Chapitre 43-3 : Aide

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Par instinct de survie, quand je vis sa queue venir me frapper, je sautais en reculant. Mal m'en prit, je me ramassai lamentablement par terre, occasionnant de nouvelles douleurs, dans le coccyx cette fois.

Et merde ! Le serpent de mer fut rejoint par la hyène, qui s'arrêta à son côté. Elle poussa un horrible son déformé, auquel le serpent de mer répondit par un sifflement. Mais il se passait quoi à la fin ! La hyène se dirigea vers moi, alors que le serpent de mer reculait, se stoppant peu avant la paroi. La hyène avança doucement, et commença à me tourner autour, telle la proie que j'étais à ses yeux. 

Je paniquais de plus en plus, mais une partie de moi était toujours dans le flou. Je tentai de reculer frénétiquement, toujours à terre. La hyène avança aussi, et sauta sur moi. Dans mon état, jamais je ne ferai le poids face à elle !

Je fermai les yeux, tentai de désactiver le fluide. Si je m'évanouissais, j'aurais moins mal. Je me réveillerai peut-être normale. Oui, c'était lâche, mais c'était tout ce que j'avais. Pitié, allez, sombre dans l'inconscience ! Mais le fluide n'en faisait qu'à sa tête, et je ne pus le désactiver. Je me roulai en boule sur le côté, persuadée que mon heure était arrivée. Toutes ces souffrances pour cela. 

La hyène s'approcha de moi encore, lentement. Elle prenait plaisir à me torturer, à faire planer la mort au dessus de moi ! J'aurais pu être en colère, mais le désespoir s'était emparé de mon âme. La créature poussa plusieurs grognements, très bas, à peine perceptibles. A l'aide ! 

La hyène fut alors projetée vers le fond, alors que le noir apparut devant mes yeux.


Je suis dans la cantine, complètement excitée. Je suis impatiente de demander au garçon s'il va pouvoir me faire rentrer chez moi, j'y pense constamment depuis hier. Je ne veux plus parler au monsieur barbu, ni à Rishi. Je ne veux pas que l'on me fasse cette greffe, je leur ai dit très clairement. 

Seule Judithe peut m'arracher quelques mots. Mais c'est uniquement parce qu'elle m'a dit qu'elle non plus, elle n'aime pas cette idée. Quand lui ai demandé de les empêcher de faire ça, elle m'a dit que ce n'était pas son métier. Elle veille simplement à ce que j'aille bien, que je sois éduquée. J'ai compris qu'elle avait essayé d'empêcher la greffe, mais qu'elle n'en avait pas le pouvoir.

C'est elle qui me fait le plus de câlins. Elle me sourit toujours, et n'est jamais triste. Mais je vois bien des fois, quand elle parle aux docteurs, parfois elle se fâche avec eux. Et quand je lui demande pourquoi, elle me fait un grand sourire et me répond que ce sont des problèmes de grands. Ce qui me gêne le plus, ce n'est pas qu'elle me cache les problèmes. 

Mais elle me ment en disant que tout va bien, alors que dans ses yeux perlent des larmes. Son sourire aussi, je sais distinguer quand il est faux et quand il est vrai.

Dans ce dernier cas, elle a une petite fossette sur sa joue gauche. Je n'aime pas quand les adultes me mentent, soi disant parce que je suis trop petite. Il y a peut-être des choses que je ne comprends pas, mais me mentir n'est pas bien non plus ! 

J'étais contente de savoir que Judithe ne voulait pas non plus cette greffe, mais savoir qu'elle ne pouvait rien y faire m'avait aussi fait mal. Elle m'avait répondu qu'il fallait attendre, que ça irait mieux demain. Là je vais un peu mieux, mais uniquement parce que je sais que le garçon est là aujourd'hui.

Il me l'a promis, et a même dit qu'il me rapporterait un cadeau ! J'ai eu quatre ans ! Judithe m'avait dit que ma maman viendrait aussi le fêter avec nous, mais sa maladie s'est aggravée, alors elle n'a pas pu. Je lui ai parlé deux fois depuis que je suis ici, par téléphone. Elle avait une voix bizarre, et je n'ai pas pu lui parler plus d'une minute. Je n'avais pas l'impression que c'était elle. 

Rishi m'a expliqué que sa maladie lui provoquait des dodos très long, pendant plusieurs mois des fois. Et si sa voix était bizarre, c'était à cause de sa maladie. Elle me répétait tout le long des conversations « Je t'aime, je t'aime, je t'aime. » Rien d'autre.

Elle ne peut pas se déplacer pour le moment, mais Rishi m'a affirmé qu'elle le pourra de nouveau dans quelques années. Mais je ne sais pas combien. Je voulais aller la voir dans son hôpital, mais je n'ai pas le droit non plus à cause de ma maladie. Je ne suis pas sortie d'ici depuis longtemps. Il y a quand même un grand jardin ouvert, au milieu de tous les bâtiments. 

J'ai beau me sentir bien ici, en plus l'école c'est Judithe qui me l'a fait, ma maman me manque beaucoup.

J'ai quand même quelques amis que je vois de temps en temps, mais c'est lui que je préfère. Je n'ai pas encore commencé de manger mes céréales, je l'attends. Judithe, assise à côté de moi m'a déjà grondé plusieurs fois, mais je l'ai ignoré. La cantine est très grande, avec des tables pour les plus grands et pour les plus petits. Je suis assise aux dernières, près de la porte. 

Alors un écran à côté s'allume soudainement, et mon excitation redouble. Judithe se lève et va vers la porte. Elle pose sa main sur l'écran et la porte s'ouvre. Un flot d'enfants entre, tous viennent s'installer à table. Une petite fille rousse s'installe à côté de moi, elle est un tout petit peu plus jeune. Elle a une tache de naissance derrière son oreille, c'est joli.

Il entre enfin, avec son calme habituel. Il est toujours très posé, très sérieux. Mais malgré ça, il respire la joie, en tout cas avec moi. Je lui fais un grand signe de la main, et il se retourne quand je l'appelle. Quand il me voit, un sourire immense se dessine sur son visage, il vient alors vers moi. Il s'assied en face, et je saute littéralement sur ma chaise.

– Coucou ! me salue-t-il.

Je suis trop contente pour répondre clairement, je bafoue un petit mot. Il jette un coup d'œil à mon assiette et fronce les sourcils. Je mange immédiatement mes céréales, les gobant plus qu'autre chose. Il lève ses yeux bleus au ciel, et soupire en riant. Quand j'ai fini, et que Judithe a fait l'appel, nous allons tous en classe. Zut, je ne pourrais pas lui parler maintenant ! Je décide d'attendre ce soir, que nous soyons dans la salle de jeux.

La journée passe très lentement, trop lentement. Je le vois ce midi, mais pas longtemps puisque lui mange avec les grands. Enfin, quand Judithe me raccompagne à la salle de jeux, je suis soulagée. Quand le monsieur barbu m'a dit bonjour ce midi, je l'ai ignoré. Le garçon m'a demandé pourquoi, je lui ai dit que je lui expliquerai ce soir. Au moins j'étais sûre qu'il viendrait. 

Je dessine une fleur quand il vient vers moi. Il me propose d'aller dans le château gonflable, j'accepte et le suis. Il me tends alors une petite boite, emballée dans du papier vert. Toute excitée, je l'ouvre, et découvre un grand ruban azur. Adam me l'attache dans les cheveux, et je le remercie plein de fois. 

Une fois la joie passée, son visage devient sérieux. Comme les adultes.

– Alors ? Pourquoi fais-tu la tête ?

Je lui explique rapidement qu'ils veulent m'implanter un bout d'animal, et lui aussi semble horrifié. Mais moins que moi tout de même.

– Je ne peux rien faire, je suis désolé. Je ne peux pas les en empêcher.

– Tu peux m'emmener avec toi ! je l'implore.

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now