mais les arbres alentours n'avaient pas de branches assez basses. 

Mince, comment pouvais-je faire ? Puis dans un élan de folie, je fixai mes mains. J'avais repris Caligo dans ma main, m'aidant d'elle comme d'un bâton de montagne. Je la remis sur mon dos, et me concentrai sur mes doigts.

Je tentai d'imaginer des griffes sortir à la place des ongles. Puisque je ne ressentais plus trop la douleur, autant en profiter pour sortir les griffes. Sans mauvais jeu de mots. Je canalisai toute mon attention sur mes mains, et contractai mes doigts en les bougeant. Mais rien ne vint. Je soupirai longuement, décidant que m'acharner ne ferait que perdre du temps. Pour une fois que ça m'aurait été utile.

Je continuai donc de m'immiscer à travers les feuillages, quand enfin je tombai dans l'allée. Le Mutant se trouvait à plusieurs mètres de moi, complètement immobile. Il tanguait presque. Je scrutai les environs à la recherche de mes compagnons, et trouvai Achille prêt à sauter d'une branche. 

Je trouvai aussi le renfoncement de la paroi avec le Lumen Warrior. Il se situait non loin de l'airavata, pour notre plus grand bonheur. J'observais en tant que spectatrice, dans tous les cas cela n'aurait servi à rien que j'intervienne. Je ne pouvais que prier pour que le tout marche.

Achille s'élança donc, et atterrit sur le dos du Mutant dès le premier coup. Nous avions gagné ! Je me sentais soulagée, quand d'un seul coup, le Mutant jusque là resté immobile, s'activa. Pas énormément, mais assez pour faire tomber Achille, le coffre avec. Merde ! Achille glissa le long du dos de la créature, et atterrit lourdement sur le sol. Je me précipitai vers lui comme je le pus, mais fut devancée par Brit bondissant sur lui. Elle le prit sur son dos comme un sac de pomme de terre et le ramena à l'abri.

La créature commença alors à se retourner, et une de ses immenses trompes balaya le sol. Je l'évitai de justesse, roulant à terre sur le côté. Ce mouvement me valut une slave de picotements dans le dos, comme ci celui-ci me le faisait payer. Merde ! Merde ! Merde ! 

Je me relevai comme je pus, et cherchai le coffre des yeux. Il se trouvait au pied de la bête, intact. Je me rendis compte que l'airavata restait au même endroit, alors qu'il aurait pu aisément nous écraser. Je compris qu'il n'avait pas récupéré toutes ses forces, donc il ne pouvait bouger que ses têtes.

Tout n'était peut-être pas perdu ! Je hurlai à pleins poumons ce que j'avais compris, ne sachant pas ou se trouvaient Nami et Abel. Brit me rejoignit, le souffle coupé.

– Tu crois ? demanda-t-elle en vitesse. On peut encore faire quelque chose alors !

Je secouai frénétiquement la tête. Oui, mais quoi ?

– Achille ? m'inquiétai-je.

– Ça va, il est inconscient, mais pas de blessures visibles. J'espère qu'il n'y a rien d'interne.

Je hochai la tête tout en continuant de réfléchir.

– Si j'arrive à éloigner le Mutant, tu es capable de grimper et déposer la boite ? lui demandai-je.

Brit parut hésitante.

– Je... je ne sais pas, Amy. Si je n'y arrive pas, tout sera fichu. Mieux vaut que ce soit quelqu'un d'autre qui essaie. Je peux t'aider à l'immobiliser, par contre.

Je réfléchis en vitesse, Brit en fit de même.

– D'accord, qui est capable de le faire ?

Nous nous regardâmes et parlâmes en même temps.

– Abel. Nami ne pourra pas, elle est trop petite. Mais Abel a peut-être une chance. Il faut le retrouver, déclara Brit.

Le garçon se trouvait de l'autre côté, perché sur une branche. Il était à l'endroit où Achille avait sauté. Visiblement, il m'avait également entendu et attendait une ouverture pour passer. Nami se trouvait derrière, elle avait l'air désespérée. C'était son idée à base. Elle devait imaginer l'horreur si Achille était blessé, ou pire.

– Avant tout, il faut d'abord récupérer le coffre, dis-je en regardant Brit.

Elle hocha la tête et prit une de ses cordes.

– Tu penses y arriver avec ça ? demandai-je, incertaine.

Elle me fit un sourire en coin, et s'approcha à pas de loup du Mutant. Il ne bougeait pas les pattes et ne voyait rien. Tout recelait dans la discrétion. Brit lança soudainement son lasso et rata son coup. Je serrai le poing brusquement, obsédée par ce foutu coffre. Brit réessaya une deuxième fois, mais le loupa encore. Heureusement le Mutant ne la voyait toujours pas. 

Elle retenta une troisième fois, et le réussit ! Je l'entendis pousser une exclamation de victoire, et elle tira de toutes ses forces sur le coffre. Mais le bruit de la boite traînée par le sol attira le Mutant, qui balaya une nouvelle fois le sol avec un de ses trompes.

– NON ! hurlai-je sans le vouloir.

Je me précipitai vers Brit, mais trébuchai sous le coup de la douleur. Merde ! Je ne pouvais rien faire ! Alors une lame gigantesque traversa la trompe de l'airavata, qui poussa un gémissement de douleur. Abel surgit des fourrés, talonné par Nami. Celle-ci ramassa le coffre et Abel prit Brit dans ses bras. 

Ils revinrent en quelque secondes près de moi, Brit encore sonnée. Je me relevai le plus vite possible, et nous nous cachâmes derrière les branchages. Brit paraissait apeurée, les yeux grands ouverts.

– Brit, qu'as-tu ? lui demandai-je, inquiète.

– Je... la trompe s'est abattue juste devant moi, je... j'ai cru que j'allais mourir, gémit-elle.

Je l'enlaçai, consciente qu'elle pensait que sa dernière heure était arrivée.

– Comment va Achille ? demanda brusquement Nami.

Je tentai de la rassurer, Brit en fit de même.

– On fait quoi ? demanda nerveusement Abel. Amy, tu as un plan ?

Je le regardais, lui signifiant que ça n'allait pas lui plaire.

– La seule chose que je peux te proposer, c'est que je distraie le Mutant. Que j'arrive à le faire avancer, et que toi tu t'occupes de la boite.

Il fronça les sourcils, semblant réfléchir, mais secoua immédiatement la tête.

– Merde ! pesta Abel. C'est n'importe quoi, tu n'y arriveras pas ! En plus, si le Mutant peut avancer ça veut dire qu'il peut attaquer. Il nous faut autre chose !

Mais quoi ? Nous n'avions rien, rien ! Si seulement je n'avais pas ces foutues blessures, je pourrais même utiliser le fluide et... même comme ça cela semblait impossible.

– Ou alors on réessaie le plan, suggéra Nami. Je vais le tenter. L'airavata ne bouge toujours pas les pattes, on a encore une chance, non ?

– Non, tu feras comme Achille, contredit Abel. Merde, merde, merde ! On a pas le temps pour trouver un plan, le Mutant va retrouver toutes ses capacités !

Nous avions besoin d'aide. Bordel ! pestais-je encore contre moi-même. Je tentai vainement d'appeler l'ababil, mais je n'eus aucune réponse. Bien sûr, la serre devait être ultra-sécurisée.

– OK, pas le choix, dis-je. Je vais attirer l'attention du Mutant sur moi. Nami, Brit et Abel vous tentez de mettre ce foutu coffre dans le trou !

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now