Chapitre 24-2 : Papa

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Je poussai un cri de victoire plus fort que je ne l'aurai voulu. J'espérais ne pas avoir réveillé mes voisines. Je me mordis la lèvre d'excitation et un sourire illuminant mon visage, j'entrepris de voir ce qui apparaissait.

En fait, c'était similaire à la façon dont marche la lumière ultraviolette. Cela me rappela les films policiers dans lesquels ils voyaient du sang grâce à cette même lumière. Je suivis les inscriptions du bout des doigts et eus du mal à les lire.

C'était de l'Ancien Scriaté. La même chose que ce que m'avait montré Lopez. Les écritures impossibles à déchiffrer si on ne savait pas lire les Scriatés naturellement. Je fronçai les sourcils et essayai de traduire.

Puis en y arrivant, je compris que c'était des fiches de Livre D. Elles étaient organisées de la même façon que le reste du livre. Je vis alors quelque chose d'horrible. 

Chaque fiche parlait d'un livre qui contenait au choix des armes de destructions massives, des maladies contagieuses capables d'exterminer une population entière en quelques jours, ou encore comment soumettre quelqu'un à sa volonté.

J'eus froid dans le dos rien qu'en voyant les résumés. Je tournai les pages en tremblant, m'attendant à découvrir de plus en plus de choses effroyables. Mais ma curiosité maladive l'emporta. Je tournai la page, me demandant de quel type de livre il s'agissait, sur la fiche dont mon père avait arraché un bout.

Je maintins la lampe de façon à voir la page entière mais rien n'apparut. J'inclinais la lampe de tous les côtés mais rien ne se passait. Sauf en bas de la page, sur le morceau que mon père avait arraché. Il n'y avait qu'un seul mot qui était, je le sentais, de l'écriture de mon père. 

Sang.

Ce seul mot provoqua des frissons dans tout mon corps. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi ce mot « sang » ? Il résonna dans mon crâne et tout cela m'embrouilla l'esprit. Bon sang, il ne pouvait pas laisser un mot avec les instructions ?

Du genre « Éteins la lumière pour voir ce qui est écrit et pour cette page, il faut du... » Minute. Le sang. Qu'est-ce qui a déjà utilisé du sang ? Je vis la tête de Miller devant moi. Ton instinct est puissant. Il te suffit d'emmagasiner les informations pour que ton instinct analyse et trouve la solution.

Les paroles de Miller résonnaient en moi. Il m'avait dit que la lame de Caligo fonctionnait telle une détection génétique et que l'épée coupait celui qui la touchait pour voir si la personne était autorisée à la manier. 

Et si c'était la même chose pour la page ? Je passai ma main sur la page, mais elle ne me brûlait pas ni ne me blessait.

Je regardai Caligo, enlevai son fourreau et la posai sur la page. Rien non plus. Et si... je dégainai le petit couteau et touchai prudemment la lame. Comme l'épée, une goutte de sang perla. 

Tremblante encore, je déposai la goutte de sang sur la page.

La feuille absorba la goutte en un instant et je poussai un cri d'exclamation. Des lignes rouges partirent de l'endroit où la goutte était tombée, pour s'éparpiller sur toute la page. Je portais mon doigt à mes lèvres, le doigt picotant.

J'attendais encore et encore que quelque chose apparaisse. Enfin, des signes apparurent. Mais pas en entier. Je réfléchis, me creusant la tête. Mais oui ! Je fis couler un peu plus le sang, sur les quatre coins de la page. Et là elle fut remplie d'écritures.

Je n'avais pas besoin de la lampe alors je l'éteignais. Mon cœur battait la chamade devant cette découverte. Je tentai de déchiffrer les Scriatés inscrits. 

Ce fut encore plus dur qu'avec les autres, mais quand je réussis à lire Livre Z, je n'eus plus de doute.

Toute la page était composée de l'écriture de mon père, contrairement aux autres où elle était plus calligraphiée. Là également, c'était une écriture rapide, signe qu'il l'avait fait rapidement. La seule lettre qui me mettait sur une piste était Z.

Sur les autres fiches, il était noté Livre D médical, Livre D sur les armes de courte portée. Alors que là, il n'était noté que Livre Z, purement et simplement. Et il y avait une annotation à côté Titre subjectif.

Ce qui m'indiquait que c'était mon père qui avait donné ce titre. Je parcourus la page à la recherche d'autres notations. Je vis en bas un gros paragraphe gribouillé et désordonné, où le premier mot était mon prénom.

Je portais ma main à ma bouche pour réprimer un cri. Les larmes commençaient à jaillir quand je vis le mot, le premier mot que mon père m'avait adressé.

Amy,

Tu as donc réussi à traduire tout cela. Je savais que tu avais mon don. Je ne sais pas où je suis pendant que tu lis ces lignes. Peut-être suis-je mort. Je ne l'espère pas. J'ai demandé à ce brave Luca Küng, le fils du libraire, un de mes fervents admirateurs de te transmettre ce livre. J'espère qu'il se porte bien.

J'eus une pincée au cœur en pensant au libraire décédé, Luca. Cela m'attrista encore plus quand je compris que c'était peut-être à cause de mon père, et de moi. Je regrettais de ne pas lui avoir demandé des informations.

Son cadavre me revint en mémoire, des frissons d'horreur me parcoururent et j'eus la chair de poule. Et si j'étais restée, peut-être ne serait-il pas mort... Je pleurais déjà mais je n'essayais pas de refouler mes larmes. Elles devaient sortir. Je continuai de lire le mot en ayant du mal à déglutir.

J'aimerais tellement pouvoir tout te dire. Mais de peur que tout cela tombe entre de mauvaises mains, je ne pourrais pas tout te dévoiler. Bien qu'il soit sûrement difficile de traduire tout ça. 

J'ai une vieille amie, Roxanne, à qui j'ai appris à lire les Scriatés. Je ne sais pas si j'ai bien fait, j'étais encore insouciant à cette époque. Je pensais que les Scriatés devaient être connus de tous. C'était avant que je ne parte pour cette mission. 

Ah oui, la mission. Cette mission de rang Z. La mission impossible et la plus ancienne de toutes. Personne n'a jamais réussi à la réaliser. Je ne suis pas le premier à la tenter, mais j'espère réussir, j'ai des connaissances que les autres n'ont pas. N'en veux pas à Mélissa. Elle ne sait rien de tout ça. 

Si tu veux des informations, seul Esteban Arrano pourra te les fournir. Mais il ne parlera pas facilement. Surtout si c'est toi. On se déteste. A une époque, on était déjà tous en conflit, même s'il avait un faible pour Mélissa. Comme son frère. Qu'est-ce qu'elle est belle ta mère ! Je me demande si tu lui ressembles. Quand je suis parti, tu avais les yeux noirs, comme moi quand j'étais petit. Mais ta bouille ressemblait à Mel bébé. Si tu la vois, dis-lui bien que je l'aime comme je t'aime, pour toujours. Rien ne pourra arrêter cela. 

Bref. Amy, j'aimerais tellement te voir. Si je ne suis pas rentré à la maison et que je ne communique plus, c'est qu'il m'est arrivé quelque chose. Mais je ne veux pas que tu cherches tout ça. C'est tellement dangereux et un père ne veut pas que sa fille se mette en danger. Mais j'ai bien peur de ne jamais réussir cette mission. 

Amy, si tu te lances là-dedans comme moi, attends toi à avoir beaucoup d'ennuis sur ton chemin. J'ai fait ce livre pour t'aider, j'espère qu'il te sera utile. Ce que je cherche est inscrit ici. Mais quand je parle d'ennuis, ce sont aussi bien les Ombres que les Lumières et... Ne fais confiance à personne. Pose-toi des questions, tout le temps. C'est comme ça que tu avanceras.

Je t'aime. De tout mon cœur et de toute mon âme. Prends soin de Mélissa.

Papa.

*** 

Je sais, je suis en retard ! *se protège* 

Je m'excuse, j'ai eu des petits soucis pour gérer mon temps hier, mais le chapitre est quand même publié aujourd'hui ! 

Alors, qu e pensez-vous de cette partie ? Du père d'Amy ? Dites-moi tout !

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now