Chapitre 39-3 : Temps

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Nous étions en danger de mort dans l'arbre, si nous tombions nous nous fracasserons le crâne contre le sol ! Je me rendis compte alors d'autre chose. Si le Mutant m'en voulait à moi, je pouvais le distraire assez longtemps pour que les autres passent et donnent la boite ! Ce fut au tour de Brit de m'aider à me lever.

– On descend de l'arbre et on va beaucoup plus loin ! ordonna Brit.

– Non ! m'exclamai-je quand la brune voulut m'aider.

Ils me regardèrent tous, interloqués.

– On a pas le temps, merde ! jura Abel.

– Écoutez-moi ! m'exclamai-je. Le Mutant veut ma peau, à moi ! Je vais le distraire, alors en même temps partez, et déposez la boite !

– Dis pas n'importe quoi ! cria Brit, presque furieuse. Pourquoi toi ? Qui te dit que ce n'est pas la boite qu'il veut ?! Et puis on ne vas pas te laisser crever pour un foutu examen !

Son raisonnement était juste. Et je n'allais pas leur dire que j'attirais les Mutants comme un aimant. Ce serait leur révéler ma partie mutante. Fais chier. Je me mordis la lèvre, ne sachant pas quoi faire.

– Ça vaut le coup d'essayer ! tentais-je quand même, les fixant tour à tour. J'arrive à peine à marcher, je ne pourrais pas vous aider ! Alors prenez la boite et barrez-vous !

Je vis Achille et Nami se regarder, ne sachant pas quoi faire. Abel souffla un grand coup, et me fixa dans les yeux. Il fronça les sourcils, comme hésitant. Qu'allait-il encore nous sortir celui-là ?

– Vous êtes tous stupides, déclara-t-il.

Brit lui jetai un regard meurtrier. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Bientôt, s'il continuait, ça allait sérieusement barder entre ces deux-là. Enfin, c'était un peu le cas avec tout le monde, avec les remarques d'Abel. Le tact était un terme inconnu chez lui.

– Vous n'avez toujours pas compris ? Le but de cet exercice n'est pas d'évaluer vos capacités, mais surtout de voir si vous avez un minimum d'esprit d'équipe ! Les profs insistent sur ça depuis le début de l'année ! C'est évident !

C'est vrai que ça avait du sens. Voilà pourquoi nous étions avec des inconnus. Nous devions apprendre à faire confiance directement. Je plaignais les personnes ayant Marco ou Cathleen dans leur groupe. Les professeurs devaient sûrement analyser notre façon de faire, qui était le meneur, etc. 

Mais nous ne pouvions pas rester ensemble quand même. Et je ne pouvais pas bouger correctement. Surtout que mon dos en rajoutait, décidant qu'il était temps que je mute. Cette pensée me fit rire de désespoir, ce qui interrogea mes compagnons. Je du leur paraître un peu folle, et me ressaisis mollement.

– Il doit avoir raison, fit Nami d'une voix un peu timide. Mais que devons nous faire alors ? Amy, tu n'arrives plus à bouger correctement...

Sa phrase fut interrompue par un tremblement. Il nous fallait descendre, maintenant ! Je n'eus pas besoin de formuler ma pensée, nous agîmes en même temps. Brit et Achille m'aidèrent, tandis que Nami et Abel – portant le coffre – partaient en avant pour dégager un chemin à travers tous les branchages. Une fois à terre, nous nous enfonçâmes dans les broussailles, évitant les racines au maximum.

Nous marchâmes pendant un moment, pour finalement s'arrêter, planqués derrière un autre arbre. Nous jetâmes un coup d'œil, et virent que le Mutant s'était stoppé. Il nous avait perdu de vue, et tentai de nous retrouver. Mon cœur battait à cent-à-l'heure et ma respiration était saccadée. Je me forçais à rester calme, à ignorer aussi bien mon angoisse que ma douleur. Nami nous chuchota à l'oreille.

– Il faut lui faire croire que l'on est prêt de son nid, il se ruera dessus, et nous laissera tranquille un petit moment. Les airavatas tiennent trop à leurs nids.

– Comment ? interrogea Achille.

– Viens avec moi, dit-elle simplement. Vous autres, ne faîtes pas un bruit.

Sur ces mots, Nami grimpa rapidement et se faufila entre les branches, Achille sur les talons. Dans mon cas, je tentai de comprendre les dégâts de mon corps. Mon dos avait quasiment tout pris, et je pensais avoir quelque chose de cassé. Maintenant que l'adrénaline était partie, je commençais sérieusement à avoir mal, et ne pus m'empêcher d'émettre un gémissement. Brit le remarqua et fouilla dans sa poche. Elle me passa une fiole, et m'ordonna de la boire.

– Je savais que ça servirait, soupira-t-elle.

– C'est quoi ? demanda Abel en fronçant les sourcils.

– Un élixir contre la douleur. Ça ne répare rien, mais tu devrais avoir moins mal.

J'étais déjà bien shootée avec les médocs de Mme. Neil, alors je refusai. Je ne savais pas ce que le mélange des deux pouvait faire.

– Ne fais pas ta chochotte ! s'exclama Brit.

Je lui expliquai rapidement, et elle leva les yeux au ciel.

– Ne t'inquiète pas, c'est un élixir universel. Il peut aller avec n'importe quel médicament. Après si tu préfères souffrir c'est ton choix !

Une douleur lancinante me força à accepter, et j'avalais la substance... hideuse. Répugnante. Pourquoi les médicaments avaient toujours un goût horrible ? Je sentis immédiatement le liquide se répandre dans mon estomac, et la douleur diminua instantanément. De la sueur perlait sur mon front, je tremblais presque. J'avais beau avoir moins mal, les blessures restaient là. 

J'entendis soudainement le Mutant foncer vers l'opposé de notre position, c'est-à-dire vers son nid. Nami et Achille avaient réussi ! Ceux-ci arrivèrent en trombe, et s'affalèrent à nos côtés.

– Comment vous avez fait ? demanda Brit, étonnée.

– On a beaucoup tiré au même endroit, il a cru que c'était nous, expliqua Nami avec une certaine fierté.

– Il ne faut pas oublier que les Mutants sont relativement peu intelligents, remarqua Achille.

Pas tous, songeais-je en pensant à l'ababil. Mais je me retins bien de le dire. Je me rappelai que nous n'avions pas tout notre temps.

– Combien de temps s'est déroulé depuis que tu es venu me chercher ? demandai-je brusquement à Abel.

– Je ne sais pas, un peu plus que dix minutes je dirais. Pourquoi ? questionna-t-il, soupçonneux.

– Il faut agir maintenant ! m'exclamai-je en me redressant, ce qui me valut une douleur au coccyx.

Le Mutant avait activé son fluide avant que je ne m'évanouisse, donc il l'avait activé depuis un long moment.

– C'est bon, il nous reste du temps ! s'exclama Brit. Il doit rester plus d'une demi-heure, ça va aller !

– Non ! contredis-je. Il faut agir quand le Mutant n'utiliseras plus son fluide, c'est notre seule chance !

Mes compagnons écarquillèrent les yeux, et me fixèrent la bouche ouverte. Oups.

– Je l'ai vu l'utiliser quand il m'a projeté contre le mur, me justifiai-je comme je le pouvais.

– Tu rigoles ? s'exclama Brit. C'est impossible à déceler !

– Si ! protestai-je. Faites-moi confiance !

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now